L'honneur du Journalisme

Deuxième Lettre aux médias :
La leçon du ministre de la communication aux gens de média
Par Jean-Pierre BIYITI bi ESSAM*

I1 aimait à le répéter, en parlant du plus beau métier du monde qui fut aussi, au sens christique du terme, sa grande Passion:

« On y entre comme dans l'Armée: par l'Académie militaire, ou sac au dos ».

Sac au dos, à l'instar d'un Pierre Lazareff, Henri Bandolo - puis qu'il s'agit de lui - fit son entrée dans le métier qui nous a choisi. I1 en a, sans aucune marche sauter, gravi tous les échelons jusqu'au dernier: quelle carrière, mais quelle belle carrière que la sienne ! Et quel fabuleux Destin !

Disons-le sans ambages, le journalisme est d'abord un Art. I1 ne suffit pas de le vouloir, encore faut-il avoir du talent, pour être journaliste. Et comme dans la parabole biblique, le fructifier, ce talent; parce que le public est un juge aussi sévère qu'infaillible.

Le journaliste est un homme habité par le souci de bien dire, écrire bien. I1 participe d'une sorte Aristocratie.

Vous qui ne savez pas écrire: changez de métier !

Le devoir de la presse est d'informer. Et l'information j'emprunte à Bernard Voyenne c'est le récit circonstancié d'événements actuels, ayant un intérêt humain …

Si le Journalisme est effectivement un Art, il est un Art au service d'une noble cause: la cause de l'Homme. Voilà pourquoi le Journaliste est un homme en situation, à l'occasion un homme engagé, dans un combat moral ou politique.

Le Journaliste n'est pas seulement une grande voix, pas uniquement une plume acérée. I1 est à la recherche de la vérité des faits (. . . récit circonstancié...). I1 faut alors, pour le Journaliste qui aime et respecte son métier autant que son public, la perspicacité de distinguer les faits avérés des allégations, suppositions et autres supputations.

La vérité point ne se décrète; elle se prouve. C'est une affaire de courage autant que d'humilité.

Vous, qui ne cultivez pas l'humilité et manquez de courage: ce métier n'est pas le vôtre!

Ah s'ils pouvaient se convaincre, ces jeunes et moins jeunes journalistes qui le matin se réveillent l'injure à la bouche, que ce métier-là est un métier de gens civilisés, un métier de gentlemen, où l'insulte n'a pas sa place; le vrai journaliste sait tout dire...et le reste, sans humilier personne.

Ah s'ils pouvaient se convaincre, ces jeunes et moins jeunes journalistes impudiques, qui pensent que le journalisme, c'est la publication de photos osées, obscènes, que ce métier là est un métier de gens civilisés, un métier de gentlemen, où l'on doit sans cesse être attentif aux droits de l'homme, de tout homme, fût-il ministre, ou député !

Eh bien vous, qui n'avez pas su, qui n'avez pas pu vous acheter une Education: quittez ce métier !

Voilà que récemment, il était donné aux Camerounais de lire, ici et là à travers la presse nationale, des Lettres ouvertes, dont notamment une, relative aux tristes événements de Bakassi, et signée...d'un Sergent Chef, sans autre précision ni de nom, ni de matricule...Une Lettre ouverte, ce n'est pas un tract, elle doit être signée, nom et prénom, matricule sinon ne la publiez pas.

Directeurs de publication, revisitez donc, pendant qu'il est encore temps, la théorie de la protection des sources !

Aux mêmes Camerounais il a aussi été servi des reportages de fusillades dans la mangrove de Bakassi; avec un tel luxe de détails que l'auteur du papier ne pouvait être qu'un témoin oculaire.

Directeurs de publications: revisitez s'il vous plaît pendant qu'il est encore temps, la théorie du journalisme d'investigation: elle a peu de choses à voir avec la fiction romanesque. Quant à vous qui décrivez comme si vous y étiez des scènes que vous n'avez pas vécues, vos Avocats auront du mal à vous défendre; votre Ministre du mal à vous protéger parce que vous faites un métier qui n'a rien à voir avec le journalisme.

Les mêmes Camerounais, décidément sollicités sur ce terrain, se voyaient encore servir sur les antennes d'une Radio privée émettant depuis Yaoundé la capitale du Cameroun, les noms d'agents de services de renseignement, en poste dans des Ambassades du Cameroun. A se demander comment la presse nationale peut se permettre de jeter en pâture, ceux-là mêmes qui vouent leur vie à la défense de la Patrie?

En République l'Armée est prénommée « la Grande Muette ». Nous sommes en République, Messieurs ! L'Armée ne parle pas; ne parlez pas d'elle; et nulle part au monde, elle n'est un sujet de reportage, pas même dans les vieilles démocraties: la France, les Etats-Unis...

Directeurs de publications: revisitez donc pendant qu'il est encore temps la guerre du Koweït, la guerre d'Irak...

La presse, au Cameroun, est libre. C'est un truisme de l'affirmer. Elle ne l'a pas toujours été, n'en déplaise à ceux qui aujourd'hui font commerce de l'autre époque, qu'ils décrivent volontiers en Technicolor. Jeunes journalistes, ah ! Si vous saviez.

L'honneur du journalisme, au-delà des intérêts de chapelle, c'est d'informer sereinement, objectivement; c'est d'éduquer, de contribuer, aussi, à la formation de la culture citoyenne et au développement de la conscience nationale. L'honneur et le devoir du Journaliste, c'est de ne rien affirmer dont on ne puisse apporter la preuve.

Hors ces principes, point de Journalisme. Et ceux qui ont dans ce métier, laissé une empreinte indélébile, ceux qui voudront dans ce métier laisser une marque, d'où qu'ils sortent, des rangs ou de l'Académie peu importe, devront faire leurs, ces nobles principes.

Bonne et heureuse année 2008

* Ministre de la Communication

mboasawa

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