Un téléphone portable arraché à un automobiliste à un feu rouge, un porte-monnaie emporté, le pare-brise d'un véhicule cassé pour en extraire le lecteur radio… C'est le quotidien des populations des grandes villes camerounaises. Ces actes de délinquance sont en partie perpétrés par les enfants de la rue, des sans domicile fixe (Sdf) encore appelés "nangas bokos". Livrés à eux-mêmes, ces bambins sont prêts à tout pour survivre. Ceci, sous le regard lâche de certains parents et de la société tout entière, qui feint de ne pas voir le spectacle malheureux, qui se déroule pourtant sous ses yeux.
Dans son single sorti en novembre 2006, Jean Paul Ze Bella a donc choisi de s'intéresser à la situation de ces marginaux. Dans chaque version (anglaise, française et instrumentale) du produit qui s'intitule "Les enfants de la rue. Avez-vous cherché à savoir pourquoi ?", comme dans une litanie où leurs peines n'ont que ses mots pour les dire, il déroule leurs souffrances. L'ancien sociétaire des Zangalewa interpelle donc la société, qui condamne ces enfants. Alors qu'elle est responsable de leur situation. Il dénonce les affres qu'ils subissent avec des mots bien choisis. Faisant même de la rime à certains moments. " Un corps sans corps violé sans un décor"; "Une vie sans goûts dans les égouts ou sous les verrous"; " La différence de sens ils ne connaissent pas ", "Ces enfants sans loi, sans foi, ni droit, n'ont jamais dit papa". En somme, pour le chanteur, ces milliers d'enfants abandonnés dans la rue crèvent chaque jour par défaut d'assistance, par défaut d'autorité parentale…
En plus de sa version française, la version anglaise du single est interprétée par Janice Tutu, la jeune chanteuse du groupe Korongo Jam. Avec sa voix suave, elle donne davantage du poids à ce produit grâce auquel le chanteur espère faire changer le quotidien des enfants de la rue. Au studio So-Mah, où il a lui-même fait ses arrangements, il s'est fait aider par des musiciens comme George Essono à la programmation, Mevio à la guitare solo, Viviane Etienne au lead vocal et Christo Mpuli à l'arrangement.
Le dernier produit de Jean Paul Ze Bella rappelle par ailleurs le rythme de Pascal Obispo. Un air quelque peu entraînant, que les mélomanes ne devront pas tarder à adopter. On constate toutefois que ces dernières années, Ze Bella est sorti du répertoire musical dans lequel le public camerounais l'a connu. Ce mélange de High-life, de makossa, de bikutsi et de Rythm and Blues. Mais la couleur de sa voix et son timbre restent envoûtants, renvoyant les fans à cette époque où les Zangalewa, militaires pour la plupart, firent irruption sur la scène musicale camerounaise. Ce cendredi, 22 décembre, Ze Bella est en spectacle au Palais des congrès de Yaoundé. Probablement, le plus beau cadeau de Noël des enfants de la rue.
Mutations
mboasawa
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