La liberté de la presse en questions



Un député propose le retour à la censure préalable pour régler " les dérives " dans la profession.

Jean Pierre Biyiti bi Essam a choisi la tribune de l'Assemblée nationale vendredi après midi pour annoncer la réouverture de Magic FM, Equinoxe TV et radio. Réagissant à la suite d'un véritable réquisitoire du député Jean Jacques Ekindi du Mouvement progressiste (Mp), le Mincom a annoncé que le gouvernement allait une fois de plus faire usage de " mesures de tolérance administratives " pour ces organes de presse audiovisuelles pour procéder à la réouverture de ces chaînes qui avaient été fermées " non pas pour des raisons politiques comme une certaine opinion a tenté de le faire croire ", a dit le ministre, mais parce qu'elles ne respectaient pas les conditions d'exercice de l'activité audiovisuelle qui " passe par l'obtention d'une licence".

Jean Jacques Ekinidi a clairement accusé le Mincom de bafouer les dispositions de la loi n°90/052 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté de la communication sociale au Cameroun. " Avez-vous saisi le tribunal dans le cadre des infractions commises par ces organes de presse ? Non ", a-t-il lancé avant d'ajouter : " Vous vous êtes substitué au juge (…) Vos actes sont frappés de nullité ". L'autre sujet de préoccupation du député Mp du Wouri Centre est la disparition des émissions " Expressions directes des partis politiques représentés à l'Assemblée nationale ". Une disparition qui, selon lui, cachait mal un dessein, celui de " priver les Camerounais de débat sur la révision de la Constitution ". Le ministre de la Communication a indiqué qu'un projet d'arrêté est en cours d'élaboration dans ses services en vue de la relance de ce programme consacré aux cinq formations politiques qui occupent des sièges à l'Assemblée nationale.

Secret défense
L'autre point évoqué au cours de cette autre séance de questions orales aux membres du gouvernement, aura été la sortie du député Rdpc du Mfoundi, Laurent Mballa Ambassa qui, après avoir relevé le " foisonnement que l'on observe dans le paysage médiatique camerounais et les dérives qui en découlent ", a simplement suggéré au ministre de la Communication la révision du cadre institutionnel de l'exercice de la liberté de la presse et un plus grand contrôle de l'Etat dans ce secteur. Bref un retour à l'ordre ancien.
S'il a dit partager la préoccupation de Laurent Mballa Ambassa dans le fait qu'il faut prévenir des dérives dans le domaine des médias au Cameroun, Jean Pierre Biyiti bi Essam a néanmoins tenu à relever à l'endroit de son interlocuteur que " l'encadrement a priori de la presse qu'on pourrait appeler la censure préalable est bannie depuis 1996 par nos lois et règlements, et point n'est question d'y revenir… ".

Une censure qui, selon lui, serait aujourd'hui " inefficace et contre productive dans le contexte de ce début de millénaire marqué du sceau de la globalisation ". Un cadre institutionnel existe, a dit le Mincom, il est juste question aujourd'hui de " l'adapter et de l'améliorer au gré des circonstances ", et d'œuvrer vers trois axes : " la promotion de véritables entreprises de presse, la promotion des mécanismes de régulation et de co-régulation, l'encouragement de l'autorégulation… ".
Sur le volet lié à la divulgation des " informations stratégiques des forces de défense " par la presse, Rémy Zé Meka, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense (Mindef) qui était également interpellé par Laurent Mballa Ambassa, a tenu à indiquer qu' " une certaine presse en mal de sensation éprouve un malin plaisir à s'en prendre aux responsables de la Défense, et le ministre en tête… ", indiquant de ce fait que " des dossiers transmis à la hiérarchie sont traités dans des radios privées, apparaissent dans des colonnes de journaux, mais de manière totalement biaisée et tronquée… ".

Ces actes selon le Mindef sont le fait de " personnes mal intentionnées, tapis dans l'ombre et qui s'évertuent à vouloir fragiliser l'armée… ". Des personnes qui selon Rémy Zé Meka bénéficient de l'appui de " brebis galeuses " cachées dans ses services.
Pour faire face à cette situation, il a fait savoir que des structures comme la Sécurité militaire (Semil) ou le Centre de renseignements militaires sont chargées de traquer ces " brebis galeuses ". Pour ce qui est des journalistes, il a préféré s'en référer aux dispositions de la loi pénale sur la répression des infractions liées à la divulgation de secrets militaires. Il a indiqué que son département ministériel dispose d'une division de la Communication qui reste " dans les limites réglementaires " au suivi des relations entre la presse et les forces de défense.

Jean Francis Belibi

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