L’ouvrage « Le procès d’un haut magistrat » a été présenté au public jeudi à Yaoundé.
Alexis Dipanda Mouelle, le premier président de la Cour suprême du Cameroun, racontant une blague. La scène s’est déroulée jeudi dernier dans une salle de l’hôtel Hilton de Yaoundé, transformée pour la circonstance en prétoire. La circonstance ? C’était « Le procès d’un haut magistrat ». Ou, plus précisément, la dédicace de l’ouvrage ainsi titré, écrit par Me Charles Nguini et portant sur Marcel Nguini, père du précédent et premier président de la Cour suprême du Cameroun. L’auteur l’a avoué, il était question de juger un juge. « Il est illusoire d’attendre tout de la justice sans s’interroger sur ceux qui la servent », a-t-il déclaré devant le public, avant d’ajouter : « Toute personne, toute institution doit pouvoir rendre compte de ses actes ». Il a donc « instruit » l’affaire.
Autres acteurs au procès, le magistrat Clément Atangana et Me Akere Muna, ainsi qu’un Roger Melingui pas vraiment attendu, lui l’économiste, comme modérateur du débat, mais plutôt à l’aise avec le jargon des tribunaux. Au cours de « l’audience », des témoignages seront enregistrés, des pièces seront versées au dossier. La vie et la carrière de Marcel Nguini, quelques faits d’armes ayant parfois suscité l’ire de l’exécutif – d’où une affectation disciplinaire à Dschang d’ailleurs –, et l’héritage qu’il laisse à la postérité comme homme ayant ses convictions.
L’avocat Akere Muna tire de sa lecture du livre beaucoup d’informations. « C’est un livre d’histoire, dira-t-il. On en apprend sur l’histoire du pays, des rapports entre l’Eglise, les expatriés et les ‘autochtones’, sur le milieu des étudiants en France, sur l’emprise extraordinaire de l’Upc » sur ces jeunes, etc. Pour lui, l’auteur a fait œuvre utile. C’est apparemment aussi l’avis du ministre de la Culture, Ama Tutu Muna, dont le représentant à la cérémonie a révélé qu’une enveloppe de 500 mille francs était offerte à Charles Nguini pour la promotion du livre.
Il n’a donc pas volé les félicitations d’Alexis Dipanda Mouelle, qui a vu en l’avocat, le temps de cette « affaire », un magistrat instructeur. Selon le premier président de la Cour suprême, ce procès a quand même eu une issue : « Le jugement a été serein et le prévenu a été relaxé ». Si c’est Dipanda Mouelle qui le dit…
Alliance NYOBIA