La question du rapatriement des fonds détournés


Opération Epervier



Le peuple demande l’argent

Beaucoup de personnes pensent que les arrestations seules ne suffisent pas.

Sur le plateau de Canal Presse, l’émission de débat entre journalistes de Canal 2 International, c’est presque en chœur que les panélistes de dimanche dernier ont déclaré qu’il fallait retrouver l’argent planqué dans les banques à l’étranger. Du déjà entendu, en fait !
Dans l’opinion camerounaise, l’euphorie qui a suivi les arrestations de certains anciens gestionnaires de la fortune publique, est bien vite retombée. Passés les attroupements observés au palais de justice de Yaoundé lors des audiences du procès du Feicom, ou encore ceux des environs de la direction de la police judiciaire, alors que Polycarpe Abah Abah et Urbain Olanguena Awono y séjournaient. Désormais, le souhait qui est le plus souvent formulé, en relation avec ces affaires de détournement de deniers publics, c’est que les fonds détournés reviennent dans les caisses de l’Etat et puissent permettre au Cameroun de se développer.
En fait, au cours des procès, des sommes d’argent ont été avancées et quelques comptes même évoqués dans des banques à l’étranger. Des ambassadeurs de pays étrangers, tout comme des Ong exerçant dans le domaine des droits de l’homme ont également fait du rapatriement de l’argent détourné une priorité. Niels Marquardt déclarait notamment en 2006, à l’occasion d’un forum sur l’investissement : «Je partage le désir ardent du peuple à voir les fonds volés retournés au trésor public».
Et nul doute que les autorités, qui ont engagé la campagne actuelle de lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics, ont entendu l’appel. Il y a quelques mois, peu de temps avant l’interpellation de Abah Abah et de Olanguena Awono, et alors que la rumeur l’annonçait déjà, une lettre que l’on attribuait à Ahmadou Ali, a circulé. Elle confiait la mission à M. Dooh Collins Francis de conduire “une enquête d’expertise et d’investigations financières internationales contre la corruption et le détournement de fonds de l’Etat du Cameroun, auprès des établissements financiers et des organismes financiers internationaux situés dans les zones géographiques ci-dessous : l’Angleterre, l’Amérique du Nord, l’Amérique du sud, les Iles anglaises de Guernesey, l’Asie, le Moyen-Orient, l’Europe, l’Afrique.” Signée en septembre 2007, cette fameuse «mission» était sensée durer six mois.
Plus récemment, l’avocat français Jacques Vergès a été reçu à deux reprises par le président Paul Biya, au Palais de l’unité. La deuxième audience a eu lieu le 31 juillet dernier (après une première audience le 27 mai 2008). A la sortie de l’entretien, l’avocat français ne s’est pas exprimé sur le contenu des échanges qu’il a eus avec le président camerounais.
D’après certaines sources, toutefois, l’avocat français serait venu dans le cadre de l’Opération Epervier, notamment pour aider à retrouver les fonds stockés dans les banques étrangères par des barons du régime.

Écrit par Jules Romuald Nkonlak, Le Jour


mboasawa

3713 Blog posts

Comments