Yaoundé :
C’est dans ce quartier que les démolisseurs de la Communauté urbaine se sont rendus hier.
Parfait Tabapsi (Stagiaire)
Il y avait foule hier au quartier Emombo à Yaoundé. Au lieu dit carrefour du marché, les populations étaient sorties nombreuses pour "voir " les engins de la Communauté urbaine procéder à la destruction des habitations en bordure de la voie principale qui traverse la zone. " Ils sont arrivés vers dix heures et ont commencé seulement à détruire ", commente un témoin. " Ils sont venus sans nous avertir ", renchérit de suite un autre. Tout près, et des deux côtés de la voie, ceux dont les propriétés ont souffert du passage des " hommes de Tsimi " s’affairent à récupérer ce qui peut encore l’être. Des bruits de marteau et de tôle donnent l’impression d’un chantier au paroxysme de son activité.
Plus loin, l’unique engin commis à la besogne travaille à détruire les nombreuses cases avec l’assentiment visible des riverains qui ne manquent pas de frapper dans les mains et d’accompagner chaque chute de charpente de cris de joie en levant les bras vers le ciel. Si les victimes pour la plupart se mettent aux récupérations sans hausser le ton, il y en a tout de même qui sont indignés : " Je ne comprends pas pourquoi ils me cassent et laissent mon voisin.
Voyez vous-mêmes comment sa maison est plus avancée que la mienne. Ils me cassent parce que je n’ai personne dans ce pays. Mais Dieu va les récompenser de leur travail. Si nous sommes tous irrespectueux de la loi, nous devons tous être détruits. C’est ça qui me fait mal ". Ce à quoi répond un autre arguant que " tu ne sais pas qu’il y a des intouchables ici ? Qui te connaît dans ce pays? "
Au niveau du carrefour qui jouxte le marché Emombo, l’engin semble prendre une pause. Le propriétaire du bar situé en arrière de la station d’essence a pu arracher l’indulgence des " hommes de Tsimi " afin de sauver " quelques affaires " ; ce que lui accorde ces derniers. Pas pour longtemps, car déjà les brisures des tôles résonnent, confondus aux cris des badauds. Il se trouve tout de même quelqu’un pour demander : " maintenant qu’on a cassé tous ces gens, que vont-ils faire ? Voilà de futurs chômeurs qu’on envoie dans les rues et quand ils vont commencer à brûler, on va dire que la jeunesse ne respecte rien ".
Têtus
Ernest Ché quant à lui est loin de tout cela. Les forces lui manquent visiblement pour réagir. " J’ai acheté ce kiosque il y a seulement deux mois à 200.000 Fcfa pour faire la coiffure. J’ai payé six mois de loyer à 30.000 Fcfa. Je me disais que j’allais rentrer dans mes frais bientôt puisque les choses commençaient déjà à marcher. Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? " Pas loin de là la tenancière de " Christine bar "n’a visiblement pas de soucis. " Les Camerounais sont trop têtus ! Le père Tsimi est passé ici depuis pour avertir les gens, et comme d’habitude, les gens pensaient qu’il n’allait rien faire. Moi j’ai enlevé la cabane qui était devant mon bar et voilà qu’ils sont passés sans m’inquiéter. Je pense qu’il est temps que nous commençons à respecter l’autorité".
Au niveau de Fokou Emombo, certains propriétaires de locaux, anticipant sur l’arrivée de l’engin, ont décidé de procéder au sauvetage des tôles. " Si nous ne faisons pas comme ça, comment on va faire pour vivre demain mon frère ? Mieux quelqu’un sauve ce qui va l’aider à s’installer ailleurs demain ". Déjà, l’engin se rapproche, précédé et suivi par une foule qui ne cesse de s’agrandir. Bientôt, des bâtiments vont s’écrouler. Pour ce qui est de demain, un riverain dit simplement qu’il s’agit là d’un " autre jour. On verra. On prendra le temps de réfléchir pour trouver ce qu’on peut faire ". Déjà, l’engin fonce en direction de son prochain objectif dans un nuage de poussière !
mboasawa
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