De source policière, les agressions des chauffeurs de taxi deviennent courantes dans la ville.
Il y a quelques jours encore, Ernest A., chauffeur de taxi, a perdu son taxi au quartier Mvan Tropicana. Le véhicule a été dérobé par un jeune homme qui a proposé au chauffeur de payer 500 F depuis Mvog-Mbi pour se rendre à Mvan, une distance pour laquelle les passagers déboursent généralement 100 francs. A 2 h du matin, son client arrivé à destination sort du véhicule et brusquement se retrouve dans la cabine du chauffeur, non pas pour lui payer sa course, mais pour brandir au taximan un énorme poignard. Le client désormais dans le rôle de l’agresseur oblige sa victime à lui remettre les clés du véhicule, mais aussi la recette de la journée et le téléphone portable, avant de s’enfuir avec le taxi.
C’est le troisième cas de vol enregistré depuis le week-end dernier par les services des Equipes spéciales d’intervention (Esir). « Tous les jours, nous recevons au moins une plainte d’un taximan, signalant la perte de son véhicule», déclare un officier de police, ayant requis l’anonymat. « Un jour, il m’est arrivé de reconnaître le taxi de mon ami assassiné à Biyem-Assi lac et dont le corps a été retrouvé bâillonné le lendemain matin. Nous avions gravé une trace sur nos deux taxis, afin de les reconnaître», explique Aimé Ayissi, chauffeur de taxi à Yaoundé.
Les méthodes utilisées par les bandits sont de deux ordres, selon la police. Celles dites douces, pratiquées en journée et les méthodes violentes exécutées dans la nuit. Pour les formules violentes, c’est généralement seul ou au nombre de trois, que ces présumés braqueurs opèrent. Ainsi, dès 19 h, heure à laquelle les opérations débutent, une personne emprunte le taxi, sachant que ses complices sont postés à quelques mètres. Elle donne une destination, similaire à celle des autres clients pris en chemin. « C’est dans les quartiers comme Mimboman village, Ahala, Lac municipal, Mont Fébé, la route de Mfou ou celle d’Obala, que les dépouilles de certains chauffeurs ou leurs taxis sont régulièrement retrouvée », explique un officier des Esir. Les malfrats, souvent munis de poignards, d’armes à feu ou d’armes blanches, immobilisent le chauffeur, le bastonne en cas de résistance. « C’est le taxi qui est leur intérêt principal et non pas notre recette. Lorsqu’un collègue se fait agresser et qu’il résiste, il est tué par ses bourreaux, bâillonné et ligoté puis balancé dans une banlieue », déplore Alexis Fouapon, chauffeur de taxi.
Autre subterfuge, le malfrat qui opère seul et en journée, prend le taxi en course et lui propose à manger ou à boire. « Il peut l’inviter dans une boulangerie. Lorsqu’ils s’arrêtent dans un snack bar ou une boulangerie, son complice se charge d’emporter le véhicule. Ces aliments sont drogués à l’aide d’un comprimé appelé le D 10 », décrit un autre officier des Esir. Les véhicules de marque Toyota : modèle 80, 90,92 sont les plus prisés par les agresseurs qui ne manquent pas d’astuces « Les taxis arrachés dans la nuit ou en journée sont utilisés pour agresser les populations. Les taximen ne doivent pas afficher une légèreté dans leurs mœurs. Ils doivent être vigilants, voir qui monte dans leur taxi, ses attitudes, éviter les clients trop courtois », conseille un policier.
Angèle BEPEDE
mboasawa
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