Cameroun: la France fait mal (suite)


Dans notre édition n°2707 du 29 septembre 2008, nous publiions la première séquence de cette étude menée par la Fondation Paul Ango Ela sur les relations France Cameroun. Nous nous étions proposés de publier la suite de cette étude dans les éditions suivantes, mais compte tenu des raisons indépendantes de notre volonté, nous n’avons pas pu respecter cette promesse. Nous vous proposons ici la 2ème séquence de cette contribution.

Le C2D : un outil salutaire confronté à des procédures lourdes et opaques
La dépression économique des années 1980-1990 et les incertitudes sociales qu’elle a générées ont marqué et transformé durablement la société camerounaise. Les premières mesures des Politiques d’ajustement structurel (Pas) ont concerné la contraction des dépenses publiques, en particulier la baisse des investissements sur les infrastructures de base. Le traitement de la dette, intérieure et extérieure, accule l’économie camerounaise dans ses derniers retranchements. Le pays accepte de se soumettre après y avoir résisté, aux plans de rigueur proposés par le Fonds monétaire international (Fmi). Le pays s’est ainsi plié au mécanisme de conformation de l’économie camerounaise aux nouvelles donnes de la remise de la dette, suite à l’admission du pays au rang des “ Pays pauvres très endettés” (Ppte), en 1999. C’est dans cette logique qu’intervient l’idée, puis la mise en œuvre du “ Contrat Désendettement Développement ” (C2D). Le président Biya l’exprime de la sorte :
“ La France a annulé une bonne partie de notre dette et en langage codé on parle de C2D. Et non seulement cette dette a été annulée, mais on est en train de la transformer en projets concrets dans des secteurs précis : agriculture, santé, éducation, infrastructures, en liaison étroite avec la France ”. (7)

Le C2D, vu du côté camerounais
La majorité des interlocuteurs soulignent l’originalité de l’outil que représente le C2D, notamment à Yaoundé et à Douala. A Garoua, il semble être un objet lointain dont la signification échappe quelque peu à nos interlocuteurs. En revanche, comme nous l’avons déjà souligné plus haut, il lui est reproché d’un côté comme de l’autre des procédures administratives très lourdes, voire opaques et, pire, la critique récurrente concerne les “ faveurs ” qui seraient octroyées aux entreprises françaises pour la mise en œuvre de certains projets.
Au-delà du cas des Français, le C2D provoque des réactions contraires qui en l’occurrence ne sont pas contradictoires. Ces réactions distinguent l’outil et ses réalisations d’une part de ses procédures d’autre part. Pour autant, soulignons que l’idée du C2D est celle qui récolte le plus de superlatifs et qui entraîne sans doute aussi les critiques les plus vives, relatives à l’éthique. Dans son idée, elle a été jugée “ géniale ” par un ambassadeur européen, “ une idée de génie ” a affirmé une autorité gouvernementale.
Pour la majorité des interlocuteurs camerounais, il s’agit d’opérer un choix entre deux options. La première option renseigne en profondeur sur la perception du principe même de l’implication française. Il s’agit de dire “ sortons de l’hypocrisie et dites clairement que c’est l’argent de la France qui va aux entreprises françaises ”. En effet, il est évident que pour les acteurs camerounais, le principe du C2D qui donne formellement des ressources pour le Cameroun, est vécu finalement comme “ l’argent de la France ”. C’est une ambiguïté permanente qui provient du sens même de ce “ contrat ” : remise de la dette conditionnée par la mise en œuvre de projets avec les procédures qui les accompagnent. La seconde option est l’appel à la moralisation de la compétition pour ce qui concerne les appels d’offres. Les travaux entrepris à Douala et à Yaoundé suscitent une satisfaction certaine qui n’empêche pas les critiques, les deux allant presque systématiquement de concert.
Le C2D participe à la visibilité qui fait défaut à la coopération française, en même temps que les “ affaires ” qu’il a générées contribuent à en relativiser l’esprit auprès des acteurs et décideurs camerounais et français.

Le “ C2D ”, perçu du côté français : rendre compte aux contribuables français
En dehors des opérateurs économiques et de quelques assistants techniques au contact des dossiers liés au C2D, la ligne directrice de “ la politique ” française au Cameroun ne paraît pas évidente, notamment pour les Français qui travaillent au Cameroun depuis quelques années seulement. “ Je ne connais pas assez bien les ficelles. C’est une méconnaissance de ma part, je le concède. Mais j’imagine que s’il y a une politique menée pour le développement économique, elle est destinée à deux choses : le développement du pays et assurer les intérêts économiques de la France par le biais des entreprises françaises et des ressources du Cameroun. (…)
Ma vision est celle-ci : on devrait être là plus pour aider un pays sans rien attendre en retour. Derrière la volonté de développement se cachent des intérêts économiques, des bénéfices, c’est évident. Mais ce n’est pas forcément malsain. Je ne suis pas dans les petits papiers pour savoir les sommes et les pourcentages comme la plupart des gens en France qui n’ont aucune notion de ces sujets-là. Ce n’est pas bien expliqué aux gens alors que c’est l’argent du contribuable français. Mais avec si peu de connaissances du sujet, je me sens aussi responsable parce que je pourrais mieux me renseigner (…) ”, explique un chercheur, en expatriation au Cameroun depuis deux ans.
La question de la communication de la politique française au Cameroun et plus généralement en Afrique semble de moindre importance chez les Français qui sont installés au Cameroun. Ces personnes durablement impliquées dans la vie sociale au Cameroun insistent davantage sur le “ repli ” de la France. “ J’ai l’impression que la France se retire. A l’école on nous a supprimé le poste d’expat et le nombre d’enfants français diminue d’années en années. On voit aussi ce retrait au niveau des militaires, il y a de moins en moins de familles et d’enfants de militaires ”, dit une enseignante, résidente au Cameroun depuis plus de dix ans.
Pour les plus anciens, le sentiment de regret lié au “ retrait ” de la France, s’agrège de mélange de ressentiments et quelques fois de colère en lien avec “ la morale ”. Pour autant, même chez les interlocuteurs dont les sensibilités sont plus orientées vers le souci “ d’apporter sans chercher de profit ”, l’idée que la France défende ses intérêts semble s’imposer, entre la fatalité et le réalisme. Une autorité religieuse, présente au Cameroun depuis près de quarante ans, s’exprime : “ J’ai vu le Cameroun comme un avion qui n’a plus de carburant [Il simule avec les mains un avion qui décolle puis qui entame une chute]. La France fait des affaires comme n’importe qui. Par rapport à la moralité, elle ne joue pas son rôle en tant qu’Etat. Du temps des Mitterrand et Pasqua, ils ont bien contribué à la corruption. Par exemple pour l’exploitation du bois, la France contribue à ce que ce soit opaque. Le Pmuc c’est Pasqua et ses réseaux là ! En tant que contribuable français, je voudrais que ce partenariat soit clair. Il y a trop de réseaux parallèles et les choses ne sont pas claires des deux côtés [du côté français et du côté camerounais]. En 40 ans, le Cameroun est un avion qui est monté et qui s’écrase parce que le carburant est mis ailleurs. Ils savent que la corruption existe et ils mettent toujours de l’argent ! Le port de Douala, ils savent et ils mettent toujours de l’argent ! ”. “Comme principe de revalorisation de l’Apd, le C2D est un principe rigoureux, toutefois et sans faire des procès d’intention, sa gestion devrait être plus directive, et assurer à toutes les parties, une stricte égalité de chances. On relève malheureusement encore quelques paradoxes avec une trop grande prégnance politique, contraire à mon sens, au principe même de bonne gouvernance ”, dit de son côté un Français, Directeur général d’une grande entreprise.
Cette citation rejoint les réserves émises par les acteurs camerounais sur le fait que les procédures de financements issus du C2D souffriraient de partialité. Hors des réseaux de mise en œuvre des projets financés par le C2D, émerge encore une fois la question de la communication autour de cet instrument économique. “ C’est trop loin, trop politique, on n’a pas d’infos là-dessus. Un projet qui s’appelle C2D c’est un refus de communiquer ! C’est quoi C2D une marque de lessive ? De vêtements ? C’est peut-être bien mais mal énoncé. On n’a pas assez de communication avec l’ambassade ”, selon un expatrié à Garoua. Le C2D participe à la visibilité qui fait défaut à la coopération française, en même temps que les “ affaires ” qu’il a générées contribuent à en relativiser l’esprit auprès des acteurs et décideurs camerounais et français. Se pose en plus la question de la communication et de l’information relative aux projets liés au C2D, en particulier pour les Français qui ne vivent ni à Douala, ni à Yaoundé.

La santé : une histoire forte et une actualité trop centrée sur le Sida
Dans l’ensemble, il est reconnu que la France a eu un rôle important pour la formation et le perfectionnement des cadres camerounais du domaine de la santé, même si ce rôle tend à diminuer. Elle a construit des hôpitaux (Laquintinie, Jamot, etc.) dans le passé. Avec “ l’Institut Pasteur ”, la présence française sur le terrain de la recherche est évidente. Toutefois, il y a des attentes insatisfaites, en matière d’évacuations sanitaires, de dotation des hôpitaux en matériel de travail adéquat, d’amélioration du plateau technique, de transfert de technologie. Il est estimé que les assistants techniques français sont plus présents dans les bureaux que dans les formations sanitaires. Pour autant les connaissances des acteurs et cadres camerounais relèvent de la médiatisation de la première dame aux côtés de laquelle le Pr. Luc Montagnier “ représente ” la France dans le cadre de la lutte contre le sida. Ce qui dans les faits n’est pas tout à fait exact.
Notons que l’Anrs est moins citée – et seulement citée à Yaoundé dans les milieux de la recherche – que le Centre Pasteur, Luc Montagnier, etc. La médiatisation du co-découvreur officiel du Vih-1, aux côtés de l’activité tout aussi médiatique de la Première dame Camerounaise, Mme Chantal Biya, incarnent pour la majorité des acteurs Camerounais une partie de la réponse à la pandémie du Sida. Au-delà de Yaoundé, l’implication de la France dans la restauration des hôpitaux centraux de Yaoundé et de Douala (Hôpital Central de Yaoundé, Hôpital Laquintinie de Douala) concourt aussi à une ébauche de visibilité et de reconnaissance du travail de la coopération française. Reste que la majeure partie de son action depuis une décennie est diluée par deux types d’orientation : la multilatéralisation et l’aide direct aux structures étatiques. Dans le premier cas, le fait que la France soit un des principaux contributeurs du Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria ne rend pas visible une participation, par exemple, à la baisse du prixdes médicaments contre le Sida et à leur gratuité (1er mai 2007).
Par ailleurs, lorsque les “ fonds Ppte ” ont permis le subventionnement de cette baisse des prix par l’Etat camerounais en août 2002, c’est un décret présidentiel qui annonçât, en toute normalité, cet événement majeur. De même, les structures et équipes françaises qui participent à cette lutte jugée “ prioritaire ” par le gouvernement camerounais depuis une vingtaine d’années, sont pratiquement inconnues au-delà des acteurs de la santé.
En dehors de la ville de Yaoundé, aucune personne n’a parlé des recherches financées par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (Anrs) qui a pourtant un site “ Cameroun ” sis à l’Hôpital Central de Yaoundé dont relèvent une vingtaine de projets de recherche et autant d’équipes franco-camerounaises. Cela ne signifie pas que ces dynamiques soient invisibles mais qu’elles sont plus facilement affichées sous le label camerounais suivant la capacité de mobilisation des responsables en charge de la santé. On pourrait écrire ici que les acteurs et autorités du Cameroun reconnaissent à la France ce qui s’affiche explicitement comme des actes et des œuvres directement frappés du sceau de la “ coopération française ” ou de quelque autre label français. Il en est de même pour les réseaux entre la France et le Cameroun (Esther par exemple même si il n’est pas nommé comme tel hors des acteurs de la santé) dont les personnes impliquées promeuvent l’image.

Le Docteur Jamot : une figure prégnante aux yeux des Camerounais
La figure tutélaire de l’action de la France en matière de santé, aux yeux des Camerounais, reste le Médecin-Colonel Eugène Jamot (8), “ vainqueur de la maladie du sommeil ” dans les années 1920. Plus souvent cité par nos interlocuteurs que n’importe quelle autre institution française, juste avant “ l’Institut Pasteur ” qui n’est jamais devenu aux yeux des mêmes acteurs camerounais “ le Centre Pasteur du Cameroun ” (Cpc), le Docteur Jamot récolte encore la majorité des suffrages des Camerounais, de toutes catégories. “ L’histoire de la santé publique au Cameroun est tributaire de l’action humanitaire d’un homme : le Docteur Eugène Jamot. Cette action s’est poursuivie et affinée au fil des temps dans les domaines de la formation, la recherche, l’assistance humanitaire (le cas de Nyos en 1986), les hôpitaux de campagne pour lutter contre certaines pathologies rares (opérations à cœur ouvert, becs de lièvres, recherche dans le domaine du Hiv etc.…). ”, dit un Haut fonctionnaire à Yaoundé.
Même si certaines actions sont moins visibles que les réalisations dans ce domaine, la santé est un des domaines, avec la “ culture ”, où les opinions que nous avons récoltées sont les plus positives ou les moins sévères. “ Invités à la signature de certains protocoles d’accord, je crois qu’il y a un suivi dans ce domaine. Par exemple pour les Arv. J’ai le défaut de ma profession : je ne suis intéressé que par les choses qui ne marchent pas. Je n’ai donc rien à signaler, donc ça va. En matière de communication, il y a pas mal d’échanges avec la presse en matière de santé de la part des Français. Donc RAS ”. Avis d’un Directeur de publication à Yaoundé. “ Dans ce secteur par contre, un ami Directeur de l’Hôpital Général de Douala (Hgd) m’a dit beaucoup de bien de l’assistance française en termes de médicaments, dons d’infrastructures biomédicales, d’assistance et d’expertise médicale, formation et perfectionnement. Ayant fait sa spécialisation en France, il a développé et gardé de bonnes relations avec les Français ”, selon un responsable universitaire à Yaoundé. Pour ce qui concerne Garoua, les besoins importants de la partie septentrionale du pays orientent les attentes vers la présence médicale française. Ici, les acteurs regrettent qu’il y ait moins de médecins dans les formations sanitaires. Ces attentes rejoignent des remarques plus générales des autorités camerounaises, à l’intérieur et à l’extérieur du champ de la santé. “ La France fait beaucoup à titre privé et public. C’est des créneaux où la France se légitime. Mais les créneaux porteurs ne sont pas les plus décisifs. La France s’implique seulement dans les maladies à la mode ? Elle investit moins dans les hôpitaux des petites localités. La France est visible à Yaoundé et Douala ; il faut aller au-delà. On peut imaginer d’autres types de coopération : régler les problèmes des temporaires en les payant pendant un certain temps. Une forte présence dans le privé serait bien. Pourquoi pas imaginer des médecins français venant renforcer les petites structures privées là où il n’y a pas de structures publiques dans certains villages ? Pourquoi pas imaginer des médecins français dans des hôpitaux Ad Lucem dans des coins reculés ? Il faudrait aller ailleurs et aider à construire une véritable médecine hospitalière, lutter contre les maladies nosocomiales et éviter que l’on contracte des maladies dans les hôpitaux. Il faut aller plus en profondeur avec l’Etat et d’autres acteurs sans l’Etat. Sans l’Etat ne veut pas dire contre l’Etat. La crise hospitalière est un désastre au Cameroun. Il faut envoyer les stagiaires français ailleurs qu’à l’hôpital central. La France peut payer des coopérants à Ad Lucem ! ”, selon une autorité.

Côté français :
pérenniser le soutien
Suivant le niveau de leur implication, suivant qu’ils travaillent dans ou en dehors du champ de la santé, nos interlocuteurs soulignent en même temps la forte implication de la coopération française et une relative absence. Ce paradoxe n’est qu’apparent puisque l’action de la France en matière de santé est résolument orientée vers le soutien à la formation des personnels soignants, en particulier des médecins, le renforcement des structures et la recherche scientifique en partenariat, entre autres. De ce point de vue, celles et ceux qui sont dans le secteur de la santé soulignent la qualité des échanges et des partenariats avec leurs collègues, leurs homologues camerounais et, surtout avec les jeunes professionnels de la santé en formation. “ L’apport français est absolument indispensable ! ”, dit la directrice d’un établissement de santé à Yaoundé. Ces personnes soulignent avec précision tous les domaines de la santé dans lesquels la France participe à la formation des médecins et techniciens camerounais. Ici le Centre Pasteur du Cameroun (Cpc) à Yaoundé et le réseau Ensemble pour la Solidarité Thérapeutique en Réseau (“ Esther ”) participent de cette mise en exergue. La recherche scientifique est naturellement citée par les mêmes interlocuteurs. Dans ce contexte, au niveau de Yaoundé, ils soulignent encore une fois le rôle du Centre Pasteur du Cameroun, l’apport de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (Anrs, Paris) dont un site existe depuis 2005 à Yaoundé (Site Anrs Cameroun), l’Oceac et l’Institut de Recherche pour le Développement dont la moitié des chercheurs affectés au Cameroun conduisent des projets de recherche opérationnelle sur des questions de santé, notamment les épidémies, les grandes endémies et la pandémie du Sida. Pourtant, la formation suscite des réflexions de deux types : celui du soutien temporaire à la formation et celui de la continuité de cette formation. “ La France constate que le personnel est formé donc les gens ne vont plus sur le terrain. Mais le niveau n’est jamais assez bon, pour qui que ce soit. Il faut donc penser à pérenniser ce soutien. Quelqu’un comme [il cite une responsable française d’un laboratoire de recherche à Yaoundé] apporte des compétences dans un domaine de pointe, on ne peut pas s’en passer du jour au lendemain (…) ” (Chercheur français, Yaoundé).

Remettre des médecins
sur le terrain

La carence numérique de médecins de manière générale en dehors des grandes villes génère une attente du côté français comme du côté camerounais. Les uns et les autres réclament que des médecins français puissent (re) venir dans les formations sanitaires camerounaises dans un double souci “ d’être sur le terrain ” et de continuer “ la formation ”. Du côté de Garoua, c’est un souhait voire un appel unanime : “ il faut que des médecins français viennent renforcer les structures locales où il y a peu ou pas de médecins dans la région ”. Pour autant, c’est un souhait qui se heurte à des enjeux que les interlocuteurs notent eux-mêmes : “ déjà la France n’arrive pas à mettre un médecin au Centre médico-social (Cms) de l’ambassade de France pour des raisons budgétaires, je vois mal comment ils vont mettre un médecin à l’hôpital central ”, commente un averti.
Le rôle des Ong est aussi évoqué mais l’information les concernant ne semble passuffisante en ce qui concerne leurs rôles et la logique de leur déploiement sur le territoire camerounais. En revanche, ceux qui vivent ou travaillent à côté d’une de ces Ong notent leur apport dans le secteur de la santé, autant que leurs difficultés, notamment dans la partie septentrionale du pays où les besoins sont très importants et les carences évidentes en matière de couverture sanitaire. Etant donné que c’est un des secteurs qui génère le plus de mobilité temporaire des Camerounais entre leur pays et la France (formation, colloques, réunions, congrès, séminaires, etc.) C’est aussi un des domaines où les Français soulignent les difficultés relatives aux visas. Au-delà des refus, rares depuis quelque temps, ce sont les procédures qui semblent être stigmatisées, notamment la logique des délais qui n’est pas toujours, pour nos interlocuteurs, adaptée à la célérité attendue. Les relations entre partenaires de la santé, dans tous les domaines de coopération
(recherche, formation, etc.) rencontrent aussi la question de l’asymétrie des statuts. Les conditions salariales et matérielles des professionnels camerounais de la santé compliquent ses rapports au quotidien. Aux yeux des Français, les problèmes de ressources (salaires, per diem, etc.) tendent à dresser la barrière Nord-Sud entre les deux parties. La “ conscience professionnelle ” est souvent évoquée pour montrer l’ambivalence qui existe entre des engagements professionnels formels et des pesanteurs profondes qui altèrent le travail des partenaires camerounais, au point que certains se demandent si les compétences stricto sensu n’en pâtissent au quotidien. Nous poursuivrons ce thème dans le rapport de synthèse car laconfrontation avec les Camerounais est assez riche dans ce domaine. (A suivre)

7 Interview accordée à Ulysse Gosset sur la chaîne de télévision française “ France 24 ”, octobre 2007.

8 Léon Clovis Eugène Jamot (1879-1937), plus connu sous le nom de Docteur Jamot, a travaillé au Cameroun entre 1922 et 1931, en provenance de Brazzaville où il dirigea l’Institut Pasteur.
 

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