«L’Afrique dans un monde en mutation : dynamique internes ; marginalisation internationale ? ». Tel est le titre d’un ouvrage collectif que vient de diriger le Professeur Maurice Kamto. Un ouvrage qui a rassemblé plusieurs noms connus du monde universitaire camerounais à l’instar, pour ceux qui ont formé le panel de présentation de l’œuvre hier au siège des éditions Afridit, des Professeurs Jean Emmanuel Pondi, Joseph Vincent Ntouda Ebode ou le docteur Alain Fogue. L’initiateur de l’ouvrage, le Professeur Maurice Kamto était absent à la présentation.
Néanmoins, pour cet ouvrage rédigé dans un contexte de bouleversement du monde et de mise à nue de l’Afrique, les experts aux vues croisées et aux multiples disciplines ont donné leurs avis au travers de leurs différentes contributions. Le sociologue Jean Njoya estime que, «l’Afrique se présente moins sujet qu’objet de son devenir. D’où un discours pessimiste qui renforce celui du colonialisme». Or, pour lui, l’Afrique se présente comme un enjeu mondial.
Sur le plan économique, le professeur Tchouassi pense que le continent noir se marginalise à travers son retard sur ses exportations, ses investissements, sa finance, sa technologie, son éducation, etc. il rappelle que l’Afrique participe à moins de 2% du commerce mondial, considère que la Chine est un partenaire stratégique, conseille que les produits de l’Afrique soient transformés sur place. Il s’indigne même du fait que «notre culture est mal vendue en international». Dans l’espace consacré à l’économie, que le professeur Tchouassi a partagé avec le professeur Roger Tsafack Nanfosso, la question de la micro finance a été abordée, dans ce sens qu’elle contribue à la lutte contre la pauvreté.
Alain Fogue, dans le franc parler qu’on lui connaît, taxe d’abord l’Afrique de continent de 53 grands malades. Développant son argumentaire sur le mythe du désengagement stratégique de l’Afrique, il estime qu’on «a fait croire après la guerre froide que l’Afrique n’avait plus aucun intérêt. Or, après l’esclavage, la colonisation, la guerre froide, etc., il y a toujours un intérêt pour ce continent», avance-t-il, en prenant comme exemple le fort intérêt que les Américains ont eu pour le pétrole africain après les tristes événements du 11 septembre 2001 : la sécurité. Lui emboîtant quasiment le pas, Joseph Vincent Ntouda Ebodé prend le cas de la République démocratique du Congo pour penser qu’il n’existe pas d’Etat en Afrique.
Mais, «d’Etats juridiques, des Etats instruments qui vivent de l’aide des Occidentaux». Il pense par ailleurs que, abandonné par tout le monde après la guerre froide, l’Etat en Afrique va instrumentaliser la criminalité «au point où les Occidentaux seront obligés de revenir s’occuper de nous alors qu’ilos ont décidé de partir». Joseph Vincent Ntouda Ebode va plus loin en indiquant que les Occidentaux arrivent par le truchement de l’humanitaire et implantent leurs forces économiques. «Voilà comment on a fait main basse sur la Rdc», explique-t-il. D’ailleurs, il confie que les Occidentaux ont un projet qui change en fonction du temps : démontrer que l’Afrique ne vaut plus rien. Ceci, pour empêcher les Américains et Asiatiques de venir. Puis, les mêmes Occidentaux reviennent. Ce qu’on peut retenir du modérateur du jour, Jean Emmanuel Pondi, c’est cette révélation en ce qui concerne les Chinois, «off the record » : « Les Chinois s’étonnent que l’Afrique n’a pas tiré les leçons de l’esclavage et de la colonisation». Les auteurs de cet ouvrage se retrouvent demain soir, pour une cérémonie de dédicace.
Justin Blaise Akono