“ Mum’am a wo é. Mum’am a mala é. Na wo. Na wo. Na wo ” (Mon mari est mort. Mon mari est parti. Je vais mourir. Je vais mourir. Je vais mourir). Mme Eyoum née Marthe Mouaha, plus connue sous le nom de Dinaly, l’épouse éplorée, n’a pas supporté la vue d’une foule nombreuse au fret de l’aéroport international de Douala, lors du retour de la dépouille de l’artiste au pays natal. Elle s’est évanouie à la sortie du hangar du fret, bien avant d’avoir accompagné le cercueil de son mari dans le corbillard. Il a fallu l’extraire de la foule, la transporter dans un véhicule. Non sans mal. Il était un peu plus de 16h15, lorsque la speakerine de l’aéroport a annoncé l’arrivée du vol de la Camair en provenance de Paris et à destination de Yaoundé Nsimalen. Mais dès 14h30, une foule nombreuse d’amis, artistes, des membres de la famille du défunt et de curieux avait pris possession du hall d’entrer de l’aéroport international de Douala. Dans cette masse compacte, les artistes en couleur de circonstance se font distinguer. Ekambi Brillant, le frère du village et Nkotti François, le frère d’arrondissement, guident les Marolles, bantou Pô Si, Njenè Njento et les autres. Les enfants de Tom Yom’s, également habillés en noir avec des lunettes sombres, sont là. Ils se soutiennent, encadrés par des proches. Enfin, une multitude de représentants de médias. Non loin, des photographes errent, attendant le moment opportun pour chasser les images.
Double drame
C’est finalement vers 17h40 que la dépouille de Tom Yom’s est sortie du fret de l’aéroport, direction Hôpital général de Douala où le cortège est arrivé peu avant 19 heures. Une cérémonie traditionnelle de transfèrement du corps dans un nouveau cercueil a permis à un public restreint de voir une dernière fois le visage de l’artiste. “ Non, Tom n’est pas mort, il est couché comme s’il était encore et toujours vivant. Il est beau, avec juste un bonnet sur la tête ”, criaient certains. Pendant que d’autres ajoutaient : “ Il est comme s’il n’a jamais été malade. Il n’a pas changé. Il restera éternellement parmi nous ”. Du côté des artistes, l’émotion était à son comble. Les mines renfermées étaient plus expressives que tous les mots. Ben Decca, l’ami fidèle, celui que le défunt appelait “ Mbombo ” (homonyme) puisque l’un et l’autre ont pour nom de famille Eyoum, avait l’air particulièrement touché et marqué. Au moment où il va réconforter la veuve éplorée et traumatisée, à la morgue de l’Hôpital général de Douala, elle lui tombe dans les bras. Inconsolable, Dinaly s’est ensuite rapprochée des enfants de son époux en leur assurant qu’ils feront de grandes choses ensemble à condition qu’ils soient tous forts. On apprendra par la même occasion, qu’elle a perdu sa jeune sœur à Yaoundé, il y a quelques jours.
Quant à Ben Decca, écrasant une larme, il dit ne pas comprendre que bien des hypocrites qui n’ont jamais voulu voir Tom Yom’s de son vivant, viennent aujourd’hui s’accaparer le déroulement des obsèques.
Ainsi va la vie de l’artiste. A sa mort comme de son vivant, il ne s’appartient plus. Les veillées des 10 et 11 janvier à Douala et à Dibombari, le confirmeront sans doute.
mboasawa
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