Le coordonnateur du programme de bonne gouvernance pense qu'il vaut mieux insister sur la sensibilisation des populations.
Propos recueillis par Dorine Ekwè
Comment le programme national de gouvernance que vous coordonnez lutte contre la corruption ?Nous sommes alignés sur la convention des Nations Unies qui compte trois dimensions : la prévention, la récrimination ou répression et la coopération internationale. Dans ce volet, on intègre celui du recouvrement des avoirs. Au Cameroun, nous mettons d'abord l'accent sur la prévention que couvre le programme national de gouvernance. Parce que, quand une administration est efficace, quand une justice est efficiente, quand on ramène l'ordre des services au niveau local avec la décentralisation, quand la gestion économique et financière est saine, on lutte contre la corruption. Pour ce qui est de la répression, il y a des actions d'ordre administratif et des actions d'ordre pénal. Le nombre de personnes qui sont relevées de leurs fonctions tout au long d'un mois ou d'une année est phénoménal. Peut-être que le rythme n'est pas le bon aux yeux de tout le monde mais la justice va à son rythme mais de ce côté-là, on ne peut pas dire que rien n'est fait.
Pourquoi insister sur la prévention. Le temps des sanctions n'est-il pas arrivé?
Parallèlement à la prévention, il y a des sanctions qui sont administratives ou pénales. Personnellement, je pense qu'il vaut mieux mettre l'accent sur la prévention, ne jamais baisser les bras tout simplement parce que les générations viennent les unes après les autres et c'est un phénomène qui se lit dans les consciences. Il est donc permanent. Parallèlement à cela, il faut réprimer. Mais je pense que la sanction est véritablement efficace quand il y a eu suffisamment de prévention.
On cible les jeunes cette année. Doit-on penser que la sensibilisation chez les aînés n'a pas marché ?
Insister sur la jeunesse est très important. Les valeurs familiales ont une incidence très forte sur le fonctionnement de la société. A côté de cela, il faut cibler le domaine éducatif qui est très important car, c'est dans ce moule que sont formés les citoyens de demain. Depuis 2006, on a introduit l'éducation à la citoyenneté dans les systèmes scolaires primaires et secondaires. Je crois que c'est une cible importante si nous voulons que le Cameroun de demain soit plus xx que le Cameroun d'aujourd'hui. Il est très important que les jeunes soient encadrés dans la lutte contre la corruption.
Plusieurs opérations d'interpellation de " bandits " à cols blancs sont lancées à travers le pays. Pensez-vous qu'elles puissent dissuader corrompus et corrupteurs ?
Oui et non. Oui parce qu'en droit, il y a l'exemplarité de la peine qui, par certains côté, est dissuasive. Elle rappelle à certains imitateurs ce qui peut leur arriver. A côté de cela, la sanction ne suffit pas. Nous devons tout faire pour que la famille soit infiltrée. A ce moment là, c'est un phénomène qui sera purement résiduel. Mais tant que les gens ne sont pas formés, tant qu'ils ne sont pas éduqués ou sensibilisés, je pense qu'une arrestation ou deux ne suffisent pas. Il faut que nous fassions de la lutte contre la corruption un code de comportement. Que ce soit quelque chose de consubstantiel.