Le Tgi du Mfoundi a aussi établi hier le calendrier du procès du meurtre de ce militant du Sdf.
Jean Baptiste Ketchateng
Un avocat du banc de la défense a réclamé, sans avoir demandé et obtenu la parole, à quelle heure l'audience allait reprendre. Le président du tribunal n'a pas remarqué l'entorse à la discipline et a précisé que le 14 janvier 2009, le tribunal de grande instance du Mfoundi à Yaoundé reprendra son audience exactement à 10h ; dans le cadre de l'affaire du meurtre de Grégoire Diboulé. Hier, en fait, après cinq heures d'attente pour certains accusés venus de Mbengwi dans le Nord-Ouest, les juges tenaient à ce que tout se passe, à l'avenir comme depuis le début de ce procès le 19 août, dans la "sérénité" et la politesse.
Aussi n'ont-ils pas relevé comme d'habitude dans les tribunaux que le début de l'audience dépend de leur unique emploi du temps après avoir insisté par la voix du président du trio des juges, Gilbert Schlick, pour que les témoins soient traités correctement. "Je voudrais que vous fassiez preuve de beaucoup de courtoisie à l'égard des témoins. Je ne voudrais pas qu'ils reçoivent des injures. Ils sont là pour nous aider à trouver la vérité. Vous avez les armes que la loi vous a données pour faire valoir vos arguments", a dit en substance M. Schlick, s'adressant aussi bien au procureur de la République qu'aux avocats, dans une salle déridée.
D'ailleurs, pour l'avenir, le calendrier du procès a été arrêté par le tribunal après avoir consulté les parties. Quatre audiences ont d'ores et déjà été programmées, au rythme de deux séances mensuelles. En janvier, le tribunal siègera le 14 et le 28. En février, le 4 et le18 qui sont les premier et troisième mercredis de ce mois, comme l'a précisé le tribunal. Cependant, les débats pourront être prolongés les jeudi et vendredi, selon l'importance des faits examinés en la circonstance, a encore souligné le président du tribunal qui assuré que le tribunal n'aura pas d'autres soucis que celui de déterminer "les responsabilités au sujet de l'assassinat" de Grégoire Diboulé.
Un rappel qui s'est fait sur un ton ferme, alors que Me Francis Sama, chef de file des avocats de la défense, avait trouvé le moyen de détendre l'atmosphère. "Nous pensions que le tribunal allait également siéger en décembre. Nous sommes venus avec nos effets pour le week-end en espérant que le procureur allait nous inviter à manger quelque part samedi", a laissé entendre l'avocat. Mais il n'y aura rien en décembre. "Chacun va rentrer chez lui. Chacun va passer les fêtes avec sa famille. […] Mais en janvier on va commencer directement. Faites venir vos témoins", lui a rétorqué le président du tribunal.
"Ce sera le procès de référence du code de procédure pénale au Cameroun. Un grand procès à Yaoundé", a encore dit Me Sama en louant l'équité des décisions du tribunal jusqu'alors. En effet, le juge Schlick a confirmé le retour complet à la liberté de Justice Mbah comme le tribunal en avait décidé le 5 novembre, en même temps qu'il libérait les prévenus incarcérés depuis juillet 2006. Le banc de la défense s'étant effrayé d'entendre encore le nom de ce sourd-muet à l'appel des accusés. "C'était une erreur", a expliqué le tribunal. Pour le reste, 21 militants du Sdf, dont John Fru Ndi, le président du parti, devront répondre de l'assassinat de Grégoire Diboulé, un militant dissident du Sdf tué le 26 mai 2006 à Yaoundé alors qu'il préparait un congrès parallèle à celui qui se tenait à Bamenda