Rétrospective 2009 Culture: Charlotte Mbango, V. Lobé, E. Sadey, JP Kaïti…for ever


L’année 2009 qui vient de s’achever n’aura pas été rose pour les artistes camerounais. Certains sont passés de vie à trépas. Les mélomanes ne les oublieront pas de si tôt.

Rétrospective 2009 Culture: Charlotte Mbango, V. Lobé, E. Sadey, JP Kaïti…for ever


Egide Sadey, artiste, chanteur, auteur et compositeur a rendu l’âme à Paris au mois d’octobre 2009. Né le 15 août 1949 au Congo Brazzaville, il a 20 ans en 1969 lorsqu’il décide de quitter les bancs en classe de terminale pour démarrer une carrière musicale. Il intègre alors le groupe Negro Style de Nellé Eyoum et y insuffle un brin de modernité avec un jeune pianiste de 14 ans nommé Tallest. Il jouera aussi aux côtés de Sam Fan Thomas et Bell’a Njoh dans le groupe d’André Marie Tala. Il en sera de même avec Ekambi Brillant au concours RFI de la musique parrainé par Manu Dibango. Frère aîné de l’artiste Béko Sadey, Egide a également joué en professionnel dans les cabarets parisiens et participé en studio aux enregistrements de plusieurs artistes camerounais et étrangers. Il a été l’auteur de 4 albums (Natondi Oa 1975(45T), Soony 1982 (33T), Natondi Oa 1986 (33T) et Funkey Makossa (45T géant) 1990) dont un produit par Ngallé Jojo.

S’il est une disparition qui non seulement a fâché mais également affecté la grande famille artistique camerounaise en 2009, c’est à n’en point douter, celle de la diva de la musique camerounaise, Charlotte Mbango. Ce 2 juin 2009, la nouvelle tombe comme un couperet : Charlotte Mbango n’est plus. L’annonce est faite par son cousin Joe Mboulé qui précise qu’ « elle souffrait de diabète aigu depuis trois semaines ». Tout le Cameroun musical portait ainsi le deuil. La grande prêtresse du makossa s’en était donc allée. Choriste dès l’âge de 9ans, elle avait séduit les cœurs des mélomanes d’Afrique et du monde à travers ses nombreux tubes à succès. Depuis le début des années 80, Charlotte Mbango était l’une des grandes figures de la musique camerounaise. Avec l’album «Nostalgie», elle se fit connaître du grand public à travers le titre fétiche «Dikom lam la moto». Avec une bonne dizaine d’albums, elle recevra le «Tamani d’honneur » lors des «Tamani d’or » à Bamako en 2003. Charlotte Mbango représentait la nouvelle génération des chanteuses camerounaises.

Sa riche carrière de choriste lui a permis d’accompagner d’autres grands noms de la musique avec qui elle fera des duos intemporels. On garde alors en mémoire le fameux « Sengat to » chanté avec le feu Tom Yom’s. Pour les artistes camerounais qui lui ont rendu des hommages mérités, «Charlotte Mbango était talentueuse et chantait vrai. Elle est parmi ces voix qui ont contribué au décollage de la musique au Cameroun et en Afrique. Nous sommes orphelins. Elle va nous manquer comme une maman manque à ses enfants», a déclaré Joe Mboulé.

Un autre artiste et pas des moindres. J.P Kaïti de son vrai nom Etienne Mbang Kane est décédé le 9 octobre 2009, alors que la sortie de son quatrième album était annoncée pour le mois de décembre de la même année. J.P Kaïti aura donné une nouvelle impulsion au bikutsi. Le très remarqué et remarquable chanteur de bol et de bikutsi à la coiffure envoûtante aura contribué à revaloriser un rythme bien prisé au Cameroun et dans le monde entier.  A 41 ans, ce musicien originaire de la région du Sud a succombé à la suite d’une infection pulmonaire dont il souffrait depuis des mois. Cul-de-jatte à la naissance le 15 juin 1968 à Ekouk, il avait su braver cet handicap pour se hisser au diapason des chanteurs émérites. Ses albums ont été de vrais succès et se sont arrachés comme de petits pains. Et les producteurs de se frotter les mains. Son tout premier album «femme de tout» est un véritable régal pour les mélomanes qui l’adoptent immédiatement. Son second album, «Ekondo» connaît le même succès que le précédent. Les présentateurs des hits parades commencent à s’interroger sur le talent ô combien énorme, l’intarissable source d’inspiration et surtout le génie créateur de J.P Kaïti. Même si le troisième album sorti en 2000 a connu un succès mitigé du fait d’une promotion tirée par les cheveux, il n’en demeure pas moins vrai que ce chanteur à la coiffure «curly» aura marqué son temps, séduit plus d’un ; non sans se positionner parmi les chanteurs de bikutsi qui comptent. Dans la même veine, Valéry Lobé, batteur émérite a rendu l’âme en plein spectacle dans la nuit du 6 au 7 novembre 2009 en Allemagne alors qu’il jouait aux côtés d’Aladji Touré et le groupe Kata Kata band. Une crise cardiaque aura ainsi eu raison de celui que les intimes appelaient Valo.

Le Cameroun et l’Afrique ont perdu en Mbella Sonné Dipoko non pas un artiste mais un homme de culture. Il était considéré peu avant sa mort comme l’un des plus grands écrivains camerounais anglophones de la première génération. Né en 1936, Mbella Sonné Dipoko est décédé le 5 décembre 2009 à Tiko des suites d’une courte maladie. Il était alors âgé de 73 ans. Romancier, poète et peintre, il est l’auteur de plusieurs œuvres. Live black and white love en 1972, Because of woman, A few nights and days en 1969. Homme ayant plusieurs cordes à son arc, il succède à son père comme chef du village Missaka. Nous sommes en 1991, et l’infatigable n’a de cesse d’écrire poèmes et articles pour bien de parutions francophones. Son poème «below» a d’ailleurs été publié dans le journal The Post peu avant qu’il n’avale son acte de naissance.

En somme, l’on retiendra que si sur le plan de la production musicale l’an 2009 a été marqué par la floraison de nouveaux rythmes et la sortie de nouveaux albums, il reste qu’il aura connu la disparition de certains artistes qui n’avaient pas fini de nous émerveiller.

Blaise-Pascal Dassié (Correspondance particulière)


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