L'artiste annonce un spectacle pour lutter contre la piraterie et auquel prendront part Tiken Jah Fakoly et Coumba Gawlo.
Propos recueillis par Eugène Dipanda
Dans le cadre de votre action engagée contre la piraterie, vous avez décidé d'organiser des spectacles plein air gratuits avec plusieurs de vos confrères autour de vous. Qu'est-ce qui peut justifier un tel bénévolat ?Nous sommes une Ong dénommée Comité musical de lutte contre la piraterie (Cmlcp). Et, depuis l'année 2004, nous organisons des manifestations chaque mois de mai, pour essayer de repousser au mieux cette gangrène qu'est la piraterie. Il s'agit, en fait, d'éradiquer progressivement ce fléau qui est contre l'artiste camerounais. Vous constaterez qu'aujourd'hui, nous n'arrivons plus à vendre. Il n'y a plus de producteur. Il n'y a plus de promoteurs non plus, parce que les Cd piratés ont envahi le marché. On a même l'impression que cette activité est devenue un tout petit peu légale. Pour cette année 2008, nous sommes sur le terrain depuis plus d'un mois. Il y a eu, par exemple, des conférences de presse pour expliquer les enjeux de notre engagement. A partir du 16 mais prochain, et dans plusieurs villes du pays, nous essayerons de balader notre caravane de sensibilisation composée d'une vingtaine d'artistes de renom, afin de toucher un maximum de personnes possible. La contrefaçon est une menace pour la société, une menace pour l'emploi, une menace aussi pour les créateurs d'œuvres et même pour la culture en général.
Cela fait quand même quatre ans que vous avez engagé votre combat, mais la piraterie ne s'est jamais aussi mieux portée…On s'est en effet rendu compte que c'est un phénomène qui est profondément ancré dans les mentalités. Nous menons donc un combat de longue haleine, un combat permanent. Vous savez bien que la positivité et la négativité vont ensemble. On a l'impression que, plus on combat ces voleurs, mieux ils s'organisent pour écouler sur le marché des produits musicaux dont ils ne sont pas propriétaires. Mais nous ne baisserons pas pour autant les bras. Du côté des artistes, des efforts ont par ailleurs été faits, pour ramener le prix du Cd original à 2000 Fcfa ou 2.500 Fcfa.
Les autorités publiques, le ministère de la Culture précisément, vous soutiennent-ils dans votre combat ?Pour la première fois, nous avons été entendu avec l'arrivée du ministre Ama Tutu Muna à la tête du département de la Culture. C'est une femme à féliciter, parce qu'elle est à l'écoute de nos difficultés. Elle s'est quasiment appropriée notre projet, et elle le soutient. Notre événement de cette année est d'ailleurs placé pour la première fois sous le patronage du ministère de la Culture. Avant, nous avions envoyé des courriers à son prédécesseur qui ne nous avait jamais répondu. C'est donc un pas que nous avons marqué, et Mme Ama Tutu Muna promet d'être à Douala le 16 mai, pour le lancement solennel de notre campagne.
Et la présence annoncée des artistes comme Tiken Jah Fakoly et Coumba Gawlo, que vise-t-elle ?La piraterie touche presque tous les pays africains. Nous menons donc un combat qui est le même. J'ai d'ailleurs pris part au Mali, tout récemment, à une action similaire organisée par nos confrères de ce pays. Il est donc important d'associer plusieurs grands noms de la musique africaine afin de toucher une plus grande cible. Nous devons en effet réunir nos forces pour encourager la créativité, tout en combattant ceux-là qui n'attendent qu'à s'enrichir sur notre dos.
Où en êtes-vous donc avec les préparatifs ?Nous faisons notre petit bonhomme de chemin, comme c'est le cas depuis quatre ans. La seul chose à décrier, pour l'instant, c'est l'attitude de certaines grandes entreprises qui sont promptes à faire croire aux gens qu'elles assure la promotion de la musique à travers l'organisation de divers concours, mais qui traînent à soutenir des actions comme celles que nous menons contre la piraterie. C'est très décevant, parce que, en fin de compte, on a l'impression que ces entreprises veulent plutôt se servir de la musique pour asseoir leur marque.