Lady Ponce: "La Musique Est Universelle"

Lady Ponce, la reine du bikutsi était de passage récemment à Paris pour un spectacle. Avant de s'envoler au Cameroun pour un concours local de chansons, la chanteuse a bien voulu partager les raisons de son succès, notamment chez la gente féminine...

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Lady Ponce reçoit Okabol.com, le 11 Octobre 2010, avant de s'envoler deux jours plus tard vers Douala

Lady Ponce, comment pouvez vous décrire votre performance du 8 Octobre dernier à la Piédra de Paris?

Je n'aime pas souvent décrire mes performances. Je préfère que quelqu'un d'autre le fasse à ma place. Je peux tout simplement dire qu'une fois de plus j'ai été surprise de voir tout ce beau monde venu me voir.  C'était énorme, et je leur dit merci pour tout.

Avec ce succès qui est le vôtre un peu partout dans en Afrique, en Europe et même en Amérique du Nord, vous vous considérez dorénavant comme la nouvelle star de la chanson camerounaise?

Je fais partie des nouvelles élues, car nous sommes nombreuses en Afrique à avoir du talent et du succès. Je fais partie de celles là qui essayent de continuer le travail qui a été commencé par d'autres. On laissera aussi la place plus tard, et ainsi de suite.

Le bikutsi est un rythme musical  qui a quelque peu remplacé le makossa dans le coeur des camerounais ces dernières années. Le makossa est-il une musique que vous écoutiez et appréciez aussi, plus jeune?

Chez nous à la maison, nous n'écoutions pas le bikutsi. Mon papa considérait que cette musique n'était pas vraiment saine, comme plusieurs autres familles autour de nous. Ce n'est que récemment que les gens ont commencé à écouter le bikutsi avec leurs enfants. Le bikutsi avait un style que je qualifierais de "pas très catholique". Concernant le makossa, il n'a pas été remplacé par le bikutsi, il a simplement fait un parcours.

Le bikutsi a trouvé sa couleur, il a une très grande richesse au niveau des guitares. Je me dis que c'est grâce à ses guitares presque "rock" que ce rythme monte en ce moment.  On ne peut pas comparer le bikutsi avec le makossa, qui a toujours sa place chez les camerounais.

lady fans

 

Votre public en généralement composé en majorité de femmes, qui vous aiment beaucoup et qui connaissent vos paroles par coeur. Est ce que c'est parce que vous leur racontez des histoires dans lesquelles elles se reconnaissent?

Vous savez, quand j'interprète une chanson, je la chante profondément. Il faut que l'histoire que je raconte me touche d'abord: en studio, j'ai parfois les larmes aux yeux! J'essaye de mettre une partie de moi dans la chanson, comme me l'a conseillé un oncle.

Par exemple, dans ma chanson "Je t'ai tout donné", c'est l'histoire d'une femme qui dit être devenue sujette de moqueries. Elle demande alors à son mari de se souvenir quand il est venue la chercher: "je ne connaissais pas le péché, je n'étais qu'une gamine vierge et tu m'as initiée dans le péché. Je t'ai fait dix enfants que tu as baptisés du nom de ton père, de ta mère, du tien et même de ton grand père alors que c'était une fillette. C'est de la méchanceté!"

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Quand vous allez bien voir, en Afrique, la plupart des enfants portent des noms de la famille de l'homme.  Je raconte un peu une histoire où chacun peut se reconnaitre, même si parfois je ne l'ai pas personnellement vécue. Pour bien interprêter une chanson, il faut parfois que j'entre dans la peau de personnes qui ont réellement vécu certains faits. C'est pour cela que  les filles sont parfois si concernées par ces histoires que je chante chaque fois.

Avez-vous également dans vos fans des femmes non-camerounaises?

J'ai rencontré des sénégalaises et des ivoiriennes qui chantent entièrement mes chansons bien que ne comprenant rien à ce que je dis dans ma langue, à part les quelques mots que je dis parfois en français. A Nanterre, une sénégalaise fan de moi à qui j'ai donné le micro prononçait très bien mes paroles en langue béti, sans savoir exactement ce qu'elle disait en fait! Elle m'a dit après que la chanson la touchait beaucoup. La musique est universelle.

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Après vos concerts de Paris, Rouen et Lausanne, où peut on vous retrouver sur scène dans les prochaines semaines?

Je joue le 13 novembre prochain en live à Lyon. C'est de cette façon, en live que j'ai débuté la musique. Je n'aime pas trop les "play-backs", même si je m'y habitue en Europe, tout simplement parce que les promoteurs n'ont pas assez de moyens  pour mettre un orchestre derrière moi durant les spectacles. On est donc  obligés de jouer en play back. Avant de me voir en live à Lyon, j'aurais fait un saut au Cameroun, où je suis marraine d'un concours de la chanson. Je soutiens les jeunes dont l'un ou l'une aura la chance de gagner le trophée de la chanson de l'année 2010.

par Jean-Pierre Esso, à Paris

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