L'homme décédé depuis avril, attend toujours de trouver une sépulture à Santchou.
François Temkeng Chekou
En matière de temps mis pour un enterrement, celui de Thomas Kenfack est en train de vouloir entrer dans le livre des records Guinness. En effet, décédé depuis le mois d'avril 2008, le pauvre n'a toujours pas eu droit jusqu'aujourd'hui, à un repos éternel, son enterrement faisant l'objet actuellement d'un conflit ouvert et d'un procès au niveau du tribunal de Dschang. Après son décès, Thomas a d'abord attendu plusieurs mois à la morgue à Yaoundé par manque de tombe. C'est que, dès l'annonce de son décès, son terrain situé à Tengué près de l'arrondissement de Santchou, département de la Menoua, a été pris d'assaut par des opposants aux obsèques. Ceux-ci qui lui disputaient ce terrain, ont ainsi empêché la famille qui attendait le corps sur place de le recevoir et de le mettre en terre.
Ladite famille se rend à Dschang et saisit le préfet du département de la Menoua en personne, pour lui faire part de leur désarroi et solliciter son intervention. Le 1er adjoint préfectoral est mandaté à effectuer une descente sur le terrain. Sur place, cette autorité constate preuve à l'appui que le terrain appartient bel et bien au défunt. Le rapport du préfet est clair. Le défunt mérite d'être enterré sur ses terres.
Rassurée et soulagée, la famille programme enfin la levée du corps, qui sera suivie de l'enterrement pendant le week-end. Malheureusement, à l'arrivée au village, le mort n'aura pas droit à cet enterrement. Une fois de plus, les empêcheurs de mourir et partir tranquille, sont revenus à la charge. Sa tombe creusée en journée a été entièrement remblayée dans la nuit. Il fallait de nouveau ressaisir les autorités, recommencer les procédures administratives, des descentes sur le terrain et constats.
Malheureusement, tout cela n'a pas suffi à calmer les esprits et permettre l'organisation des obsèques. L'affaire a même pris de telles proportions qu'elle a quitté la table du préfet pour le rtibunal. C'est ainsi que vendredi 17 octobre 2008, les partisans et les adversaires de l'enterrement de M. Kenfack sur le terrain litigieux étaient face aux juges du tribunal de première instance de Dschang. Les premiers accusent les seconds de profanation de tombe et de destruction de biens. Lesquels se défendent, malgré les pièces produites.
Le terrain disputé, disent-ils, leur revient de droit. Ils sont conscients qu'ils le perdraient si le mort venait à prendre possession des lieux, et c'est pour cela qu'ils se disent prêts à empêcher cet enterrement jusqu'à la fin des temps. Le 21 novembre 2008, date de la prochaine comparution au tribunal, l'on verra s'ils ont eu raison de résister à la fois au préfet et au temps ! En attendant, le pauvre défunt repose provisoirement et pas en paix, dans un terrain d'emprunt, espérant que le tribunal lui permettra enfin de retrouver ses terres qui lui seront alors peut-être plus légères.