La présidence de Kadhafi s’annonce mouvementée


Elu pour un an à la tête de l’Union africaine, le guide libyen a mis en avant son projet des Etats-Unis d’Afrique. Ce qui a entraîné un tollé lors des débats du 12ème sommet de l’Union africaine.

Placé sous le thème “ Développement des infrastructures en Afrique ”, le 12ème sommet de l’Union africaine a débuté à Addis-Abéba dimanche dernier 1er Février 2009. Il a été précédé samedi par une conférence ministérielle consacrée aux préparatifs. Au cours de cette conférence, le président de la commission de l’Union africaine le Gabonais Jean Ping a précisé le contexte mondial de crise dans lequel se tient ce sommet, et qui a des répercussions néfastes sur le progrès de l’Afrique. La crise “ oriente davantage l’agenda de la Communauté internationale vers le sauvetage et le renflouement des institutions bancaires et financières, que sur le financement du développement ”, s’est-il alarmé.
Au même moment, “ les économies et les populations africaines s’apprêtent à subir de plein fouet les conséquences de ces crises dont elles ne sont nullement responsables ”, avait-il ajouté en soulignant “ la vulnérabilité d’un continent toujours fragilisé par des crises latentes et des conflits ouverts ”. Mais des légers progrès sont quand même à noter, notamment, les “ efforts de consolidation de paix et de reconstruction post-conflits au Burundi, aux Comores, au Liberia, en Sierra Leone, en République Centrafricaine (Rca) ainsi qu’au sud Soudan et le bon déroulement des élections en Guinée-Bissau, en Zambie et tout dernièrement au Ghana ”, s’est félicité M. Ping. Cette même journée de samedi a été consacrée au sommet extraordinaire des Grands Lacs sur la République Démocratique du Congo (Rdc).
Bien qu’un tel sommet soit d’une importance capitale pour le devenir du continent africain, on a noté beaucoup d’absents. Des habitués de cette grand-messe de l’Union africaine, comme l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, l’Ivoirien Laurent Gbagbo, le Congolais Denis Sassou Nguesso, n’ont pas été au rendez-vous. Le Gabonais Omar Bongo a annulé son déplacement à la dernière minute. Mais le Sénégalais Abdoulaye Wade, le Tchadien Idriss Déby ou le Béninois Boni Yayi ont répondu présent.

Débat houleux
La session spéciale de dimanche, dont l’objet principal a porté sur le gouvernement de l’Union, et la formation des Etats-Unis d’Afrique s’est déroulée à huis clos. Au cours de ce huis clos, le débat sur ces questions cruciales a provoqué un tollé au point où la clôture du sommet a été prolongée d’une journée. Ce projet cher à Kadhafi a entretenu une vive polémique entre partisans de l’intégration politique du continent et leurs adversaires. Les adversaires du guide libyen, au premier rang desquels on trouve les pays d’Afrique australe et d’Afrique de l’est, seraient majoritaires. Cela dit, deux camps se dégagent à savoir le courant gradualiste, qui préconise l’institutionnalisation progressive, par le renforcement et la consolidation des unions économiques régionales, ce qui est la position de l’Angola ; et ce que l’on appelle le groupe immédiatiste, qui prône la création immédiate des Etats-Unis d’Afrique.
Cependant, selon certaines informations circulant dans la presse africaine sur la question, il existerait trois options possibles pour la création du gouvernement africain. La première préconise l’institutionnalisation d’un gouvernement avec neuf ministères, desquels on distinguera la Santé, l’Environnement et les Infrastructures, la Paix et Sécurité, ainsi que le Commerce. La seconde préconise quant à elle son élargissement à 16 membres. La troisième option consisterait dans la nomination de 53 ministres, provenant du même nombre des Etats membres de l’Ua.
Des affrontements verbaux parfois violents ont caractérisé le débat, notamment entre le colonel Kadhafi et le président ougandais. Yoweri Museveni aurait interpellé le colonel Kadhafi en ces termes : “ Les Africains sont polis mais ils doivent être respectés. ” Un compromis a tout de même été trouvé au bout de quatre heures de négociation. La décision finale reportée à plus tard. L’acte constitutif de l’Union africaine devrait être amendé, la fameuse autorité continentale, prélude aux Etats-Unis d’Afrique, devrait être créée avec 14 secrétaires. En fin de compte, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine ont décidé de reporter la clôture du 12e sommet de l’Ua, à cause du désaccord persistant sur le “gouvernement de l’Union”. Les dirigeants ont simplement convenu de changer la dénomination de la commission, organe exécutif de l’Ua, en l’appelant “autorité africaine”.
 

Par Etienne SEGNOU (stagiaire) Avec l’Afp et Rfi


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