Chaque année, l'édifice de Bonadibong accueille la communauté chrétienne de Douala pour fêter Pâques. Cette fois, on célébrait sa 72e fête pascale.
Dans la grande cour qui donne sur l'entrée principale de l'évêché de Douala, le quotidien des habitués des lieux n'a pas changé. Sous les manguiers non loin de la route comme le long de la route au voisinage de l'immeuble du Pari mutuel urbain du Cameroun (Pmuc), de jeunes gens (hommes et femmes) vendent des objets liturgiques. Il s'agit notamment des livres de prière, des chapelets, divers médaillons et bougies pour les offices religieux... Non loin de là, des dizaines de gens se relaient. A genoux, ils prient devant le sanctuaire marial érigé ici et pour lequel l'Ordinaire des lieux, Christian Cardinal Tumi a fait disposer de longs bancs en béton. De nuit, la grande croix constituée de réglettes qui le supplantent coin, illumine cet espace boisé.
A la veille de la célébration de la récente fête de Pâques comme en ce lendemain, aucune disposition particulière ne renvoie à un événement spécial. Toujours est-il que pour la célébration de la résurrection du Christ, St Pierre et Paul a abrité deux messes pontificales. "Nous organisons les choses de manière à ce que seule la préparation spirituelle des fidèles prennent le pas sur le reste. Certes, on n'admettra jamais de célébrer l'Eucharistie dans la saleté. Celle de la joie de Pâques encore moins.
Pour cela les confréries savent ce qu'elles doivent effectuer comme travail. Chaque jour, une équipe s'occupe de la propreté de la cathédrale. Le carême a suffisamment permis de préparer l'Eglise entière aux festivités de la nativité. La communauté chrétienne de la cathédrale St Pierre et Paul devait avoir assimilé les sermons de cette période de pénitence", se laisse aller l'abbé Michel Nsing Eoné, rencontré dans les locaux de la cathédrale de Douala.
A côté des véhicules des laïcs et membres du clergé qui entrent et partent sans cesse de cette grande cour qui ceinture complètement le vaste bâtiment et sert également de d'espace de récréation aux écoliers de St Jean Bosco, on note l'intense activité de l'imprimerie de la Maison catholique de la communication sociale (Macacos) qui ploie sous de nombreuses commandes de divers travaux. A l'intérieur de l'église, comme d'ordinaire hommes et femmes s'occupent au ménage. Parallèlement, de manière clairsemée, certains fidèles sont en prière. "Je me suis donné pour pénitence avant la célébration de la résurrection de Jésus, de passer méditer sur les Ecritures à heures fixes ici tous les jours durant toute la période de carême. Je suppose que c'est le cas de tous ceux qui sont là", indique Elie Ngando un notable et habitant de Bali.
Caveau
La cathédrale St Pierre et Paul reste ouverte tous les jours. Ici, en plus des offices religieux du dimanche qui ont respectivement lieu à 6h30 pour les communautés bassa mpoo et beti, 8h (la messe en anglais), 9h30 en duala, 11h en français et latin, et 18 en français, du lundi au samedi, il y messe tous les jours à 6h30 le matin et à 18h30 le soir. Le curé Oscar Eone Eone et ses vicaires, André Mbem Fils et Dieudonné Noum se donnent également pour mission de procéder chaque jour après la messe de 6h30 aux confessions de ceux des ouailles qui le désirent. L'adoration au St sacrement se fait quant à lui, tous les soirs après l'office de 18h30. Le carême comme le temps de Pâques qui a débuté aura été une période de pèlerinage à la cathédrale St Pierre et Paul de Douala. Sur la nef centrale, nombreux sont ceux qui viennent s'incliner sur le caveau situé à l'entrée juste à droite de l'entrée principale.
Cette inclinaison n'épargne pas les élèves de l'école St Jean Bosco dont l'un des bâtiments ont été détruits en 2007 pour de nouvelles extensions.
De part les écriteaux sur les tertres, on peut lire qu'ici reposent leurs seigneurs Mathurin Le Mailloux, évêque de Tit de Turuzi nommé vicaire apostolique du diocèse de Douala, il mourut le 17 décembre 1945 à l'âge de 67 ans. Mais aussi, Pierre Bonneau, premier évêque de Douala décédé le 27 janvier 1957 à 53 ans, Thomas Mongo lui aussi évêque de Douala mort le 17 mars 1988 à 74 ans. Et Simon Tonye le premier archevêque de Douala qui s'est éteint le 22 février 1997 dans sa retraite à 75 ans. "Ils sont les protecteurs de notre édifice. Comme dans nos familles, nous vivons avec nos morts. Nous vivons dans nos morts. Il est donc naturel que nous venions prier et pleurer sur eux à certains moments. Parfois quand on a des problèmes on va parler à des parents morts dans leur repos. C'est la même choses ici pour ces pères qui sont nos aînés dans la foi", croit savoir Elie Ngando.
Délimitée au Nord par la paroisse Dominique Savio (lieu dit feu rouge marché des fleurs), au Nord-Ouest par la paroisse Notre Dame du Mont Carmel (douche deux églises) et au Sud par St Jean de Deïdo(rond point de la Salle rond point école publique), la cathédrale comprend six quartiers. Il s'agit notamment de Bonanjo, Bali, Bonadibong, Bonakouamouang Ngodi-Bonelekè et Essenguè. Aujourd'hui âgée de 72 ans cette église revêtue de jaune pâle et pourpre a été consacré le 22 mars 1936 en présence de sept évêques dont Le Rouge de Conakry, Bouque de Nkongsamba, Herrey de Onistsha (Lagos), René Graffin de Yaoundé Mgr Graudin de l'Oubangui-Chari, Biechy de Brazzaville et bien entendu l'administrateur apostolique de Douala Mathurin Le Mailloux. A cette cérémonie d'inauguration solennelle de cet édifice, prenaient part aussi des autorités administratives conduites par l'administrateur le gouverneur Repiquet et l'inspecteur général des colonies. C'est cependant le 06 août 1933 qu'eut lieu la pose de la première de la cathédrale St Pierre et Paul par Mgr Graudin, préfet apostolique de l'Oubangui-Chari.
Baba Simon
Cette cérémonie de consécration fut pour l'assistance, l'occasion d'admirer fois de plus, les nombreux éléments architecturaux néo-romans notamment sur son porche. Et surtout les deux clochers qui cadrent la façade centrale de cet édifice qui ne porte pas son âge. Au lendemain de l'ordination à Edéa le 08 décembre 1935 de Simon Mpecke, Oscar Missoka, Jean Oscar Awoue et Joseph Melone la nouvelle cathédrale fut ouverte au public. C'est ainsi que pour sa messe des prémisses, le 26 décembre 1935 à 9h, celui qu'on appellera plus tard Baba Simon, l'abbé Simon Mpecke (le tout premier prêtre camerounais à célébrer dans la nouvelle église) officie dans la toute nouvelle cathédrale. Dix ans plus tard, le 18 décembre 1945, vers 13h, St Pierre et Paul ouvre son caveau pour accueillir la dépouille de Mgr Le Mailloux mort 24h plus tôt des suites de maladie. De retour d'un voyage de Mariemberg, le 03 décembre, le vicaire apostolique est gravement malade avant de rendre l'âme le 17 décembre 1945. C'est alors que le père Bonneau est nommé évêque.
Depuis lors la cathédrale de Douala a vu successivement ordonner leurs seigneurs Thomas Mongo, Simon Tonye et Simon pierre Tonye. Elle a servi de cadre à des dizaines de cérémonies d'ordination presbytérales et de différentes festivités des vœux de religieux et religieuses. La vie atour de la cathédrale St Pierre et Paul de Douala n'est pour autant pas un long fleuve tranquille. Bien qu'entourée de nombreuses institutions parmi lesquelles des établissements scolaires et sanitaires dont, l'école St Jean Bosco, le collège Libermann, le collège du St Esprit etc., elle fait face à une insécurité qui menace à la fois le clergé en place et les ressources humaines des de divers autres organismes aussi bien de l'évêché, de Radio Veritas, de L'Effort Camerounais, de Macacos, que de la clientèle. "La situation est assez préoccupante de nuit. A certaines heures, il ne fait pas bon se retrouver dans la cour de notre église. Descendre du taxi en face de ce cimetière est un énorme risque", confie Achille Mbondé un client de Macacos qui s'est fait plusieurs fois agresser à cet endroit.
C'est que le cimetière situé en face de St Pierre et Paul est un repaire de bandits. "Au début, on croyait qu'il ne s'agissait que de la petite délinquance des enfants de la rue. Le cardinal a entrepris d'ouvrir des centres pour les accueillir en vain. Par la suite on s'est aperçu que c'est des bandits qui n'ont rien à voir avec ces enfants", renchérit Auguste Mbouss, un employé de Macacos. L'insécurité est grandissante autour de la cathédrale. Elle part du stade Mbappé Lépé où des loubards fument du chanvre à longueur de journée avant de se retrouver au cimetière qui jouxte cette aire de jeu de plus en plus fréquentée. Ici, ils organisent des raids en direction de la route à certaines heures tardives de la nuit. Il devient alors difficile dès lors sinon interdit de descendre du taxi devant l'église. "On ne les voit jamais arriver.
Ils viennent toujours en bande au dépourvu, vous déposséder de vos biens dont les téléphones portables, les bijoux, de l'argent et d'autres effets comme les chaussures. Une fois, ils ont tenté d'entraîner une jeune dame qui sortait de la boulangerie Sacker dans leur refuge. Elle n'a eu la vie sauve que grâce à l'intervention des gardiens accourus. Malheureusement pour elle, ils s'étaient déjà emparés de ses effets. C'est la preuve que l'Eglise est au cœur des réalités de la vie de tous les jours", se dit presque résigné Paulin Njock un catéchiste. Et Christian Cardinal Tumi de dire, qu'il espère qu'un jour, "ces enfants jamais reniée par Dieu suivront son appel et abandonneront cette voie suicidaire pour l'humanité et surtout, pour notre pays, le Cameroun". Un message qu'il martèle comme tant d'autres à longueur d'année en chaire dans l'enceinte de St Pierre et Paul qui a une capacité d'environ 3000 places assises.
Léger Ntiga
mboasawa
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