Quand la poste se meurt…


Le courrier, l’épargne, et même l’accueil ont perdu leur âme.

Ambiance morose, mercredi 8 octobre, à la direction de la Cameroon postal services (Campost) à Bonanjo à Douala. Il est 13 heures. Au guichet des services de la douane, les employés sont inactifs. Couchés sur leur bureau, certains somnolent. D’autres sont concentrés à regarder une série télévisée diffusée sur une chaîne locale. Une cliente immobilisée à l’entrée ne semble pas les intéresser. «Je suis fatigué», fait remarquer un employé à son collègue. Au guichet qui donne directement à l’entrée de la poste, c’est le calme plat. Des quinze guichets, seuls quatre sont encore opérationnels. Mais les caissières ne sont pas à leurs postes. Elles se sont regroupées au guichet n°8 pour bavarder. Les clients qui arrivent au compte-goutte se résignent à faire demi-tour.
L’image est quasi identique à l’agence de la Campost de Ndokoti, hier jeudi. Mme Sali, chef de la section guichet, assure que depuis quelques années la clientèle se fait davantage rare. Il est presque 10 heures. La caissière est en pleine causerie avec son chef. Elle confie que depuis le matin, elle a servi seulement une dizaine de personnes. «Avant [quand fonctionnait la caisse d’épargne postale, Ndlr], à une heure pareille, on avait une file indienne de personnes », se souvient-elle.

L’épargne fait peur
Depuis quelques années, les services de la Campost ne sont plus très prisés. De nombreux camerounais affirment qu'ils ne lui font plus confiance. L’ouverture des comptes d’épargne est en baisse. C’était pourtant l’un des services les plus affectionnés par les citoyens moyens, puisqu'ils pouvaient ouvrir leur compte d’épargne à 10 000 Fcfa. A Ndokoti, depuis janvier 2008, à peine une centaine de comptes d’épargne ont été ouverts. Une chute « quatre fois plus importante par rapport aux années antérieures », affirme une source interne. Une dame en service à la Campost à Bonanjo justifie ce faible engouement par la crise de l’épargne qu’a connu la poste. Même le service de compte chèque mis sur pied en 2007 pour permettre aux salariés de se faire payer par la poste n'inspire pas confiance. Comme en témoigne cet employé de la Cameroon railways (Camrail) : «Ils ont déjà volé notre argent et ceux de nos parents, vous voulez qu’il vole nos salaires? ». Au Centre des chèques postaux (Ccp), rien n’est dit sur les résultats de ce service. Un agent ayant requis l’anonymat révèle que l’on compte actuellement au bout des doigts les salariés qui sont servis par la poste. «La majorité des entreprises font confiance actuellement aux banques et coopecs. C’est un grand manque à gagner», déclare-t-il.

Courriers et mandats sauvent
Malgré tout, la Campost réussit tant bien que mal à équilibrer ses comptes grâce à la vente des timbres-poste. Avec la rentrée scolaire, la vente des timbres se chiffre à des centaines de millions de francs Cfa. « La semaine dernière j’avais encore dans la caisse des timbres d’environ 800 000 Fcfa. En moins de deux semaines on les a épuisés », explique Mme Sali, adjointe du receveur à l'agence de Ndokoti. Les autres services, notamment les mandats électroniques et les mandats express internationaux se portent aussi mieux. «En une journée je peux recevoir et envoyer une trentaine de mandats », déclare la caissière de l’agence de Ndokoti. Cependant, ces mandats ne couvrent uniquement que les pays d’Afrique et la France.
A cause des nouvelles technologies de communication tel que l’Internet, les services courriers de la Campost peinent à faire de grands profits. «Les gens envoient leurs lettres maintenant par Internet, déclare Henriette Affana, chef de la section courrier à l’agence de Ndokotti. Heureusement nous avons les transferts des courriers de quelques personnes en relation avec leurs partenaires à l’étranger ». Les boîtes postales continuent d’être sollicitées. L’agence de Ndokoti enregistre 900 clients détenteurs d’une boîte postale et une centaine de dossiers qui attendent une ouverture imminente. «Avant, on avait à peine 200 clients, mais aujourd’hui on ne cesse d’être sollicité », déclare H. Affana. Il y a tout de même un caillou dans la chaussure : l’acheminement des courriers. Parfois, au lieu d’une semaine, il faut attendre un mois pour transférer du courrier par Campost.
 

Par Christelle Kouétcha (Stagiaire Jade/Syfia)


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