Inondations à Yaoundé : trois morts et près de 500 sans-abri
La forte pluie de vendredi dernier a touché au moins 200 foyers au quartier Nkolbisson, dans la périphérie de la capitale.
On aurait dit un fleuve. Sur plus de 700 mètres, de part et d’autres, des maisons à moitié englouties par les eaux, des voitures qui flottent. Ici, un frigo a été sauvé. Là, un canapé mouillé. Au loin, une cuisinière et un matelas. Pas plus. Des populations, au regard livide, n’ont pas besoin de dessiner leur désespoir. Il se lit. On n’avait jamais vu cela ici. L’eau était partout aux lieux dits Ekorozok et Nkoumassi vendredi dernier, après l’orage qui s’est abattu sur Yaoundé, entre 10h30 et 14h.
Christiane Edoa, élève de Première A4 au lycée classique de Nkolbisson est inquiète pour ses examens. « Tous mes cahiers et mes livres ont été emportés par la pluie. C’est tout ce que je pleure.» La jeune fille, aux pieds boueux a été rencontrée, désemparée, autour de 15h30 vendredi dernier, quelques heures après le déluge. Elle raconte : « J’étais couchée, tout en lisant mes cours. Il pleuvait très fortement. Tout à coup, j’ai vu comment le mur de notre voisine s’est effondré, ainsi que la clôture de notre maison. L’eau est venue de partout. On a seulement eu le temps de fuir ». Tout à côté, c’est Christelle Mbata, qui tient ferment les couches de son fils. Voilà tout ce qu’elle a pu sauver dans son domicile. La conversation engagée, un autre sinistré, Engelbert Eyebe surgit. Il est au bord des larmes et ne cesse de répéter qu’il a perdu son téléviseur, sa minichaîne, ses chaises, et tous ses appareils électroménagers.
Tsoungui Pierre, 22 ans, et Effa Raphaël, 48 ans, et un bébé sur qui on a peu d’informations, n’ont pas eu beaucoup de chance. Jusqu’à samedi après-midi, ce sont les seuls décès signalés au cours de cette inondation monstre. Le premier, qui se trouvait hors de Nkolbisson avant les inondations a simplement essayé d’aller sauver ce qui pouvait encore l’être à son domicile. « Il nous a appelé pour savoir si ça allait, nous avons répondu par l’affirmative, témoigne sa sœur. Mais il s’est inquiété pour les appareils, et a essayé d’aller voir, en contournant par derrière la maison. C’est ce matin [samedi, NDLR] que nous l’avons découvert, mort ». Le second a simplement été surpris par la remontée des eaux, alors que la pluie avait cessé. Son corps a été découvert samedi, vers 9h. Le bébé, lui, a aussi été découvert mort par les sapeurs pompiers.
Et jusqu’à hier, on s’interrogeait toujours dans le quartier. Comment en est-on arrivé là « C’est la nouvelle buse qu’on a installée, il y a peu, plus petite, dans le cadre des travaux sur l’échangeur, qui ne facilite pas la circulation de l’eau », pointe un habitant du quartier. Atterré, Gilbert Tsimi Evouna le délégué du gouvernement venu sur les lieux du sinistre, parle plutôt d’un refoulement des eaux par la Mefou. Les sapeurs-pompiers, la Direction de la Protection civile, le maire de Yaoundé VII et le ministre Suzanne Mbomback viennent aux nouvelles. Tout en s’activant pour trouver un toit et nourrir les plus de 350 personnes qui ont vu leurs maisons inondées et leur équipement emporté par les eaux.
Alain TCHAKOUNTE
mboasawa
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