La photo exposée au carrefour de la poste centrale attire des curieux.
Parfait Tabapsi

Au centre ville de Yaoundé depuis quelques jours maintenant, les passants ont l’impression que le fantôme de l’ex-président rode. A l’avant de la Cathédrale Notre dame actuellement en chantier, une grande photographie de l’homme trône. En plein milieu de ce lieu vétuste et exigu où les Yaoundéens se ravitaillent en produits divers. D’un bouquin à un Cd en passant par des souliers et autres objets qui traduisent la modernité, la photo est là. Avec l’inscription " A vendre " en son fronton supérieur. Si elle est là, c’est qu’il y a été amené par Guy Takam, vendeur de livres du poteau. " C’est une photo prise par mon père Zacharie Tchio. Je ne sais pas à quand remonte sa prise, mais je pense que c’était au plus fort du pouvoir de Ahidjo". Un regard permet en effet de constater qu’il s’agit d’une œuvre de cette époque là, même si le regard du modèle semble naïf et fuyant. Pour un passant, " c’est la preuve même que cet homme était sous ses aspects extérieurs une sorte de velours qui cachait une main de fer qui a régné sans partage pendant longtemps". Avec la poigne que l’on sait.
Sur la provenance de cette œuvre, Guy Takam explique qu’il "fait partie des nombreux portraits que mon père a réalisé du temps où il était actif dans le reportage pour le compte de la présidence de la République. Il a accompagné plusieurs fois le président et a fait beaucoup de photos. Celle-ci est issue de la collection qui se trouvait dans notre maison ici à Yaoundé et qui a été vendue. Après déménagement, et vu qu’elle était encombrante, j’ai décidé de le vendre". Sans toutefois demander l’avis du père. Qui " aurait peut-être refusé ", ajoute-t-il.
S’agissant de son prix, " je le vends à 50.000 francs ; même si je sais que ce prix n’est pas à la hauteur de la marchandise ". Une œuvre qui a commencé à subir le coup des intempéries dans la mesure où la conservation laisse quelque peu à désirer. Surtout que la protection vitrée prévue a disparu. " Beaucoup de gens se sont renseignés sur la photo, mais j’attends toujours des propositions concrètes, car je suis sûr qu’il y a des gens qui recherchent cette photo ". En attendant une éventuelle acquisition, les citadins peuvent continuer de s’arrêter devant la photo. Et contribuer à rendre les lieux plus exigus encore.