L’ancien administrateur provisoire de la Camair est retourné à Yaoundé hier dans la nuit, après avoir été conduit dans la matinée à Douala.
Où se trouve l’ancien administrateur provisoire de la défunte compagnie nationale de transport aérien, la Camair ? Beaucoup répondraient qu’il est aux arrêts. La nouvelle de sa privation de liberté s’est en effet répandue hier, jeudi 08 janvier 2009, comme une traînée de poudre dans les deux grandes métropoles du pays, Douala et Yaoundé. Selon cette nouvelle, Paul Ngamo Hamani a été “ interpellé ” hier matin à Yaoundé pour être conduit chez le procureur de la République au tribunal de grande instance du Wouri à Douala. Ayant appris la nouvelle, une meute de journalistes s’est précipitée au Palais de justice à Bonanjo, dans l’espoir de voir chacun personnellement comment on amène l’ancien boss de la Camair.
Fatigués, les journalistes sont rentrés dans leurs rédactions vers 19h. Beaucoup n’ont pas vu Ngamo Hamani. Hypothèse : il aurait été plutôt reçu à la division régionale de la police judiciaire du Littoral. Fausse piste, à l’issue d’une vérification sérieuse. Certains reporters se sont alors rapprochés du parquet et ceux qui animent le secrétariat leur ont répondu qu’ils ne sont pas au courant d’une demande du procureur d’amener M. Ngamo Hamani à Douala. Ils ont expliqué que c’est le procureur qui décide des gens qu’on va entendre et non la police judiciaire.
Il n’est pas en prison
Le téléphone de Paul Ngamo Hamani est resté ouvert toute la journée. Il sonnait continuellement et allait au répondeur. Mais vers 21h30, Le Messager a pu le joindre. Il a indiqué qu’il était effectivement à Douala, mais qu’il était en route pour Yaoundé. Le réseau téléphonique était mauvais. Nouvel appel une heure plus tard. Il n’est toujours pas à destination. Mais là on a déjà une certitude : il n’est pas écroué. Information prise des sources proches du parquet d’instance du Wouri, les éléments de la police judiciaire ont voulu imposer une audition de Ngamo Hamani et éventuellement sa mise sous mandat de dépôt. Mais le procureur les a renvoyés en leur faisant comprendre que c’est lui qui tient l’agenda des instructions, des inculpations et des privations des libertés. C’est ainsi qu’ils ont rebroussé chemin.
Pendant ce temps, au domicile de M. Hamani au quartier Damase à Yaoundé où Le Messager s’est rendu hier vers 18h, le temps était à la désolation et au désespoir. Le domicile de l’ex-administrateur provisoire ressemblait à une maison de deuil. La cour ne désemplissait pas, amis et parents venant aux nouvelles, chacun à son tour. Certains membres de la famille ne cachaient pas leur nervosité, ne sachant pas quel sort a finalement été réservé à M. Ngamo Hamani. Sur le motif de “ l’interpellation ”, motus et bouche cousue !
Certaines sources croient savoir que l’ancien administrateur provisoire devait répondre des accusations de recrutements fantaisistes et de terrains de la Camair vendus à Douala. Mais beaucoup pensent, au regard de l’action de la police et de la réaction du procureur, que quelqu’un tirerait des ficelles dans l’ombre, dans cette affaire au centre de laquelle se trouve ce fiscaliste au parcours plutôt fulgurant.
Trajectoire
Un fiscaliste au parcours élogieux
Lorsque Paul Gabriel Ngamo Hamani achève sa formation à l’Enam comme major de sa promotion en 1981, ce jeune inspecteur des impôts se voit certainement promis à un bel avenir. Surtout qu’avant d’être reçu au concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature, Ngamo Hamani, qui a vu le jour le 23 octobre 1955 à Bafang, était titulaire d’un diplôme d’études approfondies en sciences économiques de l’Université de Yaoundé. L’inspecteur des impôts débute sa carrière professionnelle en 1982 à Bertoua ; il y reste jusqu’en 1988 après avoir occupé le poste d’inspecteur provincial adjoint des impôts de l’Est. De 1988 à 1997, Ngamo est inspecteur vérificateur national à la direction des impôts. Et jusqu’en 2000, il est inspecteur des services dans cette direction où il a par ailleurs occupé le poste de chef de la division des fiscalités spécifiques. Il a aussi été administrateur de la société Cotco.
De 2004 à 2005 Ngamo Hamani est chef par intérim de la division des grandes entreprises de la direction des impôts. Il occupe également les fonctions de président de la commission technique de réhabilitation et de suivi des entreprises du secteur public et parapublic. Avant cela, Ngamo Hamani a été membre de la commission de réforme fiscale (1994-1995), membre de la commission de réforme du cadre juridique des finances publiques camerounaises. Il a aussi été membre de l’équipe de conception des réformes de l’administration fiscale camerounaise ; chargé de la préparation et du suivi des missions d’assistance technique du Fmi et de la Banque mondiale et de la coopération française auprès de l’administration fiscale camerounaise ; président de la commission de réforme fiscale (2007)… Ngamo Hamani a aussi été formateur ; il a enseigné la fiscalité à l’Enam. Cette expérience professionnelle a certainement milité en faveur de sa nomination, en février 2005, au poste d’administrateur provisoire (Ap) de la Cameroon airlines (Camair), poste qu’il occupe jusqu’en 2008 et qui lui vaut ses ennuis actuels.
mboasawa
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