Yaoundé : Quatre blessés dans des casses



La démolition d'un immeuble, hier à Jean Vespa, a fait des accidentés dont le petit-fils de la propriétaire des lieux.
Patricia Ngo Ngouem

Une heure. C'est le temps qu'ont duré les fouilles effectuées par les trois équipes de sapeurs-pompiers hier jeudi 4 septembre au lieu dit Jean Vespa à Yaoundé, après la destruction à coups de machettes et de marteaux, de la façade droite d'un immeuble blanc à deux étages par des agents de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy). Une démolition qui, selon les témoignages recueillis sur les lieux, a fait quatre blessés parmi lesquels Derrick, le petit fils de la propriétaire dudit immeuble. C'est d'une voix enrouée par les pleurs que Georgette, la sœur aînée de Derrick, avoue que son frère a été conduit aux urgences de l'Hôpital central où il doit passer une radio à cause de sa blessure à la tête. Les autres victimes n'ont pu être formellement identifiées, même si certaines personnes affirment qu'il s'agirait des agents de la Cuy.

"J'étais sur le toit avec mon cousin Derrick et trois amis en train de démonter la toiture pendant que les gens de la Cuy cassaient en bas. Lorsqu'on a vu comment la maison se penchait d'un côté, mes amis et moi avions fui. Derrick, qui se trouvait sur le poteau qui venait d'être coupé, a glissé et est tombé au sol", raconte Borice, à peine remis de sa frayeur. "Il avait la tête complètement ensanglantée et c'est à peine si on pouvait le reconnaître", ajoute Bosco Tchiofoue, un témoin ayant vécu la scène, montrant du doigt les gouttes de sang sur la chaussée. Craignant que des personnes soient coincées sous les décombres, les populations n'ont pas hésité à appeler les sapeurs-pompiers ainsi que le commissariat du huitième arrondissement qui, une fois sur place, a aussitôt mis en place un cordon de sécurité délimitant le périmètre des décombres, surtout que la dalle de la partie démolie menaçait de tomber à tout moment.

C'est donc armés de pelles et de marteaux que les sapeurs-pompiers venus des casernes du centre-ville, de Mimboman et d'Etoudi se sont attelés à déblayer le site. Un travail de longue haleine effectué sous le regard de près de cent badauds, curieux de connaître la fin de l'histoire. "Nous avons entrepris des fouilles pour nous rassurer que personne n'a été ensevelie. Après une heure, nous n'avons rien trouvé, raison pour laquelle nous avons décidé d'arrêter", a déclaré le chef d'une des unités d'intervention. "Je n'ai reçu aucune convocation m'avertissant qu'ils allaient venir casser. C'est aujourd'hui qu'ils sont venus mettre la croix. Je me suis même rendue le matin à la Cuy mais personne ne m'a reçue.

Quand je suis rentrée, j'ai trouvé la maison détruite et mon petit-fils à l'hôpital", s'est lamenté Françoise Ondoa, léchant le sol pour témoigner de la véracité de ces dires. Des dires qui ne concordent pas avec ceux de certains témoins qui déclarent que le bâtiment a été marqué de la mention "A détruire" deux jours auparavant. Si cette femme semble plus affectée par la démolition de sa résidence, pour sa petite fille Aurélie, 12 ans, "ce qui fait le plus mal, c'est que les gens de la Cuy ont pris la fuite sans se préoccuper de Derrick qui était couché au sol. Ce sont deux jeunes du quartier qui l'ont retiré de sous la dalle et l'ont amené à l'hôpital", dit-elle d'un ton rageur, les larmes aux yeux.

mboasawa

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