Longuè Longuè : 50 ans au pouvoir, la maladie de l’Afrique…

“ Prisonnier libre ” en France, il poursuit sa lutte pour la libération des peuples oppressés, victimes de la violation de la constitution et du pillage des caisses publiques.

Un regard hagard. Une tenue vestimentaire qui pourtant fait penser à un homme qui frôle l’opulence. Au-dessus de l’image est portée l’inscription “ Le libérateur libéré. ” C’est la première lecture qu’on peut faire de la pochette du nouvel album “ Trop d’impôts tuent l’impôt ” de l’artiste musicien Simon Longuè Longuè. Toujours en séjour prolongé et forcé en France après plusieurs mois de détention préventive pour “ dépravation de mœurs. ”
Ce qui n’a pas empêché le “ panafricaniste ” de faire un grand come-back sur la scène discographique internationale.
Entre les pas cadencés d’un makossa bien concocté et les messages véhiculés, Simon Longuè Longue se sert de la satire pour exprimer la tragédie socio-économique que traversent les Camerounais en général et les opérateurs économiques en particulier. A côté d’une poignée de milliardaires qui ne sont que des “ pilleurs des caisses de l’Etat. ” Dans le premier titre de l’album intitulé “ Examen de conscience ”, Longuè Longuè revient sur son incarcération controversée : “ Toi qui condamne monsieur le président, un jour tu seras condamné. A chacun son tour chez le coiffeur. Vous m’avez condamné sans que je ne sois jugé. ” L’artiste peint ici les réalités d’une société gouvernée par les injustices et dans laquelle les innocents croupissent en prison en lieu et place des potentiels prisonniers ; où “ ceux qui jugent et condamnent sont des receleurs. ”

Non au changement
de la constitution !

Dans “ Trop d’impôts tuent l’impôt ”, l’artiste vilipende les “ bandits à col blanc ” qui pillent le trésor public et asphyxient le bas peuple au nom des impôts. Aux élus locaux, il rappelle que c’est eux qui ont prêté serment devant Dieu et les hommes que le pays va changer. “ Rien ne change, le pays ne fait que s’enfoncer. Les pauvres meurent du choléra…pourtant nous payons nos impôts mais le développement ne suit pas ”, avant de dénoncer le fossé qui existe entre le luxe du palais d’Etoudi à Yaoundé et la misère de ses quartiers voisins privés de routes, d’eau et d’électricité. “ Vous nous avez promis le changement. On attend donc le changement… L’argent des impôts vous ne faites que détourner ”, rappelle Longuè Longue qui se pose la question de savoir : “ Vous allez même changer quoi ? La constitution ou les éternels ministres ? ”
C’est en restant dans ce chapitre de longévité au pouvoir qu’il interpelle l’opinion publique camerounaise, dans “ 50 ans au pouvoir ”, l’un des titres phares de l’opus, à être vigilant sur un éventuel changement de la constitution. “ Détourner les fonds publics, épargner à l’étranger, truquer les élections, c’est ça la maladie de l’Afrique. Ils nous gèrent comme du bétail…Ils ont la double nationalité, les châteaux… Là-bas chez les Blancs…On ne veut plus ça…Entrez dans les ghettos et vous verrez que le pays va mal ”, s’adresse-t-il aux autorités camerounaises. Et de menacer : “ Ils changent la constitution quand ils veulent et comme ils veulent. Essayez, vous verrez que nous ne sommes pas des Congolais, des Togolais…. Essayez vous verrez que nous sommes des Camerounais. ” Un véritable cri de guerre que lance l’artiste, écœuré et meurtri, qui projette ce que pourrait être le Cameroun d’ici à 2011.
L’injustice galopante, le favoritisme, la prostitution et bien d’autres sont des tares sur lesquelles le “ Libérateur libéré ” tire à boulets rouges ; tout en implorant l’aide du Très haut à l’égard des oppressés. 

Par Blaise NZUPIAP NWAFO
Le 02-08-2006



Acquitté, apparemment



L'affaire Longuè Longuè connaît de nouveaux rebondissements. Accusé par son épouse Chantal Ebene Mbassi d'avoir violé sa nièce, les confrontations devant la barre vont démontrer que la jeune fille n'a pas été dépucelée par "Le Libérateur". Le petit ami de la jeune fille affirme avoir eu des rapports sexuels avec la présumée victime avant le mariage de sa tante avec l'artiste. Mieux encore la confidente à qui la victime dit avoir confié son secret a démenti formellement. Ces contradictions ont permis au juge Sophie Tetriat de voir plus clair et de décider, de libérer Longuè Longuè sous la bannière d'une représentation de garantie de 8 000 euros (soit environ 5 millions deux cents mille Fcfa) remboursables. Cette garantie avait été payée par Samuel Eto'o Fils, il y a quelques mois.
Après cette libération sous caution, les Camerounais et tous les fans de l'artiste sont surpris de ne pas le voir rentrer au bercail ou sur les planches. Pourtant les avocats de Longuè Longuè, Maîtres Martin Longo, Didier Batoum et Christian Blazy ont obtenu du juge que Longuè Longuè puisse vaquer à ses occupations s'il présentait des invitations ou des contrats de spectacles. Simple déclaration, car depuis sa libération, Longuè Longuè totalise plusieurs invitations. La société brassicole Guinness - Cameroun avait sollicité ses services lors d'une récente campagne en mai et juin derniers. Les Brasseries du Cameroun ont également contacté l'artiste pour le parrainage du concours national de la chanson qui avait eu lieu le 8 juin 2006. Il n'est plus à préciser les multiples sollicitations de son promoteur Jean Pierre Sah pour la promotion de la toute dernière sortie de l'artiste. Rien n'y a fait. La justice française ne lâche pas du lest, arguant que ces invitations arrivent de manière très juste.
Pour justifier le droit du chanteur camerounais de jouir de sa liberté d'aller et venir, ses avocats évoquent les contrats d'extradition qui existent entre la France et le Cameroun. Ces contrats obligent l'accusé de se présenter à chaque fois qu'il aura à comparaître devant la juridiction française. Joint au téléphone à Paris, “Le Libérateur” évoque le manque à gagner que lui cause cette rétention. "Je suis un artiste. Je vis de ce métier. Quand on me retient en France, je dois louer un appartement, me nourrir. Comment vivrais-je alors sans mes spectacles et m'occuper de ma famille ?", se plaint-il.

Mobilisation tous azimuts
Au Cameroun, la détention de l'artiste réveille déjà des passions. Le comité de soutien du “Libérateur” va organiser le mercredi 5 août à Douala, une manifestation de contestation devant le consul de France pour signifier leur mécontentement. Les fans-clubs aussi s'activent à travers des pétitions. "Nous devons nous activer. Vous avez vu l'artiste Papa Wemba avoir des démêlées avec la justice française, et tous les Congolais l'avaient soutenu", affirme un fanatique en furie avant de conclure, péremptoire : "nous devons faire pareil pour Longuè Longuè." Dans ce soutien tous azimuts, la famille sollicite également l'appui du gouvernement. "Longuè Longuè étant une valeur culturelle pour le pays, nous pensons que le gouvernement doit continuer à le soutenir", déclare Etienne Nguenga, frère cadet de l'artiste. Un appel qui ne devrait pas rester lettre morte. Longuè Longuè affirme que le consul général du Cameroun en France va adresser une note à la justice française pour lui permettre d'assurer la promotion de son album.
 

Par Luther André Meka (Stagiaire Jade/Syfia)
Le 02-08-2006



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