Conflit : Le Monde diplomatique résume "L'affaire Bakassi"



Le mensuel français a consacré une page à ce différend qui oppose le Cameroun au Nigeria depuis des décennies.
Parfait Tabapsi

Le 14 août 2008 à Calabar, "L'affaire Bakassi" connaissait un épilogue heureux pour les deux Etats. Cela à la faveur d'une cérémonie de rétrocession de la péninsule à l'Etat du Cameroun par le Nigeria. Un transfert que le politiste Léon Koungou, enseignant à Paris I, n'a pas hésité à qualifier d'"exceptionnel" dans l'article qu'il a rédigé pour le compte du mensuel français Le Monde diplomatique actuellement en kiosque.
Un article qu'il serait intéressant de parcourir maintenant que l'on scrute et pérore à foison sur le devenir de cette presqu'île aux ressources halieutiques et pétrolières certaines. Mais un avenir en pointillés si ce n'est en questions, car comme le relève le spécialiste des sciences politiques "tant que les acteurs politiques et militaires internes du Nigeria (…) échapperont à l'autorité du pouvoir fédéral d'Abuja, la paix sera fragile à Bakassi".

Surtout que la réalité du terrain fait état de "violence récurrente", entamant du même coup la volonté des pouvoirs de Yaoundé et d'Abuja à y voir la paix régner. Des violences qui "se nourrissent d'une forte concurrence pour la maîtrise des richesses locales". Installant un climat qui fait qu'il "est difficile de distinguer la contestation légitime de la criminalité ordinaire, le militantisme politique du gangstérisme ordinaire". Le politiste relève par exemple que "les élus de l'Etat de Cross River, dont dépendait Bakassi, et les bandes armées réunies autour du Conseil de sécurité et de défense du Delta du Niger (Nddsc) s'opposent tous à une rétrocession dont ils ont largement été exclus".

Cet article a aussi le mérite par ailleurs de constituer un résumé de cette affaire qui est loin d'être terminée. Reposant pour l'essentiel sur les faits, il situe l'origine du conflit à la période coloniale. "C'est en 1913, écrit-il, qu'un accord entre les deux puissances coloniales concernées, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, attribue la péninsule au Cameroun". Et depuis, la contestation n'a jamais plus cessé de la part du Nigeria. Obligeant même les deux Etats, devenus indépendants, à multiplier les initiatives pour aplanir un différend finalement omniprésent. Jusqu'à l'arrivée du dictateur Abacha qui "aggrave la situation en annexant militairement Bakassi".

Malgré l'épilogue heureux d'août dernier, il écrit cependant, et comme pour mettre en garde les autorités de Yaoundé, que "en son temps, le colonisateur britannique avait été confronté à l'irrédentismes régional sans parvenir à l'éradiquer". Surtout à cette heure où "des voix s'élèvent d'ailleurs au sein des groupes armées pour reconnaître que les populations, non consultées, sont prises en otage par les ambitions personnelles de certains 'chefs de guerre'". Ce qui laisse augurer d'un programme fort chargé à la commission mixte entre les deux pays qui, aux dires de M. Koungou, "envisagent la signature d'un traité d'amitié". Eux qui viennent de montrer à la face du monde que le règlement pacifique d'un conflit frontalier entre deux Etats est encore possible de nos jours. Maintenant, il ne reste plus qu'à espérer que les rebelles du delta du Niger ont déjà dit leur dernier mot.

mboasawa

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