Difficile de faire comprendre à quiconque que la musique que Teek pratique n'a rien a voir avec le reggae. Et l'artiste lui-même, par son pas de danse, par ses dreadlocks, rappelle énormément ces rastas qui ont contribué à populariser la musique reggae. Ce samedi 14 octobre 2006, la salle de spectacle du Centre culturel français de Yaoundé est comble. Toutes les places assises ont été occupées et à l'arrière, il ya des jeunes gens qui ne tiennent pas sur place, criant à tue-tête, repétant des slogans lancés par l'artiste, mais surtout dansant vigoureusement au rythme de la musique.
On ne l'appellera pas reggae, mais "Nanga Style", du nom que Teek, qui est présent sur la scène musicale camerounaise depuis une dizaine d'années, a choisi de donner à sa nouvelle musique. Il veut en faire quelque chose de populaire, d'urbain. Une association de différentes influences musicales, du metissage, un melting pot des nombreuses expériences de cet acteur des nouvelles tendances de la musique camerounaise.
Teek veut toucher toutes les couches de la société camerounaise et parle des problèmes qu'elle connait. En français, en anglais et en ewondo, il enchaîne les chansons, dans la même ambiance de folie, parle de pauvreté, de favoritisme, de patriotisme aussi. Sur une chanson, il se fait accompagner par Koppo qui, dans ce style qu'on lui connait, fait de rimes et de piques, vient également en ajouter au côté pluriel du spectacle de Teek. Et même si cela peut avoir un fort air de famille avec quelque chose de déjà entendu, le public camerounais aime et applaudit. Mais Teek veut ratisser plus large. Il veut toucher même des publics d'ailleurs, et la présence dans la salle du Ccf, ce soir, d'un certain nombre d'étrangers (reconnaissables à la couleur de leurs peaux), est un indice qu'il y parvient.
Comme dans son album "Mamy Wata", sorti en 2004, Teek s'est fait accompagner au cours des deux concerts qu'il a donnés le week-end dernier à Yaoundé, par l'accordéoniste d'origine française Szabo. Celui-ci et son instrument ont contribué à ajouter une sonorité différente. A côté du guitariste, du bassiste, du joueur de djembé, du batteur et des deux choristes présents sur la scène. Pour compléter le tableau, un portrait de Teek accroché juste au dessus de la scène.
Celle-ci, déjà suffisament animée, le deviendra encore un peu plus lorsque le chanteur invitera des volontaires à le rejoindre, et bien plus encore pendant l'intermède au cours duquel le groupe Abiali Percussions a pu s'exprimer. Le groupe a également accompagné, pendant cet intermède, une jeune danseuse originale et pleine de talent. Son ballet a quelques aspects mélancoliques, tout comme certaines chansons de Teek, qui reviendra pour clôturer la soirée de spectacle.
Teek a entrepris sa carrière professionnelle en 1992 dans le groupe Macase qu'il a quitté cinq ans plus tard, sans avoir fait d'album avec ses compagnons. C'est avec le groupe Umar qu'il signera un premier single intitulé "Urban villageois". Sa carrière solo va s'ouvrir avec "Je viens de loin" en 2003, en featuring avec Ra-syn. Dans son dernier album, Mamy Wata, sorti en 2004, il s'est fait accompagner de Szabo l'accordéoniste. Le résultat, le public du Centre culturel français de Yaoundé a pu le découvrir vendredi et samedi derniers.
Mutations
mboasawa
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