Menace de grève à l’hôpital Général de Yaoundé


Les personnels contractuels se disent victimes d’abus et de mauvais traitements.

Une colère sourde gronde dans les allées de l’hôpital Général de Yaoundé depuis plusieurs jours. Pour exprimer leur ras-le-bol, les personnels temporaires veulent arrêter le travail, même si cela devait paralyser l’institution. “ Les réponses du Dg prêtent à équivoque et sont sujets à contestation. Non seulement il estime qu’il n’y a pas d’argent, mais il affirme que les médecins détournent les malades et dépouillent l’institution de ses revenus. Et pourtant, dans les services de la morgue, la comptabilité matière, l’économat et la facturation, des cadres sont recrutés chaque jour par le Dg qui ferme les yeux sur les doléances des personnels contractuels et à la contractualisation des temporaires qui pour la majorité ont déjà passé plus de dix années de service ”, dénoncent-ils.
Il y a deux semaines, ces personnels contractuels ont voulu mettre à exécution leur plan d’arrêt de travail. Informé, le Dg est parvenu à désamorcer la bombe sans résoudre les problèmes de fond. Le Pr. Ndjitoyap Ndam a fait convoquer les leaders de la fronde à une réunion présidée par le délégué régional du Travail et de la Sécurité sociale du Centre le 13 avril 2009. Au cours de ladite réunion de crise, les représentants des contractuels ont présenté au délégué régional du Centre leurs principales doléances en neuf points : revalorisation des salaires ; logement pour tous ; grille salariale unique ; primes d’ancienneté ; payement des congés ; avancements au choix ; recrutement de tous les temporaires ; prime de santé publique pour tous ; prise en charge médicale du personnel à 75%, produits pharmaceutiques inclus. “ Si elles ne sont pas prises en compte dans les prochains jours, nous risquons d’être poussés à mettre la menace d’arrêt de travail à exécution ”, concluent-ils.

Représailles
“ Monsieur le ministre, votre venue à l’hôpital Général nous honore et nous avons beaucoup d’espoir qu’enfin, la prime d’ancienneté qui est de 2% par an, qui n’existe pas depuis l’ouverture de cet hôpital sera payée. Nous avons aussi espoir que l’augmentation des salaires de 15% et les 20% de logement pour tous, décidé par le président de la République en avril 2008 nous serons enfin alloués ”. Telle est la substance de la correspondance adressée le 12 décembre 2008 au ministre de la Santé publique en prélude à la cérémonie de remise des décorations aux personnels de cet établissement hospitalier de référence le 19 du même mois.
Pour justifier pourquoi ils ont directement envoyé ce brûlot au ministre avant la cérémonie, les personnels contractuels évoquent la peur de représailles. “ Ce qui se passe, c’est que le discours du représentant du personnel passe généralement à la censure ; les responsables enlèvent les parties qui les gênent et continuent de faire croire que tout va bien ”, affirment-ils. A les en croire, depuis des mois, leurs revendications sont restées lettre morte. “ Ils ont même dit que les retombées du décret présidentiel du mois d’avril 2008 ne nous concernent pas ; alors que lors de la baisse des salaires décidée en 1993 et 1994, nous avons vu nos salaires diminués de façon drastique ”. Selon les responsables de l’hôpital, toutes les questions évoquées sont étudiées au cas par cas. Pour Bidias Rigobert, directeur administratif et financier, il y a quelque part un problème d’incompréhension. “ L’hôpital est un établissement public administratif. Les augmentations dont il est question dans le décret présidentiel d’avril 2008 ne concernaient pas tout le monde. Dans un esprit de dialogue entre les différents acteurs, l’institution fait de gros efforts pour entretenir le dialogue. Toutes les revendications sont prises en compte ”, explique-t-il.
Toujours est-il que las d’attendre que les instructions du ministre soient appliquées, les personnels temporaires ont relancé le ministre Mama Fouda le 25 janvier 2009. “ Malgré vos instructions, rien n’a été fait jusqu’à aujourd’hui. On nous dit qu’il n’y a pas d’argent et qu’en plus, nous ne sommes pas des fonctionnaires. De qui se moque-t-on quand on dit qu’il n’y a pas d’argent alors que le Dg continue de recruter? Peut-on respecter le décret présidentiel qui nomme le Dg et fouler au pied celui qui instruit les augmentations de salaires ? ”, s’interroge le personnel contractuel.
 

Par Souley ONOHIOLO


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