Celui qu’on retrouve ce matin assis sur une chaise derrière l’estrade des artistes semble bien différent de celui qui soulevait les foules la veille. Calme et souriant, il discute avec des confrères en jetant de temps en temps un coup d’œil plus qu’attentif sur un numéro de Jeune Afrique, posé sur se jambes. Seules ses blagues et certaines expressions lancées ça et là permettent de reconnaître la star d’hier soir, celui qu’on a surnommé "le Joker du festival". Né en 1972 à Douala, Prince Pagna est un artiste de renom qui n’a manqué aucune édition du festac. Il fait des études primaires et secondaires à Douala, et obtient son master en sciences politiques dans une université au Nigeria.
De son passage de l’école à la musique, il ne donne aucune information. Cependant, il note que "mes parents, surtout ma mère choriste, m’avaient familiarisé à la chanson dès mon plus jeune âge", et il lui arrivait parfois de l’accompagner aux répétitions, et même de chanter avec elles, par endroits. Dans les années 1992, il côtoie un groupe de musique, qui fait dans le Raggae. "Mais parce que le Raggae était traditionnellement lié à la drogue et à la violence, j’ai vite abandonné", nous dit-il, Sans pour autant perdre la culture Rasta. Il se reconvertit donc dans les rythmes traditionnels comme le Mangabeu parce que "comme le Raggae, le Mangabeu dénonce et critique les mœurs".
A son escarcelle, deux albums de dix et huit titres, dans lesquels on retrouve "conférence Nationale" et "Anatole tu vas mourir", qui sont parmi les plus appréciés. Des titres portant pour la plupart sur les sujets tels que la conscientisation des masses africaines sur les problèmes de la jeunesse; le Sida et la position de l’Afrique face à l’univers. Car pour lui, "alors que les autres continents cherchent de nouveaux mode de vie, de luxe par exemple, en Afrique, nous cherchons encore comment survivre".
Des sujets qu’il connaît parfaitement car en plus d’être artiste, il est aussi expert en Arts martiaux, enseignant au Collège St Erbert de Souza, tradi praticien et notable à la chefferie Bahouoc par Bangangté. De lui, il dit être "au carrefour des différences entre Gandhi, Um Nyobe et Ché Guevara". Ce qui selon lui, expliquerait l’impression que nous avons eu depuis le début, celle d’un homme à la fois calme, très blagueur et de temps en temps plongé dans la lecture.
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