La double rupture de la fourniture d’électricité et d’eau expose les populations aux épidemies.
Dieudonné Gaïbaï
Il ne fait pas bon vivre dans la province de l’Extrême-Nord depuis mardi dernier. Et pour cause, l’arrêt subit de la fourniture de l’énergie électrique a engendré une rupture de la fourniture en eau dans les ménages, suscitant des tensions dans les points publics d’approvisionnement en eau. Hier matin, 15 mai 2008, dès cinq heures, les forages ont été pris d’assaut par des femmes et jeunes munis de gourdes, bidons et récipients de toutes sortes. A Domayo, au lieu dit Marché Comice, une bagarre oppose des femmes qui visiblement n’apprécient pas qu’elles aient été devancées au niveau du forage par des personnes arrivés après.
Non loin de là, le forage de l’hôtel le Sahel alimenté par un groupe électrogène permet à une meute de femmes de se faire servir de l’eau. Ici, le personnel opère des discriminations qui fâchent quelques garçons qui souhaitent se rendre à l’école après avoir obtenu le précieux liquide dont la qualité à en croire Hassana Patrice de la délégation provinciale de l’eau et de l’énergie est douteuse. Ici encore laisse entendre Bouba Tchoudé du quartier Palar, "il y a des gens qui ont la possibilité d’avoir des forages. En zone rurale, ce n’est pas assez évident"laisse entendre ce paysan. Dans les recoins de la ville de Maroua en effet, les populations qui étaient habituées à acheter de l’eau chez les "pousseurs" sont obligés de parcourir de nombreux kilomètres pour obtenir de l’eau.
Grève Cette situation est à tout le moins déconcertante pour Hadja Issa du quartier Missingueléo. Pour elle, "nous avons été obligés d’aller puiser l’eau dans les puits du quartier qui ne sont malheureusement pas entretenus. Ces puits se sont asséchés ce matin et en l’absence de moyens pour aller en ville, nous nous sommes en compagnie de nos voisins rabattus vers les mayos. On procède simplement à la javellisation de l’eau pour la boire et préparer." Pour autant, les risques d’épidemies restent grands en cette période de reprise des plus. Si dans les quartiers on multiplie les stratégies pour obtenir de l’eau, à la prison centrale de Maroua, les pensionnaires ont failli entrer en grève mercredi soir. Face à la persistance de la pénurie en eau, les prisonniers ont entretenu une grogne qui a alerté les responsables en charge de l’administration pénitentiaire.
Le parquet général a été mis à contribution. Avec le concours des sapeurs pompiers et des particuliers, le problème de l’approvisionnement en eau de la prison a été résolu. Dans le même temps, à la Camerounaise des Eaux, on s’emploie à multiplier les stratégies pour restaurer dans les brefs délais la fourniture en eau. Les groupes électrogènes qui ont été loués par la Camerounaise des eaux sont arrivés hier en début d’après-midi à Maroua. Les techniciens s’emploient à faire fonctionner les stations de pompage et de traitement de l’eau de la province.
Mais au moment où on mettait sous presse, l’eau n’était pas encore de retour dans les ménages. A Aes Sonel, les équipes sont sur le terrain nous rassure t’on. Des équipes de renfort ont été dépêchées par la direction générale. Rien n’indique cependant que l’électricité sera de retour ce vendredi dans l’Extrême-Nord.