Zone Cemac : Les Etats pour le rapprochement de la Dsx et la Bvmac


Le Comité ministériel de l'Umac et le conseil des ministres ont réaffirmé leurs volontés à soutenir la démarche de la Cosumaf.

L'atelier sous régional sur le développement du marché financier en Afrique centrale tenu à Douala les 28 et 29 octobre dernier avait donné l'impression d'un bon départ pour le rapprochement (enfin!) entre les deux bourses installées dans la zone Cemac. Cet espoir suscité par la présence à Douala des représentants des deux places boursières, sous les regards des responsables de l'autorité de régulation, la Commission de surveillance du marché financier d'Afrique centrale (Cosumaf), avait été terni, quelques jours après, par la sortie du président de la Commission des marchés financiers du Cameroun (Cmf), le régulateur de la Dsx. La démarche de rapprochement entreprise par la Cosumaf n'était donc pas du goût de la Cmf. La preuve est venue de ce qui peut être considérée comme une espèce de mise au point du gendarme du marché financier camerounais.

Dans une correspondance, Chief Théodore Ejangue, le président de la Cmf, précise d'entrée de jeu que l'existence de textes réglementaires distincts sur le plan national ne constitue en rien un obstacle quant au développement ou à l'intégration des marchés financiers "Nombreux exemples à travers le monde donnent une parfaite illustration des marchés développés et intégrés qui fonctionnent dans le cadre de réglementations nationales distinctes…", écrit M. Ejangue. Et comme coup de gueule, le président de la Cmf dit reconnaître que la Cemac comprend 6 pays dont un seul (le Cameroun) dispose pour le moment d'une bourse de valeurs en activité, "avec de faibles performances certes, mais qui ne sauraient en aucun cas être comparées à celles d'une place financière à l'activité encore inexistante". En conclusion, la Commission des marchés financiers du Cameroun se dit convaincue que le fonctionnement du marché financier camerounais ne constitue en aucun cas un obstacle à l'émergence des opérations de marché financier dans les 5 autres pays. "Il serait judicieux pour les responsables du marché financier régional, plutôt que de focaliser leurs efforts à une quelconque fusion ou une absorption des institutions du marché financier camerounais, d'œuvrer pour l'émergence et le développement des transactions boursières dans les 5 autres pays…", écrivait M. Ejangué.

Incompréhension
Le président de la Cmf souhaite donc l'émergence des opérations boursières dans les autres pays de la Cemac en prenant le Cameroun pour modèle, l'institution d'un mécanisme de rencontres et de consultations périodiques dans la perspective d'aborder des questions d'intérêt commun et particulièrement les problèmes techniques constituant des obstacles d'intégration des marchés sur les plans économiques, juridique et institutionnel.

Rivalité
En somme, il s'agit d'une réaction à une démarche entreprise par la Cosumaf. Et pourtant, pour Alexandre Gandou, le président de cet organisme, "le rapprochement procède de l'acceptation de la coexistence dans l'espace économique de la Cemac de deux marchés financiers, mais sous la condition que leur fonctionnement soit régi par des règles communes de sorte que les investisseurs et les émetteurs ne soient pas confrontés à une juxtaposition des textes réglementaires différents au risque de créer des dysfonctionnements, des coûts supplémentaires, voire une insécurité juridique".
Face à des sons discordants émis par les différents acteurs de ces deux bourses, deux instances financières de la Cemac viennent d'apporter leur soutien à la démarche du président de la Cosumaf. D'abord, le 09 décembre dernier à Bata en Guinnée Équatoriale, le comité ministériel de l'Union monétaire de l'Afrique centrale (Umac), sous la présidence du ministre camerounais des Finances, Essimi Menye, a "réaffirmé la nécessité de rapprocher les bourses de Libreville et de Douala en vue de renforcer l'intégration financière".

Ensuite, le 11 décembre à Bangui, le Conseil des ministres en sa 20ème session a "pris connaissance de la recommandation du comité ministériel visant le rapprochement de la bourse régionale et la bourse nationale du Cameroun" et a "instruit la Commission de la Cemac d'accompagner la Cosumaf dans la démarche entreprise". Cette dernière incompréhension est en effet le prolongement d'une vieille rivalité qui existe entre les deux places boursières. Depuis que la capitale gabonaise, Libreville, a été choisie comme siège de la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (Bvmac) au détriment de Douala lors d'une conférence des chefs d'Etats de la Cemac tenue à N'djamena au Tchad, les autorités camerounaises ont aussitôt réagi en annonçant la création de la Dsx (Douala Stock Exchange). Chacune des deux places boursières a eu le temps d'attirer quelques investisseurs à travers des emprunts obligataires ou des processus de recapitalisation. Autant de points de vue que les chefs d'Etats de la sous région trouveront, certainement, sur leur table au cours de la prochaine conférence prévue à Bangui en République de Centrafrique.

L. K.


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