Inéligibilité de Paul Biya :Le Sdf prêt pour une suite judiciaire si…

Réagissant comme certains de ses homologues à la controverse en cours sur une probable candidature de l’actuel chef de l’Etat, le principal parti de l’opposition n’exclut pas d’exploiter cette brèche le moment venu.

Joshua Osih met à nu l’intention du Social Democrati Front :

  « Il ne fait l’ombre d’aucun doute que nous allons exploiter cette possibilité si le processus électoral demeure bloqué », souligne le 2e vice-président national du Sdf. Réagissant à la controverse actuelle sur l’inéligibilité de Paul Biya par rapport à l’élection présidentielle de 2011, il précise que son parti ne manquera pas, le moment venu, de saisir la Cour suprême si le président national du Rdpc dépose sa candidature. Car, d’après lui, le chef de l’Etat en fonction s’est engagé en 2004 en promettant aux Camerounais qu’il faisait son dernier mandat, conformément à la constitution. « En essayant de se représenter, il essaye de tromper le peuple qui l’a élu », clame-t-il. Une éventualité à laquelle Robert Simo, vice-président du Parti socialiste-démocrate (Pds), ne songe même pas. « Je doute fort que Paul Biya puisse se représenter cette année. Car cela pourrait déclencher du désordre. Il a intérêt à sortir par la grande porte », assène-t-il.
 

Les deux politiques font au moins chorus avec l’hypothèse d’Alain Didier Olinga sur l’inéligibilité de Paul Biya. Si Robert Simo s’appuie sur la longévité de l’actuel chef de l’Etat pour valider cette possibilité, Joshua Osih reprend à son compte un développement déjà servi par Mathias Eric Owona Nguini. « En 1992, Paul Biya fut élu pour cinq ans. Puis vint la révision de 1996 modifiant la durée du mandat. Or il n’est pas resté jusqu’en 1999, puisqu’il y a eu présidentielle en 1997 », fait-il remarquer pour renforcer sa conviction.

Pierre Abanda Pkama, président du Manidem, embraye sur un autre registre : « Il appartient à Paul Biya lui-même de répondre à la question soulevée, dans la mesure où il a tripatouillé la constitution pour se mettre en situation de se représenter », observe-il. Samuel Mack-Kit, dirigeant de l’Upc des fidèles n’est pas éloigné d’une telle grille de lecture : « C’est le problème de M. Biya. En 2008, il a fait un coup d’Etat constitutionnel. Il n’a qu’à s’en prendre à lui-même », conclut-il.

 

Du débat juridique au débat politique

 

La manière dont Narcisse Mouelle Kombi et Marcellin Nguele Abada répliquent à la chronique d’Alain Didier Olinga retient tout autant l’attention des politiques. « La position de ces universitaires ressemble à celle de personnes ayant faim. Elle est aux antipodes de la réalité », affirme Robert Simo. Le Sdf s’offusque de ce qu’on veuille étouffer le débat juridique. « Un débat entre le universitaires ne devrait pas souffrir de la pression politique. Je trouve désolant qu’il y ait une machine pour contrer un débat universitaire », poursuit Joshua Osih qui n’hésite pas à marquer sa préférence : « Alain Didier Olinga a été clair et il a eu une position d’universitaire. » C’est la raison pour laquelle, au sein du principal parti de l’opposition, ce débat de nature juridique aujourd’hui, pourra rapidement se déporter sur le terrain politique dès que le locataire d’Etoudi dévoilera son intention.

Au Sdf l’on estime que la survenance de ce débat est tributaire du contexte politique actuel. « Cette polémique est nourrie par le fait que les Camerounais ne peuvent valablement élire leur leadership, estime Joshua Osih. Or, comme aucun crime n’est parfait, on trouve à redire sur des lois faites dans la précipitation, à l’intérieur desquelles on peut trouver des points où on les [le pouvoir] attrape. » Le dirigeant socio-démocrate va jusqu’à attribuer la paternité de ce débat à sa formation qui, de son aveu, l’avait déjà évoqué après la révision constitutionnelle d’avril 2008.

De fait, l’issue reste à ses yeux la refonte des listes électorales comme le préconise son parti. « Si M. Biya persiste dans son hold-up électoral, nous saisirons les tribunaux nationaux et internationaux pour arrêter cette imposture », martèle Joshua Osih. Pour mémoire, une procédure reste pendante à la Commission des droits de l’homme des Nations unies, à Genève.

Cependant, « nous n’avons pas besoin de passer par les tribunaux pour venir à bout de Monsieur Biya et libérer le Cameroun, mais par les urnes. Dans la mesure où nous voulons, au-delà de sa personne, changer le Cameroun », conclut Joshua Osih.


Mbadi Otabela


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