La politique de la France au Cameroun*

Allocution prononcée par l’ambassadeur de France au Cameroun, le 14 juillet 2008, à l’occasion de la fête nationale de la France. […]

Le personnel de cette ambassade, mon épouse et moi-même vous souhaitons la bienvenue ce soir à la résidence de France pour célébrer ensemble et en toute amitié notre fête nationale.
Cette célébration s’inscrit en 2008 dans une perspective particulière au moment où la France préside pour six mois l’Union Européenne et alors que les nouveaux défis de la sécurité alimentaire et énergétique sont désormais des contingences réelles. La France est en même temps engagée depuis un an dans un vaste mouvement de réformes destinées à lui faire retrouver le chemin d’une croissance durable tout en s’intégrant dans un monde en mouvement perpétuel dans lequel elle doit affirmer sa présence et assumer ses devoirs.
Le défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées ce matin a revêtu une solennité particulière avec la présence de son invité d’honneur, le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, et l’hommage rendu aux forces internationales de maintien de la paix en présence des 43 représentants des pays qui ont participé hier au Sommet du « Processus de Barcelone – Union pour la Méditerranée.» Il y a là toute une symbolique qui met en avant le rassemblement et l’union pour traiter les enjeux contemporains avec efficacité. C’est cette culture de l’engagement et du résultat qui anime le président Nicolas Sarkozy.

Permettez-moi tout d’abord de rappeler les principes et les priorités de la présidence française de l’Union Européenne pour illustrer mon propos. Le premier principe est d’ancrer le plus possible l’action de l’Europe dans le réel en renforçant les liens avec la vie quotidienne et concrète des citoyens européens mais aussi des citoyens des pays partenaires, particulièrement ceux d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique liés à l’Europe dans le partenariat privilégié de la Convention de Cotonou. Pour ce faire, nous aurons la volonté d’accentuer le dialogue, le « jeu collectif » et la transparence sans lesquels il n’y a pas de consensus durable.
Quatre priorités ont été établies dans cette perspective, tout en poursuivant les politiques socio-économiques contenues dans la mise en œuvre des programmes du Xe Fonds européen de développement ou encore des accords de partenariat économique.
En premier lieu, il convient de répondre à une préoccupation centrale majeure qui est la combinaison de l’énergie et du climat. Comme l’a montré le dernier sommet du G 8 à Toyako, l’Union Européenne peut jouer un rôle moteur irremplaçable en raison de la place centrale qu’elle occupe au confluent des intérêts des pays producteurs et consommateurs d’énergie, comme des pays industrialisés et en développement et par le poids des « 27 » sur la scène internationale.
La seconde priorité est la sécurité alimentaire et la politique agricole commune. Là encore, l’actualité montre que la question « qui va nourrir le monde ? », thème qui mobilise désormais aussi bien les Nations unies, les grandes institutions spécialisées de développement que les Etats est devenue un enjeu majeur de sécurité et de stabilité.
La troisième priorité concerne les politiques de migrations. Le 7 juillet, les « 27 » sont parvenus à un accord autour du Pacte européen pour l’immigration et l’asile. Le texte privilégie l’immigration de travail, régule l’immigration familiale et lutte contre la fraude afin d’assurer la dignité des personnes dans un cadre concerté. Le développement solidaire découle de cette appréciation et vise à renforcer les projets qui permettent l’emploi et la croissance tout en soutenant les retours.
La quatrième priorité est la relance de la politique européenne de sécurité et de défense, incluant les composantes civiles des missions extérieures que l’Europe assume en liaison avec les Nations unies et l’Union Africaine. L’actuelle mission EUFOR au Tchad et en République centrafricaine qui a suivi celles effectuées en République démocratique du Congo témoigne du rôle majeur que peut jouer l’Europe en matière de paix et de sécurité, en complément de ses actions traditionnelles de développement.

L’énoncé de ces principes et de ces priorités montrent combien le Cameroun est impliqué de manière permanente à travers des enjeux communs que je voudrais maintenant décliner.
La maîtrise de l’énergie et de l’environnement est désormais une priorité partagée. A titre communautaire comme au plan bilatéral, la France est prête à apporter son appui afin que de nouveaux projets voient le jour au bénéfice des populations et d’une biodiversité incomparable.
En matière de sécurité alimentaire, nous soutiendrons les efforts engagés par les autorités pour diversifier l’activité économique vers la production agricole et le développement rural. Je souhaiterais à cet égard mettre l’accent sur l’excellent potentiel de recherche agronomique du Cameroun qui est un atout supplémentaire.
S’agissant des politiques de migration, la visite de M. Brice Hortefeux, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire le 20 mai dernier, a permis de poser les bases de négociation d’un accord qui intègrera toutes les données modernes d’une relation apaisée et profitable entre nos deux pays dans un cadre européen.
Les questions de sécurité sont devenues également une préoccupation majeure. La situation au Darfour est mouvante. Elle provoque des mouvements dans toute la région. Des réponses communes ont été apportées : outre EUFOR, je citerai la participation du Cameroun à la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique dans le cadre de la Communauté des Etats d’Afrique centrale. La lutte contre les « coupeurs de route » et les enlèvements de personnes a donné des résultats dans le nord et l’est du pays. Mais il faut désormais lutter contre les formes de piraterie qui sévissent dans le golfe de Guinée et qui ont fait encore tout récemment de nouvelles victimes. La France apportera son appui au Cameroun en soutenant le concept « d’action de l’Etat en mer » qui recouvre toutes les aspects sécuritaires et économiques.

A titre bilatéral, je voudrais mentionner que les programmes et progrès du Contrat de désendettement et de développement (C2D) ont désormais atteints leur vitesse de croisière. Ainsi, sur les 353 milliards de Fcfa prévus pour la période 2006-2010, 290 milliards sont déjà engagés. Le volet infrastructures est entièrement lancé comme beaucoup d’entre vous ont pu le constater à Douala comme à Yaoundé. M. Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération, effectuera avec ses collègues camerounais la révision à mi-parcours du C2D en octobre prochain. Il lancera les prémisses du C2D de la période 2011-2016 qui sera du même montant.
Au plan des investissements, la France reste le premier bailleur de fonds du Cameroun pour l’appui au développement avec 100 milliards de Fcfa décaissés en 2007. Les investissements privés se sont élevés en 2006 à 400 milliards de Fcfa. Pour la même année, nos échanges commerciaux ont représenté 680 milliards de Fcfa.

Avant de terminer, permettez-moi de signaler que nous célébrons en 2008 le 60ème anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme qui a été signée à Paris, au Palais de Chaillot le 10 décembre 1948. C’est une occasion pour la France de souligner l’universalité des Droits de l’homme et de saluer les efforts de la société civile dans ce domaine. Un dialogue approfondi a été engagé entre la troïka européenne et les autorités camerounaises dans le cadre de l’article 8 de la Convention de Cotonou après les événements de février dernier.
Pour conclure, au nom des pays européens, je voudrais remercier les autorités camerounaises qui ont assuré la sécurité de nos ressortissants lors de ces événements. Je souhaiterais également saluer mes 5000 compatriotes installés au Cameroun qui contribuent au développement d’un pays dans lequel ils se sentent chez eux, tout en faisant un clin d’œil aux 36000 Camerounais vivant légalement en France qui apportent eux aussi une part de la richesse de mon pays.
Vive la solidarité entre les peuples d’Europe et d’Afrique, vive l’amitié franco-camerounaise !


* Ce titre est de la rédaction
** Ambassadeur de France au Cameroun

 

Par Par S.E. Georges SERRE**

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