Campagne humanitaire pour les prisonniers de février
Des défenseurs des droits humains lancent une pétition pour une amnistie ce 20 mai.
Jean Baptiste Ketchateng
Nous sommes tous croyants ! Nous n’aurions jamais dû accepter de voir Dieu sorti de la Constitution, comme cela s’est fait en 1996. Pauline Biyong qui préside la Ligue pour l’éducation de la femme et de l’enfant parlait ainsi jeudi lors du lancement à la maison Don Bosco de la Communauté salésienne, de la campagne humanitaire " Main tendue " en faveur du millier de jeunes gens interpellés en février dernier, durant l’insurrection populaire qui a secoué le grand sud du Cameroun.
Les organisateurs de cette campagne avaient en effet souscrit au programme d’une table ronde qui se tenait là sur le thème du regard que les croyants camerounais peuvent porter sur les événements de février, à la lumière des saintes écritures. Et chacun des participants s’est largement penché sur les réponses religieuses que les croyants pourraient donner au problème social que les émeutes de février ont posé. " Même quand il y a de la casse, l’on ne peut ignorer qu’il y a du bon dans les hommes et les femmes qui vivent dans ce pays ", a par exemple déclaré le prêtre Jean-Baptiste Béraud.
Mais en attendant que Dieu revienne éventuellement dans la Constitution, ou alors qu’il touche le cœur des hommes qui dirigent le Cameroun afin qu’ils ne se perdent point comme l’a souhaité Doubla Avaly, professeur d’université mais surtout fervent musulman, les centaines de jeunes interpellés en février et condamnés au cours de procès express début mars ont été recensés. Patrice Nganang, écrivain camerounais installé aux Etats-Unis où il est également enseignant, indique que des premiers soutiens financiers ont déjà été envoyés pour des cas aussi connus que Joe la Conscience, l’artiste interpellé au cours d’une grève de la faim contre la modification de la Constitution.
" Pour les autres, le millier d’anonymes qui souffrent de la faim, du manque de soins, supplie Mouafo Djontu, activiste des droits de l’homme et co-organisateur de la campagne, nous appelons les âmes de bonne volonté à faire ce qu’elles peuvent pour venir en aide aux jeunes. " La " Main tendue" comporte en fait un éventail d’aides que les bienfaiteurs pourraient apporter. Qu’il s’agisse d’un soutien moral aux prisonniers, d’un engagement à plaider auprès des autorités morales, diplomatiques ou des défenseurs des droits de l’homme, ou encore de vivres, de médicaments ou d’argent.
Mais le plus important semble être l’engagement à travers une pétition à demander la libération le 20 mai prochain, des jeunes interpellés. En écrivant à l’adresse collectifmaintendue@yahoo.fr. Cela permettra-t-il de fêter l’ "unité nationale " dans une ambiance de réconciliation ? Seules les autorités camerounaises vers lesquelles ces appels sont lancés pourront le dire. Une chose est sûre, par contre, selon Doubla Avaly. C’est que février constituait un avertissement. " C’est un signal ! " dira-t-il en soulignant que le " Cameroun est comme un réacteur chimique prêt à exploser si on ne met pas un terme à la corruption, au chômage des jeunes notamment, au détournement des deniers publics, à la pauvreté endémique. "
mboasawa
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