Guitare sèche, son d’harmonica, bruits de la forêt dominés par la voix de Just Wôan. Les 15 plages qu’il propose sont toutes en vitesse. A consommer au même moment. En effet, Just Wôan chante. Comme Ottou Marcellin, Etub’Anyang, Donny Elwood ou encore Cyrille Effala. Et pourquoi ne pas citer ceux qui les ont inspirés, depuis l’Hexagone, entre Francis Cabrel et Georges Brassens. C’est de la musique d’écoute, du genre qu’on aime écouter en spectacle dans les Centres culturels français et, pour reprendre des certaines assertions, celles-là que l’on peut bien suivre en s’occupant d’autre chose. Des musiques françaises dans leur ton, mais avec les mots de chez nous pour parler de l’amour, de la paix et bien d’autres thèmes encore.
Just Wôan chante en bassa (pour la plupart de ses chansons), en éwondo, en duala, en bafia (où il fait une intro de 56 secondes), en pidgin, en français et même en camfranglais, ce mélange d’anglais, de français et de dialecte usité dans la partie francophone du Cameroun. Il chante sans verser dans les dédicaces, comme ces artistes populaires de l’heure au Cameroun qui débitent des noms de leurs amis et bailleurs de fonds à longueur d’album. Il parle d’amour, pose les problèmes de l’heure en Afrique. Il rend hommage aux femmes, qui sont des reines.
Dans «Des reines», il joue même l’avocat de la gent féminine lorsqu’il déclare que «les gens racontent ce qu’ils ne savent pas. C’est elles qui nous hébergent pendant 9 mois». La rencontre de deux guitaristes, Just Wôan et Danielle Eog, nous sert un fantastique couple qui rend le bonus de «Finalement» plus agréable encore que la première version.
Justin Itoko (Just Wôan) fait aussi dans le cadencé. Lorsqu’il pose des problèmes sociaux ou politiques, le tempo reste le même, langoureux. Dans «Africa», il se plaint : le continent cherche de l’argent, les dirigeants deviennent des rois. Après l’esclavage, est venue la colonisation et après la colonisation, la dictature.
Après la famine, vint la corruption et après, ce sont les guerres. L’Afrique va trop souffrir, elle va mourir. Un discours propre à la jeune génération des chanteurs engagés à l’instar de Gaby Lenga, qui fait les guitares et la basse ; Venant Ntiomo, percussionniste du groupe Abiali Perciussion ; Samy Bass, la choriste Christiane Akamba ou le pianiste Ebode. Ils sont tous bien connus des milieux du hip-hop camerounais, qui auraient sûrement influencé la volumineuse production de Just Wôan, qui n’est vraiment pas seul.
Fiche signalétique
Titre : «Des Reines»
Auteur-Compositeur : Just Wôan
Edition : Street Classic
Sortie : juin 2011
A écouter : «Des Reines», «Finalement», «Africa»
Justin Blaise Akono