A elle seule, la fiche technique de l'album donne déjà une présomption de qualité à l'œuvre. Pour la toute première aventure musicale de sa carrière, Guy Eyoum n'a manifestement pas voulu faire dans la dentelle. Tenez : le désormais incontournable Aubin Sandio signe les arrangements et la réalisation. Lady Bass, Kado Show et Eric Séfou assurent au niveau des guitares. Le percutant Haoussa Drums est présent à la batterie. Le "maestro" Paul Banlog surveille la netteté des sons. Bref, des dinosaures de studios essentiellement, que l'ambitieux Bithe Demaison, producteur de "Lettres de créances", a tenu à rassembler autour de son poulain pour un résultat optimum. Va pour le décor…
Qu'en est-il donc du contenu de l'œuvre ? Les "Lettres de créances" de Guy Eyoum sont, en effet, une collection de dix titres à forte prédominance makossa. Quoi de plus normal ? Descendant de Charles Nelle Eyoum, celui qu'on présente comme l'un des créateurs de ce rythme, l'auteur-compositeur en a été bercé depuis sa tendre enfance. Toutefois, pour démontrer l'étendue de son talent, Guy Eyoum chante également le zouk afro-caribéen, la rumba zaïroise et le reggae. Ce qui semble cependant séduire le plus dans l'album de ce jeune artiste, ce n'est pas tant la variété des rythmes ; mais davantage le charme de sa voix. Un timbre qui, à plus d'un titre, rappelle ceux déjà accomplis de Nar6 Pryze ou de Fred Bollo. Guy Eyoum semble d'ailleurs vouloir s'inscrire dans la même lignée de cette nouvelle génération d'artistes, qui mettent leurs cordes vocales à contribution pour maintenir allumée cette flamme du makossa longtemps menacée d'extinction par des rythmes étrangers.
Ambassadeur
Sans fausse modestie, Guy Eyoum chante effectivement bien. Dans sa voix, on décèle une certaine maturité, qui fait souvent défaut à certains de ses confrères aînés. Une expérience qu'il a commencé à accumuler vers le milieu des années 90 lorsqu'il conçoit sa première maquette. Mais c'est en côtoyant les milieux artistiques, en animant dans divers cabarets de la ville de Douala et en accompagnant quelques stars pendant leurs spectacles, que Guy va véritablement peaufiner son art. Papillon, Longuè Longuè, Pierrette Adam's et Missè Ngoh n'en disent que du bien. L'artiste congolais Awilo Longomba, lui, a simplement prédestiné Guy Eyoum à être "l'ambassadeur du makossa" dans l'avenir.
Comme annoncé, l'ambassadeur est donc là. Avec ses "Lettres de créances" ! Lesquelles, indique son producteur Bithe Demaison, ont commencé à être compilées il y a trois ans au moment de son entrée au studio Mega X Digital de Douala. Guy Eyoum en est sorti le 15 août 2007, avec cette galette toute chaude, qui donne une seule envie au mélomane : écouter et danser. Un coup d'essai pour la toute nouvelle maison de production Bds Records, qui pourrait bien s'avérer un coup de maître, si les "Lettres de créances" bénéficient d'une promotion digne de ce nom au sein de l'opinion. Une probable consécration aussi pour l'ensemble de l'équipe de Mega X Digital, qui, ces dernières années, semble avoir ravi la vedette aux autres studios d'enregistrement musicaux de Douala, de par les nombreux succès qui en sortent.
Fiche technique
Album : Lettres de créances
Auteur-compositeur : Guy Eyoum
Rythmes : Makossa, Zouk, Rumba, Reggae
Production : Bithé Demaison pour Bds Records
Nombre de titres : dix
Date de sortie : 15 août 2007
A écouter : Mon chocolat, Blessures d'amour, Makaki
mboasawa
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