Yaoundé : Elèves et étudiants, adeptes des bistrots

Les abords des établissements scolaires sont de plus en plus bondés de débits de boisson.

Vendredi 7 novembre 2008. Il est 13 heures. Nous sommes au lieu dit “ Carrefour hôtel du plateau ” au quartier Essos à Yaoundé. Près d’une dizaine de buvettes présentes dans le secteur sont ouvertes. Dans l’une d’elles, certains élèves inscrits en classe de terminale au lycée bilingue d’Essos sont assis tout autour des tables disposées dans la salle. Ils ont, pour la plupart, ôté leur uniforme. “ Ma camisole est dans mon sac de classe. C’est une façon pour nous d’être discret auprès de nos professeurs ”, lance insouciamment un élève. Sur leurs différentes tables, on peut observer uniquement des bouteilles, pleines ou vides, de bière. Aucune bouteille de jus en vue. Selon Martial M., les consommateurs de jus ne sont pas admis à prendre place autour de la table. “ Nous ne formons pas une société de diabétiques ici. Qui prend le jus paye avec son argent et va s’asseoir ailleurs ”.
“ Lever le coude ” n’est pas exclusif à ce groupe d’élèves. Certains autres jeunes qui fréquentent les instituts Samba secondaire et Siantou du même cycle, situés respectivement à la chapelle Mvog-Ada et à Nkolndongo, sont aussi des adeptes de cette “ religion d’alcooliques ”. Pour ceux-ci, il n’est pas bon de boire près de son établissement scolaire, même s’ils le font. “ C’est un manque de respect aux dirigeants et au règlement intérieur du collège ”, reconnaît l’un d’eux.

Habitude
A l’Institut Siantou supérieur, campus de Coron, les scènes sont quasi-identiques. Mais, l’ambiance est différente. Un seul et unique bar est situé à proximité du campus. Les étudiants l’ont baptisé “ Le bar des majors ” ou “ Commerce international niveau trois ”. Deux grands baffles sont placés de part et d’autre de ce qui tient lieu de terrasse. Ils distillent des musiques ivoiriennes de l’heure. La bière coule à flot. La viande braisée encore appelée “ soya ” se mange à bouche que veux-tu. “ Le boss ”, comme il se fait appeler, est étudiant en 2e année Communication d’entreprise (Ce). Selon des indiscrétions, “ il est redoublant. L’année dernière, il a consommé, toujours avec un groupe d’amis, les frais de ses dossiers au Bts. Et cette année, il a recommencé ”. Malgré la nuit qui s’abat sur la ville de Yaoundé, “ les majors de la bière ”, ne pensent pas retourner à la maison. “ La gérante a besoin d’argent. Si le nôtre ne finit pas, personne ne rentre chez lui aujourd’hui même s’il est minuit ”, lance l’un d’eux en brandissant des billets de Cfa.
“ Ils sont nombreux dans ma salle de classe. Quand ils reviennent du bar, ils font des bruits et empêchent les autres de suivre normalement les cours ”, affirme Cédric Tachago, étudiant en 2e année journalisme. Et de poursuivre : “ Ils devraient prendre la bière pendant le week-end. S’ils ont décidé venir à l’école, ils doivent se concentrer dans leurs études ”. Rostand, un ancien étudiant de la filière communication d’entreprise dans cette école de formation, nous révèle que “ Patrick, un camarade de promotion, a vomi en classe l’année écoulée après avoir ingurgité un verre de trop ”. Pour Cedric Tachago, le gouvernement doit prendre des mesures sévères contre les buvettes situées à proximité des établissements scolaires et universitaires. “ On doit les sceller. Dans une moindre mesure, les installer un peu plus loin des établissements scolaires ”, conclut-il.
 

Par Frank William BATCHOU (Stagiaire)

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