L'homme d'affaires Nigérian a refusé le site qu'on lui a affecté dans la zone industrielle de Bonabéri, il préfère la Base Elf. Un collectif s'est formé pour l'en déloger.
La plaque sur laquelle est marquée la croix rouge de saint André de la communauté urbaine de Douala (Cud), ainsi que la date du 1er mars 2012 interdisant la construction de la «Dangote Ciment Plant» est encore en place ce mardi 27 novembre 2012. Pourtant, l'homme d'affaires Nigérian continue la construction de sa cimenterie, comme si de rien n'était. Les pouvoirs publics vont d'hésitations en tergiversations, et M. Dangoté semble exaspéré de cette politique.
Tout commence lundi le 19 septembre 2011 à Douala par la signature d'une convention d'investissement relative au développement et à l'exploitation des carrières et d'une cimenterie, suivie de la pose de la première pierre au lieu dit Base Elf à Douala de la multinationale Dangoté Industries Cameroon Limlited. Les rebondissements commencent le 09 décembre 2011 par une opposition du délégué du gouvernement auprès de la Cud qui interpelle le directeur général du Port autonome de Douala (Pad) pour n'avoir pas été informé d'un projet qui relève de la compétence de la Cud, et non du Pad. Le 09 janvier 2012, les chefs Sawa veulent en savoir davantage sur la gestion de ce site initialement consacré aux activités du Ngondo. Ils convoquent le délégué du gouvernement et le DG du Pad. Le lendemain 10 janvier, les deux personnalités proposent un site alternatif aux chefs Sawa pour le Ngondo.
Le 18 janvier 2012, les dignitaires opposent un refus catégorique. Ces derniers sont reçus en audience par le directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, et lui remette une correspondance Adressée au chef de l’Etat 27 février 2012, sur haute instruction du président Paul Biya, le ministre des Domaines, du cadastre et des affaires foncières demande officiellement la Moralisation de l'usine en projet et la réaffectation du site au Ngondo. C'est ce qui justifie que le 1er mars la Cud pose sa plaque d'interdiction de la construction de cette usine à cet endroit Les chefs Sawa annoncent la nouvelle aux populations. Du 19 au 24 avril, le Premier ministre Chef du gouvernement crée «une commission Interministérielle chargée d'identifier un nouveau site pour la cimenterie Dangoté». Les chefs Sawa sont officiellement informés à travers une audience que leur accorde le ministre secrétaire général de la présidence de la République le 16 mai dernier.
Volte-face du Gouvernement
Alors qu'on s'acheminait vers le dénouement heureux pour la partie camerounaise, le gouvernement revoit sa position. Le 25 mai 2012, toujours «sur hautes instructions du chef de l'Etat, le ministre secrétaire général des services du Premier ministre demande au délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala de prendre des dispositions pour la poursuite des travaux de construction de la cimenterie, et de confirmer le déroulement du Ngondo dans un site à côté de l'usine en construction».
Les chefs Sawa crient au scandale! Non seulement ce site devient exigu mais surtout, ce n'est pas ce qui a été convenu avec les hautes autorités de la République. Trois jours après, le délégué du gouvernement sort une note annulant la première, c’est-à-dire, celle du 1er mars 2012. Cette fois, il autorise Dangote à faire ses constructions sur le site de la Base Elf. Ladite note a jamais été affichée. Tout comme n'ont jamais été affichées, jusqu’à hier mardi le 27 novembre 2012 comme l'exige la réglementation, la plaque qui indique les détails des travaux qui se déroulent dans ce site.
Une autre entorse et non des moindres, les travaux se déroulent sans qu’on ait eu connaissance de l'étude de l'impact environnemental du projet comme le recommande un décret du Premier ministre du 23 février 2005, portant sur les modalités de réalisation des études d'impact environnemental. Sur la pression des populations réunies autour d'un mouvement citoyen dénommé: «sauver Douala de la pollution», deux réunions ont été tenues le 26 juillet et le 07 août 2012.
Les procès-verbaux desdites consultations ne sont pas encore parvenus aux parties pertinentes pour validation, commet l'exige le décret suscité. Néanmoins, les travaux continuent. Pour le Ngondo, les autorités ont demandé aux chefs Sawa de se débrouiller dans les marécages situées derrière le collège Alfred Saker. Avant sa mort, le Prince René Douala Bell avait marqué son refus catégorique à ce qu'il a qualifié de «mépris des autorités politiques à l'endroit des gardiens de la tradition». Une réunion de concertation est prévue ce mercredi chez le Chef Ekabouma à Deido. Les populations n'entendent pas baisser les bras.
Louis Noé Mbengan | L'Actu
mboasawa
3713 Blog posts