Musique : un mentor nommé Slim Pezzin

Ce musicien français de renom a participé à l’éclosion de nombreuses carrières. Confidences !



Une silhouette imposante, un look digne de crooner. Un maître de la musique, le Français Slim Pezzin, fidèle des fidèles de la galaxie Manu Dibango, fait autorité. Avec un jeu de guitare s’intégrant avec harmonie au tempo du Maraboutik band, il a aidé à porter vers les cimes de la sécrétion artistique la prestation du grand Manu le 22 décembre sur le podium du Palais des congrès de la capitale, et la veille de Noël au boulevard du 20 mai, au festival « Ya-Fe » (Yaoundé en fête).

Requin de studio, Slim Pezzin est une référence sur la place parisienne. Son nom est gravé sur des albums des figures marquantes du showbiz français comme Johnny Hallyday et Michel Sardou. Avec les milieux artistiques africains, il conjugue également une longue « histoire d’amour », qui remonte aux années 60. Dans la gamme camerounaise, en dehors de Manu Dibango avec qui il déclare une collaboration de 42 ans, il compte de mémorables aventures avec « Jeannot Karl » Dikoto Mandengue, Ekambi Brillant ou encore Tala André Marie. Avec lui, la carrière de Chantal Ayissi connaît en ce moment une nouvelle dimension. Pour C.T., il feuillette quelques pages de cette saga.



Slim Pezzin:« 42 ans de collaboration avec Manu »

Slim Pezzin, musicien français, est une mémoire de la chanson camerounaise et africaine.


En redécouvrant le Cameroun plusieurs décennies après, quelle image vous frappe-t-elle ?

Je trouve que beaucoup de choses ont changé. Notamment ces deux derniers mois au niveau de la culture, en particulier de la musique. Je crois que la dernière fois que je suis venu ici, c’était avec Claude François. On avait joué au stade de Douala et celui de Yaoundé. Et la fois d’avant, c’était pour le premier festival de la musique camerounaise. C’était à la même époque, en 1973.

Comment est née la longue histoire d’amour qui vous lie à la chanson et aux artistes camerounais ?

Tout a commencé en 1965 avec la rencontre avec Jean Dikoto Mandengue. J’ai intégré un groupe qu’avait monté un chanteur, Alain Chelec, aujourd’hui disparu. On se retrouvait pour faire du rock’n blues à la bohème. Et Manu est venu l’année d’après, en 1966. Il venait de Belgique. C’est là vraiment au contact de Manu que l’histoire a démarré.






Quelle différence entre la musique de ces années-là et ce qui se fait aujourd’hui ?

Les choses étaient plus faciles dans les années 70. Il y avait moins de gens qui se focalisaient sur la musique, l’argent de la musique surtout. Alors que maintenant, il y a beaucoup d’« allogènes » qui sont venus se greffer à la musique, qui piratent la musique. Vraiment, c’est un désastre. Aucun disque ne se vend ici. C’est quoi les quantités ? 2000 CD. C’est ridicule pour un pays qui adore la musique. Il y a un travail énorme à faire au niveau du piratage et au niveau de l’ensemble de la culture. C’est pour cela que nous sommes tous très heureux que cette femme qui est arrivée à la tête du ministère de la Culture [Ama Tutu Muna, Ndlr], soit là et ait pris les choses en main. Elle est très active et proche des artistes.

Que doit-on retenir de la complicité avec Manu Dibango ?

Avec Manu, ça fait quand même 42 ans que nous sommes ensemble. Il y a d’abord eu tous les arrangements aussi bien pour lui que pour d’autres artistes africains. C’est un melting-pot de toutes les musiques que nous avons faites ensemble. Et moi j’avais à cœur d’être avec lui pour son cinquantième anniversaire. Le baobab est passé. Ce n’est plus un baobab, c’est un roc, un vrai lion. Il est passé au-delà de tout. Il rentre dans l’éternité.

Autant de rencontres avec les artistes, dont par ailleurs Ekambi Brillant, vous êtes une mémoire de la chanson camerounaise et africaine…

Je pense que je vais peut-être écrire un petit livre pour expliquer un peu le parcours que j’ai eu à travers tous les artistes africains et autres. Pour montrer aux jeunes que ce parcours est possible, venant de n’importe où, parce que nous sommes un langage unique, universel : c’est la musique. N’importe quel musicien de n’importe quel coin du monde peut parler avec son instrument avec une autre personne qui n’a pas du tout le même langage. Cela est formidable.


Propos recueillis par Raphaël MVOGO


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