La séance plénière de vendredi dernier n’a pas réservé le meilleur accueil au projet de loi du président Paul Biya.

C’est dire de l’ambiance de marché qui a régné à l’hémicycle vendredi après midi, où tout est parti d’une question introduite par le député James Bujung Bede. L’élu du social democratic front (Sdf) de la circonscription de la Mezam Nord interpellait l’Assemblée nationale sur le " traitement subit " par un des leurs. " Il y a trois semaines, notre collègue Jean Michel Nintcheu a été arrêté, menotté, son passeport a été saisi… Depuis lors, rien n’a été fait et nous faisons comme si tout était normal. Ceci est arrivé à mon collègue, ceci peut m’arriver, ceci peut arriver à chacun d’entre nous. Il faut qu’une solution soit trouvée… ", a-t-il martelé.
Pris sur le fait, le président de l’Assemblée nationale ne s’est pour autant pas laissé démonter : " Ce genre d’interventions doit être signalé au président de l’Assemblée nationale. L’avez-vous signalé ? Si votre président de groupe (Joseph Banadzem, ndlr) m’en avait parlé, je lui aurais répondu. M. Banadzem sait très bien ce qu’il m’a dit. Je lui ai dit aussi ce que je pense de cette affaire… Nous savons ce qui s’est passé. Votre président de groupe est venu me voir avec le Vice président (de l’Assemblée nationale, ndlr) Mbah Ndam. Ce n’est pas à vous que je dois la réponse, Monsieur", répondra un Djibril Cavaye Yeguie qui commençait à sortir de ses gonds.
Joseph Banadzem montera au créneau pour exposer sa version de l’affaire. Pour le président du groupe parlementaire Sdf, il était question d’une rencontre entre le président de la Chambre et le président de la République pour apporter une solution au problème de Jean Michel Nintcheu. On en était encore là que Joseph Mbah Ndam est monté à la tribune après avoir introduit une motion d’ordre pour exiger que l’Assemblée nationale se penche sur le projet de révision de la constitution, en lieu et place des questions orales au Gouvernement.
Pour le Vice-président de la Chambre, il n’est pas question de faire passer ce projet en catimini comme est tenté de le faire le groupe majoritaire Rdpc. Joseph Mbah Ndam expose en fait les dissensions qui ont émaillé les travaux de la Conférence des présidents qui se sont tenus quelques minutes auparavant, et au cours desquels les représentants du Sdf ont claqué la porte. C’est à ce moment que les 15 élus du Sdf vont envahir la tribune, empêchant que ceux des élus qui avaient des questions à poser aux ministres puissent le faire.
Une difficulté que le président de la Chambre va contourner en utilisant l’espace réservé aux présidents des commissions lors des discussions en plénière. Ce sera peine perdue. Le député Rdpc de la Mefou et Akono, Marie Rose Nguini Effa qui voulait interpeller le chef du Gouvernement, aura du mal à se faire entendre au milieu du brouhaha occasionné par les élus du
Sdf. Suzanne Mbomback, le ministre de la Promotion de la femme et de la famille, qui devait répondre à la préoccupation ne quittera même pas son siège quand elle sera appelée à le faire par le président de l’Assemblée nationale.
Suivra ensuite le tour d’Hermine Patricia Ndam Njoya. Le député Udc du Noun appellera simplement ses pairs à observer une minute de silence en la mémoire d’Abdoul Kadri Bello, le député Rdpc du Djerem décédé la veille. C’est à ce moment que Cavaye Yeguie Djibril se fera fort de lui rappeler qu’il est le président de l’Assemblée nationale, et que c’est lui et de donner lecture des deux projets de lois déposés la veille par le président de la République dont celui portant modification de la constitution de 1972. Avant de lever la séance, sans autre forme de procès.