Bien que l’affaire reste peu médiatisée, elle met malheureusement à nu  les pratiques peu orthodoxes ayant cours au sein de la première  institution bancaire locale, en termes de dépôts et autres concours à  l’économie.
I- Sauf-conduit 
Pour le cas d’espèce, tout part de la convention signée en 2010  entre le ministère des Forêts et de la Faune et une structure de gestion  des projets de développement, en l’occurrence Camdev fondée par sieur  Tagne Kamga. Une convention qui autorisait ladite structure à  implémenter les financements relevant des Fonds Ppte, alloués à ce  département ministériel et tenant notamment de la réalisation des  investissements sociaux dans les domaines prioritaires de l’éducation,  la santé et les infrastructures de communication. En somme, il s’agit  d’une déclinaison opérationnelle de la mise en œuvre effective des  différents programmes relevant de la lutte contre la pauvreté, entendue  comme le socle par excellence des Grandes Ambitions à l’époque, dans  l’optique de réduire de manière significative les affres de la  dégradation des conditions de vie des populations et singulièrement de  celles riveraines des zones forestières. Pour ce faire, le ministère des  Forêts et de la Faune, alors chapeauté par Elvis Ngolle Ngolle  entreprit de mettre à la disposition de Camdev, des fonds citoyens  conséquents pour assurer le financement des projets relevant de ses  domaines de compétence en ouvrant à l’occasion un compte domicilié à  Afriland First Bank, en y virant la somme de 1,7 milliard Fcfa, devant  être conjointement géré, par, pas moins de quatre autres signataires des  cadres du Minfof, notamment pour les décaissements des fonds. 
Si la procédure de gestion se voulait quelque peu lourde, mais  sécurisante pour l’Etat, à Afriland First Bank, on entreprit de  l’alléger à créant par-devers le mandataire attitré, qui n’est autre que  le ministère des Forêts et de la Faune, des sous-comptes pour mieux  contourner les dispositions procédurales de contrôle des opérations  financières à mettre en branle pour la mise en œuvre des déclinaisons  opérationnelles dévolues à Camdev. En fait, lesdits sous-comptes  concédaient prioritairement à Tagne Kamga, Pdg de Camdev, la possibilité  d’opérer les mouvements de fonds sans recourir aux autres signatures  requises, en jouant d’artifice savant, entretenant une sorte d’homonymie  quant à la codification bancaire. En fait, les initiales plutôt  voisines du compte principal et des sous-comptes offraient à Afriland  First Bank la prérogative d’affecter des virements directement dans les  sous-comptes, au détriment du compte principal. Ce qui induisait la  conséquence, selon laquelle, le ministère des Forêts et de la Faune  n’était plus partie prenante dans les décaissements de fonds qui  s’opéraient désormais avec la seule signature de son partenaire Camdev  et partant, sieur Tagne Kamga. Suffisant pour qu’Afriland First Bank  s’approprie littéralement la gestion des mouvements des dépôts du  Minfof, émanant des Fonds Ppte. Et c’est ainsi que lesdits dépôts furent  détournés de leur dévolution réelle, la banque domiciliataire se  servant du paravent de Camdev, pour les écarter de la destination  initiale. 
II- Récurrence 
Analyse faite, le cas des Fonds Ppte du Minfof est loin d’être un  cas isolé, tant il est désormais de mise qu’il s’agit en fait d’une  pratique récurrente ayant cours à Afriland First Bank. C’est le cas  effectivement de le dire, à en juger par les artifices utilisés par les  dirigeants statutaires et opérationnels de cette banque qui ne  s’offusquèrent guère de torpiller les dispositions afférentes à la  gestion des fonds publics, qui du reste faisaient davantage l’objet de  dépôts à terme, en garantie des investissements que devrait réaliser  Camdev. En effet, c’est en s’y fondant que, Camdev, le partenaire du  Minfof obtint de la banque en question, des avances de fonds à hauteur  de 1,7 milliards Fcfa desdits dépôts à terme. Pour ce faire, Afriland  First Bank entreprit de muer une partie des-dits dépôts en bons de  caisse en prenant bien évidemment le soin de leur assigner la  caractéristique de bons anonymes afin de brouiller toute trace pouvant  permettre d’en identifier les détenteurs ou bénéficiaires. Un subterfuge  savant qui lui octroyait la possibilité de souscrire en toute légalité  aux fonds déposés par le ministère des Forêts et de la Faune et de  renflouer au passage sa trésorerie plutôt mise à mal par des placements  improductifs. En effet, autant les dépôts à terme ne sont éligibles pour  leur souscription que des personnes morales, Afriland First Bank savait  ne pouvoir les manipuler à dessein et s’en tint à émettre de nombreux  bons de caisse que cette banque savait plus accessibles en leur  affectant le caractère anonyme. 
En somme, ladite banque qui savait se fonder sur las dispositions de  l’arrêté n°357 de l’ordonnance 73/27 du recueil de la Béac, pensait  ainsi se prémunir des poursuites judiciaires y afférentes, tant il est  vrai que ledit arrêté concède aux personnes physiques résidentes ou non  de souscrire à ces titres d’épargne anonymes. Mais au su de la  récurrence de ce mode opératoire ayant cours à Afriland first Bank, on  en vient plutôt à l’assimiler à un artifice savant pour spolier les  ressources financières publiques dont elle a à charge la gestion. En  effet, il est constant de comprendre que cette option participait par  ailleurs de la souscription par ladite banque d’un grand nombre de bons  de caisse anonymes et très peu de dépôts à terme pour se prémunir de  quelque contrôle afférent à la dévolution réelle des fonds mis à sa  disposition par le Minfof dans le cadre de l’implémentation des projets  citoyens confiés à Camdev. Surtout que dans la pratique, il s’agissait  en fait de financer des projets fictifs au travers des fonds ainsi  ponctionnés en s’appuyant sur des projets y afférents élaborés par  Camdev. Ainsi en a-t-il été de celui relatif à la fourniture à Camtel  des kits de téléphones mobiles et des accessoires, dont le financement  émanait du nantissement des dépôts à terme souscrits en garantie du  marché y relatif. Dès lors, il devenait plus aisé à ladite banque  d’opérer des sorties de fonds publics, dont elle assurait la gestion,  quitte à opérer plus tard des renflouements en déclarant les marchés  infructueux, eu égard à leur caractère fictif à l’essence. 
III- Pratiques mafieuses 
Analyse faite, on en vient à croire que ces véritables pratiques  mafieuses visent simplement à se servir sur les fonds publics pour  concéder aux affidés de la banque, la possibilité de réaliser des  investissements sans bourse délier. Car, en mettant la main sur les  fonds de garantie tenant aussi bien des bons de caisse anonymes et même  des dépôts à terme, elle savait, par simple jeu d’écriture, en modifier  la dévolution initiale à des fins mercantilistes. Et quand bien même la  banque peut par la suite opérer un nivellement du compte lourdement  débiteur géré unilatéralement par Camdev, il ne fait point de doute que  le mal aura été fait. Des dysfonctionnels opérationnels que n’a pas  hésité en son temps de mettre en lumière un rapport conséquent de la  Cobac sur lequel s’appuyait déjà votre organe de presse pour conforter  les appréhensions des institutions de contrôle de l’activité bancaire  (voir ci-contre). Ce d’autant plus qu’avec la découverte de ce véritable  pot aux roses, la prétendue surliquidité d’Afriland First Bank n’est en  réalité qu’une vue de l’esprit savamment alimentée par ses  administrateurs et dirigeants statutaires. Et fort des conclusions  plutôt alarmistes de ce rapport, il y a lieu de craindre que cette  banque soit en réalité, le paravent par excellence utilisé pour spolier  les disponibilités financières publiques. Et ainsi pris, cela constitue à  n’en point douter un crime économique à réprimer comme tel. Mais tenant  à garder sauve sa notoriété induite, cette banque n’a pas hésité de  sacrifier littéralement bon nombre de son personnel d’encadrement. 
Y étant toutefois, elle a cru se soustraire à la justice en  instrumentalisant notamment le juge d’instruction saisi fort à propos  par l’ex-ministre des forêts et de la faune. A preuve, cette saisine a  permis de mettre aux arrêts depuis 8 mois, Tagne Kamga, Pdg de Camdev  pour coaction avérée dans la distraction des fonds publics. Mais si  complicité, il y a effectivement eu dans le cadre de cette affaire, on  comprend mal que les complices de Tagne Kamga aient longtemps bénéficié  du sursis de fait qui fut le leur, avant que, le Tribunal criminel  spécial, fort de ses prérogatives n’entre en jeu. En effet, c’est à la  faveur de l’appropriation dudit dossier que l’affaire sera mise  au-devant de la scène, non sans que le rebondissement y afférent ne  mette à nu les velléités de corruption évidente du juge d’instruction du  Tgi du Mfoundi en charge du dossier. Malheureusement, c’est désormais  une toute autre affaire avec l’entrée en scène du Tribunal criminel  spécial qui n’a pas hésité de faire interpeller les principaux  protagonistes de cet autre scandale. Scandale d’autant plus nébuleux que  pas moins de sept cadres de cette banque sont désormais aux arrêts,  traduisant en fait le cloisonnement récurrent de la gestion des fonds  publics au sein de celle-ci. Des mandats d’arrêts seraient jusqu’ici non  exécutés pour deux autres hauts cadres, parmi lesquels, le Dga N°1,  Célestin Guela, le fils de Paul Fokam Kammogne, qui occupe la fonction  de Directeur général sans avoir reçu l’agrément de la Cobac. Toutefois, à  en juger par l’origine des cadres interpellés, on comprend aisément que  cette pratique est une conspiration savamment huilée où chacun des  intervenants tient un rôle bien défini. Preuve que l’embellie financière  présumée qui est la leur, se fonde essentiellement sur des pratiques  mafieuses de cet acabit. Allez comprendre pourquoi, pendant que des  hauts cadres sont incarcérés, le Dg, Alphonse Nafack, brille par son  indifférence et poursuit aisément son affairisme en usant de son poste  et par des pratiques peu orthodoxes pour se faire un enrichissement dans  les secteurs de l’immobilier, de la construction des groupes scolaires,  l’acquisition des immense parcelles de terrain dans la mégapole de  Douala,…
Muna Dimbambe | Aurore Plus

 
					