A la faveur de la toute récente édition du festival « Jazz sans frontière », l’artiste musicien camerounais Jay Lou Ava a remis les pieds au pays. Avec dans ses bagages sa guitare et ses musiciens (il s’est produit le 12 décembre au Wouri à Douala et le 14 au Palais des congrès à Yaoundé). Mais aussi et surtout son dernier album, « Ebotan » – la bénédiction, dans la langue de l’auteur. L’opus, sorti en France en mars 2006, propose quinze titres, incluant un featuring de Manu Dibango, Soir au village », en l’occurrence, avec une voix pour accompagner le refrain. Essentiellement instrumental, l’album propose des tranches de musique parfois profondes parfois entraînantes, toutes adossées sur le rythme que le guitariste développe depuis quelques années, le Progressive Afro Jazz (Paj).
« Je continue sur la somme de mes expériences, de mes influences, avec le Paj, que j’appelle la musique africaine contemporaine. Nous autres Africains pouvons aussi attaquer le monde », a confié Jay Lou Ava dans un entretien avec CT. Un des défis actuels des musiciens du continent consiste, selon l’artiste, à gommer des clichés que certains attachent encore à l’Afrique, musicalement parlant. « En général, en Europe, quand on dit musique africaine, les gens voient tout de suite des tam-tams et des boubous », s’indigne l’auteur d’« Ebotan ». Il poursuit : « Beaucoup, lorsqu’ils écoutent ma musique, pensent que je suis un Américain qui mêle juste quelques sonorités africaines à ses productions. Et moi, je continue de crier ma camerounité ». Le combat ne semble certes pas facile. Alors, autant chercher à se ressourcer au pays, à puiser dans ses racines. L’album sera disponible à Yaoundé sous peu, assure Jay Lou Ava, qui a pris contact avec un distributeur de la place. Douala devrait suivre assez tôt. En attendant, le musicien, régulièrement « parti à gauche et à droite pour jouer », s’offre quelques jours en famille (genre soir au village…). Bientôt viendra le temps de repartir pour Paris, de reprendre le chemin des studios, de poursuivre le combat pour une musique camerounaise de qualité, ambition chère à Manu Dibango.
mboasawa
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