La banane camerounaise en difficulté

Economie – Négociation Omc

L’Union Européenne accepte de revoir à la baisse les droits de douane sur les bananes en provenance des Amériques. Un sérieux revers pour les producteurs Acp dont le Cameroun.

Incident lundi 28 juillet à Genève (Suisse), dans le cadre des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (Omc). Les pays du groupe Afrique Caraïbes Pacifique (Acp) ont quitté précipitamment la réunion plénière de l'Omc pour protester contre un accord quasi-finalisé entre Latino-Américains et Européens sur le régime d'importation des bananes dans l'UE. Dans la nuit du 26 au 27 juillet, l'Union Européenne et les pays d'Amérique latine ont longuement discuté pour finalement s’entendre sur le nouveau cadre légal d’entrée des bananes latino américaines sur le marché européen. Un nouvel accord entre l'UE et les producteurs latino-américains prévoit une baisse progressive des droits de douane versés à l'UE par ces derniers. Ils passeraient de 176 euros à 148 euros la tonne à partir de 2009, pour tomber à 114 euros en 2016.
Un épilogue positif dans le différend qui les oppose depuis 16 ans sur le quota tarifaire préférentiel octroyé par l'UE à ses anciennes colonies pour leurs exportations de bananes. "L'une des questions les plus conflictuelles du cycle de Doha a été réglée", s'est réjoui l'ambassadeur auprès de l'Omc du Costa Rica, qui est le deuxième fournisseur de bananes pour le marché européen. Le Cameroun, porte-parole du groupe des pays producteurs Afrique Caraïbes et Pacifique, n’a donc pas réussi à convaincre la partie européenne du bien fondé du maintien en l’état des droits de douane sur la banane dollar. Pourtant, prenant la parole devant le comité de négociations économiques, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre camerounais du Commerce, s’est évertué à convaincre ses pairs européens à “ traiter avec pragmatisme le délicat dossier de la banane, plutôt que de laisser les protagonistes s’enliser dans des procédures sans fin et qui, au final, ne donnent satisfaction à personne, mais au contraire contribuent à exacerber des oppositions économiquement infondées entre pays en voie de développement… ” Il n’a manifestement pas été entendu.
Compensation financière
Déçu par cette nouvelle évolution dans le dossier banane, le Cameroun a jugé l’accord inacceptable en l’état et réclame un soutien financier pour compenser les revenus à l'export qui seront perdus au profit des concurrents des pays d'Amérique latine ainsi qu'un délai de grâce de deux ou trois ans avant l'abaissement des droits de douane de l'UE. Les pays Acp, dont les bananes sont exemptées de droits de douane à leur entrée dans les pays de l'UE, font valoir qu'un nouvel abaissement des droits de douane à l'importation en Europe pour leurs concurrents d'Amérique latine pourrait être dévastateur pour leur production bananière. La réaction des Européens est attendue.
Le groupe des Acp sollicite une période de grâce de 5 ans conformément au principe de flexibilité inscrit dans le cycle de Doha. Il préconise à cet effet que les réductions du tarif soient étalées de la manière suivante : du 1er janvier 2009 au 1er janvier 2013, 150 euros, du 1er janvier 2014 au 1er janvier 2015, 136 euros. Et à partir du 1er janvier 2019, 116 euros.
 

Par Léopold Chendjou

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