lIs accusent deux ans de travail sans salaire.
La sérénité n’est plus de mise chez le personnel bénévole de l’hôpital provincial de Maroua. Ces derniers se plaignent du mauvais traitement à eux infligés par la direction de l’hôpital. Ils soutiennent avoir passé 24 mois de dur boulot dans cette formation sanitaire sans salaire, ni motivation. Ils menacent de déposer les blouses si le directeur, le Dr Aboubakar Sadjo, ne se penche pas sur leur situation. "Deux ans sans salaire ni motivation, c’est quand même inhumain. Le directeur pense que l’on vit comment ? Pourtant on voit comment l’argent rentre dans les caisses de l’hôpital", fulmine un infirmier. Cela fait deux bonnes années que ces 40 infirmiers et aides-soignants formés ont été engagés par la direction en qualité de stagiaires pour certains et bénévoles pour d’autres.
Ils y exercent de jour et de nuit comme les autres personnels de l’hôpital. Mais les mesures d’accompagnement ne suivent pas. Dans l’espoir d’un lendemain meilleur, ces jeunes n’ont jamais levé le petit doigt pour crier leur misère. Chacun est allé de sa petite stratégie pour contourner les difficultés. "Nous jouons sur nos relations personnelles et nous proposons des suivis à domicile moyennant quelque chose à certains patients démunis. Ce n’est que comme ça que l’on s’en sort", avoue une aide-soignante. D’autres versent pratiquement dans l’arnaque des malades. "Les stagiaires et les bénévoles se postent devant la régie financière de l’hôpital pour intercepter les malades, leur proposer des prix abordables et en font leurs propres patients. L’argent qu’ils devraient y payer tombe ainsi dans les poches des bénévoles", se plaint un cadre de l’hôpital provincial.
Manque de personnel
"Depuis qu’on nous a engagés, il n’y a eu aucune concertation avec la direction, ne serait-ce que pour nous encourager, nous donner espoir ou nous fixer sur notre sort. C’est vrai que nous sommes des bénévoles, mais au bout de deux ans, lorsqu’on est ainsi clochardisé, on nous expose aux actes de corruption et d’arnaque de toutes sortes", clame un autre infirmier. Les concertations se poursuivent en coulisse chez ce personnel qui étudie les voies et moyens pour amener le directeur à s’occuper de leur cas.
A la direction, on justifie ce délaissement par le manque de moyens financiers pouvant permettre leur prise en solde. L’heure est plutôt à la recherche de solutions. "Ce sont des bénévoles et ils doivent le prendre comme tel. Quand on est bénévole, on n’est pas astreint à un salaire. C’est du volontariat et ils sont libres de partir où et quand ils veulent", justifie un médecin. Une solution qui n’appelle pas à l’apaisement dans cet hôpital où il y un manque criard de personnel.