Musique : Tété n’en fait qu’à sa tête

L’artiste français a égrené jeudi dernier à Yaoundé les titres de son quatrième album, dans un style pas vraiment conventionnel.



On savait que ce chanteur avait quelque chose de différent, quelque chose qui finirait de convaincre que ce grand espoir de la chanson française ne ferait pas les choses comme tout le monde. Ne vous fiez pas à l’affiche qui présente un Tété à la mine sérieuse, costume sur mesure et visage encadré par des lunettes d’intello, malgré des dreadlocks en bataille. Sur la scène du CCF de Yaoundé jeudi dernier, il a cassé le rythme, comme on dit. Panta-court, t-shirt démembré, baskets, guitare en bandoulière, casquette retournée. Et surtout, oh divine surprise, ses dreadlocks ont disparu ! Tété a retourné sa tête. Il faut changer des fois. Mais quel changement !

Le portrait de Tété refait, c’est un artiste à la simplicité avérée que l’on a vu se déployer sur la scène épurée du Centre culturel François Villon, devant des spectateurs curieux d’écouter ce bonhomme né à Dakar, d’un père sénégalais et d’une mère antillaise. Il a égrené au rythme d’un métro parisien les morceaux de son dernier album, au titre sorti d’on ne sait où : « Le sacre des Lemmings et autres contes de la lisière ». « Madeleine, Bas-delaine », « Anna Lee Soleil », « Par monts et vallons »…Vitesse dans le langage autant que dans les textes, arrêts brusques pour entretenir le public, débit saccadé, style parfois burlesque et loufoque. Les mots sont avalés, retournés, prononcés dans un accent très banlieue, qui peut prendre quelque fois des airs de soul. Avec sa guitare, sa voix de velours et ses inflexions, le style folk est à peine voilé. A l’écoute, on oscille entre du Teri Moïse, vous savez, la fille des « poèmes de Michelle » et du Keziah Jones, l’élégant nigérian du Blufunk.

L’artiste ne cache pas ses influences pop, jazz, rock et folk, voire reggae. On pourrait pourtant, dans sa musique, trouver un peu de monotonie, décrier son option trop chanson française, s’indigner de quelques ratés de la technique du CCF, ou encore ne pas comprendre cet a capella de fin pour une voix pas si porteuse que ça. Il n’en fait qu’à sa tête. A la manière d’une figure de proue. Tant pis s’il déroute. Après tout, le prénom de Tété ne signifie-t-il pas « guide » en ouolof ?


Alain TCHAKOUNTE

mboasawa

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