Douala : Quatre Chinois au parquet



Ils sont les présumés agresseurs d'une de leur compatriote dans un règlement de compte au parfum de mafia.
Eric Roland Kongou

A la cellule du parquet du Tribunal de première instance (Tpi) de Douala-Bonanjo, ils ne passent pas inaperçus. Quatre jeunes Chinois, la mine triste, méditent en attendant que s'ouvre leur audition devant le procureur. Il s'agit de Yao Mo Biao, né le 29 novembre 1973, Yan Sheng, né vers 1970 à Fu Xiang, et de dame Yu Zhong Yu. Mutations n'a pas pu identifier le quatrième prévenu. La visite presque inopinée de Weng Li Jian, un commerçant chinois à Douala, hier vers 14h30, et qui a dialogué avec ses compatriotes, a permis de tirer les prévenus de leur silence. Au parquet du Tpi de Douala Bonanjo, aucune information ne filtre sur les infractions qui sont reprochés à ces chinois.

Par contre à la brigade de recherche de gendarmerie de Douala situé dans les locaux de la légion de gendarmerie du Littoral, un pan de voile se lève. "Selon la plainte que nous avons reçue, six personnes ont agressé le 27 novembre dernier Ma Hu Lan, une Chinoise de 56 ans. Il est reproché à ces personnes les motifs suivants : coups et blessures, coaction et menace", informe l'adjudant Roger Noa Awono, chargé de l'enquête. On apprend ainsi que la plainte a été déposée chez le procureur de la république près le Tpi de Douala Bonanjo, qui l'a transférée à la brigade de Recherche de gendarmerie de Bonanjo.
Sur la base des informations données par les requérants, trois suspects chinois ont été interpellés avant-hier, mercredi 3 décembre 2008 vers midi. Ce sont Yao Mo Biao, Yan Sheng, et dame Yu Zhong Yu. Vers 22h, "conformément aux nouvelles dispositions du Nouveau Code de procédure pénale, ces trois présumés agresseurs sont libérés, après que sieur Weng Li Jian, un commerçant chinois, s'est porté garant de payer la caution de 5 millions Fcfa par personnes si les présumés ne reviennent pas pour la suite de l'enquête", informe une source policière.
" Mafia chinoise "

Hier jeudi, rebondissement dans l'affaire en matinée. Mme Weng Li Jian sera interpellée par la brigade de recherche gendarmerie de Douala. En fin d'après midi, lorsque nous quittions la brigade, Mme Weng Li Jian se trouvait encore assise sur un banc à la véranda, en compagnie de son mari, et à côté d'une bouteille minérale à moitié pleine. Une autre bouteille contient un liquide jaunâtre et une feuille d'arbre à l'intérieur. "C'est du thé. M. Weng Li ne consomme presque exclusivement que du thé", explique un jeune homme, visiblement le garçon de course du couple.
A un moment, le commandant de la brigade de recherche appelle M. Weng Li dans son bureau. Ce dernier qui fumait une cigarette, l'éteint machinalement et remet le mégot dans la poche supérieure de sa chemise, avant d'entrer. Sur les raisons de la présence de dame Weng Li Jian, qui n'est visiblement pas en détention, alors que selon nos informations, son nom apparaît dans la liste des six suspects ayant agressé Mme Ma Hu Lan, l'officier enquêteur de la gendarmerie confie "qu'il se peut qu'il y ait eu confusion sur la personne. On procède encore aux vérifications. Si elle est innocente, on va la libérer", confie l'enquêteur.

Dans le même temps, les trois suspects qui ont été libérés provisoirement, ont été convoqués hier matin par le commissaire de police du 3ème arrondissement à Douala. A leur arrivée, ce commissariat qui avait été le premier à diligenter l'enquête, puisque ayant fait une descente au domicile de la victime au lieu dit "Cinéma Etoile" la fameuse nuit, décide, sur la base des "preuves", d'interpeller les trois présumés agresseurs avant de les transférer au Commissariat central n°1 de Douala. Ils seront finalement déférés au parquet du Tpi hier, vers midi. Au moment où nous mettions sous presse, on apprend que le procureur de la République près le Tpi de Douala-Bonanjo a décidé de renvoyer les suspects au commissariat central n°1, pour "complément d'enquête".
Il est notamment question, a appris Mutations, d'entendre d'autres témoins ayant vécu l'agression de la victime. Les présumés agresseurs pourraient être de nouveau déférés au parquet ce vendredi 05 décembre ou simplement mardi prochain, compte tenu du férié annoncé de lundi. C'est à ce moment seulement que leur inculpation pourra être effective, suivie, probablement, d'une mise sous mandat de dépôt à la prison centrale de New-Bell.

mboasawa

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