Fête nationale : Entre rumeurs et psychose


Des annonces de réajustements ministériels et le souvenir des émeutes de février ont marqué le défilé à Yaoundé.
Jean Francis Belibi

Elles y sont allées chacune de son couplet, les six sections Rdpc du Mfoundi, dans leurs exhortations en faveur d'un renouvellement de mandat à la tête de l'Etat du Cameroun pour leur président national au cours du défilé civil où, comme à l'accoutumée, le parti au pouvoir a tenu à opérer une démonstration de force au milieu de la vingtaine de formations politiques qui a pris part au défilé hier. " Paul Biya encore 100 ans " pour les plus généreuses, " Paul Biya encore 20 ans " pour les autres ou " Paul Biya encore 7 ans " pour celles qui se voulaient plus réalistes. Un défilé au cours duquel il a tout de même régné une ambiance quelque peu pesante. Les populations n'ont pas eu droit au traditionnel tour qu'effectue d'habitude le chef de l'Etat au niveau de la Poste centrale dans une voiture découverte. A peine la revue des troupes à pied terminée, Paul Biya a regagné la tribune officielle à bord de sa limousine, soit une distance d'environ 150 mètres à couvrir.

Même la présence pour la première fois à la loge présidentielle de la première dame, n'a pas suffi à détendre l'atmosphère. Une atmosphère qui sera alourdie avec les chants des jeunes du primaire et les pancartes de ceux du secondaire et du primaire qui dénonçaient entre autres la corruption, les menaces sur la paix civile au Cameroun. " Autant des applaudissements nourris fusaient des tribunes autour de celle du président de la République, autant dans la sienne, les personnalités semblaient crispées… “Ce 20 mai avait des airs d'adieu pour certains," nous indiquera une source qui se trouvait dans la tribune présidentielle.
On comprenait que la psychose née des événements de février dernier et du passage de " l'épervier " qui plane encore sur certains des gestionnaires indélicats de la fortune publique n'était pas totalement retombée. On comprendra ainsi les applaudissements nourris du public lors du passage des éléments du Bataillon d'intervention rapide, le fameux " Bir ".

Une psychose qui est d'abord montée d'un cran samedi dernier avec la rumeur d'un réaménagement gouvernemental qui ne concernait que le ministère de la Défense. " Rémy Ze Meka a été limogé" entendait-on çà et là. On annonçait l'installation de son remplaçant " dans les minutes qui allaient suivre ". Ceux qui avaient fait un tour vers le centre ville se voulaient même plus convaincant. " Le Premier ministre qui doit procéder à l'installation est à son bureau en ce moment (samedi après midi ndlr) ". A l'annonce de cette folle rumeur samedi après midi, on a ainsi vu deux anciens ministres, qui prenaient part à un service funéraire, quitter précipitamment les lieux. Les " mauvaises nouvelles " iront s'aggravant le lendemain dimanche pour le patron de la Défense que l'on annonçait déjà entre les serres de cet épervier qui continue de planer.
Finalement, tout s'est déroulé sans anicroche au boulevard du 20 mai pour cette cérémonie qui a duré trois heures comme initialement annoncée. On a ainsi pu sentir comme un soulagement chez les éléments chargés de la sécurité des lieux après le départ du président de la République pour le palais de l'Unité.

mboasawa

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