Extraits du discours du souverain pontife à l’aéroport de Nsimalen à Yaoundé le mardi 17 mars 2009.
Monsieur le Président, mesdames et messieurs qui représentez ici les autorités civiles, monsieur le cardinal, chers frères dans l’épiscopat, chers frères et sœurs.
Même parmi les plus grandes souffrances, le message chrétien est toujours porteur d’espoir. La vie de sainte Joséphine Bakhita offre un exemple lumineux de la transformation que la rencontre avec le Dieu vivant peut apporter à une situation de grande détresse et d’injustice. Devant la souffrance ou la violence, la pauvreté ou la faim, la corruption ou l’abus de pouvoir, un chrétien ne peut pas rester silencieux. Le message salvifique de l’Évangile doit être proclamé haut et fort, afin que la lumière du Christ brille dans les ténèbres que vivent les peuples. Ici, en Afrique, comme dans de nombreuses parties du monde, d’innombrables hommes et femmes ont longtemps attendu avant d’entendre une parole d’espérance et de réconfort. Les conflits régionaux ont entraîné des milliers de sans-abri, démunis, orphelins ou veuves. Dans un continent qui, autrefois, a vu tant de ses enfants cruellement déracinés et vendus à l’étranger pour travailler comme esclaves, la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants sans défense, est devenue aujourd’hui une nouvelle forme d’esclavage. À une époque de pénurie alimentaire mondiale, de turbulences financières, et d’inquiétants exemples de changement climatique, l’Afrique souffre de manière disproportionnée : de plus en plus de ses enfants sont en proie à la faim, à la pauvreté et à la maladie. Ils crient à la réconciliation, à la justice et à la paix, et c’est ce que l’Eglise leur offre. Non de nouvelles formes d’oppression économique ou politique, mais la glorieuse liberté des enfants de Dieu (cf. Rm 8:21). Non l’imposition de modèles culturels qui ignorent les droits de l’enfant à naître, mais la guérison d’eau pure de l’Evangile de la vie. Non d’amères rivalités interethniques ou interreligieuses, mais la justice, la paix et la joie du Royaume de Dieu, si bien décrites par le pape Paul VI comme la civilisation de l’amour (cf. Message Regina Coeli, dimanche de Pentecôte, 1970).
Alors qu’au Cameroun plus d’un quart de la population est catholique, l'Église est en mesure de mener à bien sa mission de réconfort et de réconciliation. Au Centre Cardinal Léger je pourrai constater par moi-même la sollicitude pastorale de cette Église locale envers les personnes malades et souffrantes ; et il est particulièrement souhaitable que les malades du sida puissent recevoir dans ce pays un traitement gratuit. L’éducation est un autre aspect essentiel du ministère de l'Église : maintenant nous pouvons voir les efforts de générations de missionnaires enseignants porter des fruits quand nous contemplons l’œuvre accomplie par l’Université catholique d’Afrique centrale, qui est un signe de grande espérance pour l’avenir de cette région.
Car le Cameroun est bien une terre d’espérance pour beaucoup d’hommes et de femmes de cette région centrale de l’Afrique. Des milliers de réfugiés, fuyant des pays dévastés par la guerre, ont été accueillis ici. C’est une terre de la vie où le gouvernement parle clairement pour la défense des droits des enfants à naître. C’est une terre de paix : à travers le dialogue qu’ils ont mené, le Cameroun et le Nigeria ont résolu leur différend concernant la péninsule de Bakassi et montré au monde ce qu’une diplomatie patiente peut produire de bon. C’est un pays jeune, un pays béni parce que la population y est jeune, pleine de vitalité et décidée à construire un monde plus juste et plus paisible. A juste titre, le Cameroun est décrit comme une « Afrique en miniature » qui abrite en son sein plus de deux cents groupes ethniques différents capables de vivre en harmonie les uns avec les autres. Voilà bien des motifs pour rendre grâce.