Ppte : Les parents pauvres et très endettés mis en musique

Dans son second album Joe Rossi chante la misère du petit peuple.

 



Le texte à la fois satirique et humoristique, Protais Amougou de son vrai nom, s’érige en conseiller des gouvernants qui disent lutter contre la corruption. Dans un Bikutsi qui s’accompagne de sonorités jazz, Joe Rossi (son nom d’artiste), parcourt les maux qui minent la société camerounaise. A l’origine de tout ce mal qui consacre le mal-être des Camerounais, la corruption et ses dérivés qui s ont le détournement, le népotisme, les conflits d’intérêt, la concussion, etc. Dans ce titre phare qui a donné son nom à l’album de six titres, «Ppte», qui est une combinaison chantée de l’Ewondo et du Français, se veut à la fois sarcastique et cocasse. «Parents pauvres très endettés», au de-là de la dénonciation est une avalanche de solutions pour un mieux-être des populations et cela passe par la hausse des revenus dont le traitement des salariés.

Mais aussi la mise en place d’un dispositif répressif absolument dissuasif qui suscite aux gestionnaires de crédits une véritable peur du bien public. Si Joe Rossi dans ce travail n’associe pas les noms les plus connus aussi bien dans les arrangements, les chœurs, les percussions, que la prise de son, le travail qui en sort est d’une étonnante satisfaction à la fois pour le mélomane que pour celui qui a fait ses débuts aux côtés de William Baroza (Tino). Mais qui a également accompagné dans son aventure musicale assortie d’un certain Tanus Foé.
Aussi Joe Rossi suggère-t-il que pour mieux lutter contre la corruption, il faut construire un peu plus de prisons et remettre tout le monde au service militaire. Ceci aurait l’avantage de rappeler aux et aux autres, leurs obligations civiques. L’organisation de ce que le fils de Zoassi dans la localité de Mfou au cœur du département de la Mefou et Afamba, appelle «une vraie sécurité sociale», fait partie des prescriptions de l’artiste qui déplore l’accaparement de l’essentiel de la richesse du pays par une minorité.

La lutte contre l’infection à Vih, fait partie des préoccupations de celui qui se fait appeler «le petit rossignol». Il s’agit pour lui, de reconnaître l’effort du gouvernement dans la vulgarisation de l’usage du préservatif lors des rapports sexuels. Pour autant, l’auteur de Sida déplore l’utilisation anarchique et éhontée qui en est faite y compris sur la place. Pour lui, ceci encourage la prostitution au risque d’être une menace pour les espaces verts la capitale camerounaise. L’hommage que Joe Rossi rend à Messi Martin est l’un des temps forts de l’album qui aborde également l’épineuse question de la piraterie. Avec ironie, il dit bravo aux pirates. Ces hors la loi tous puissants, du marché du disque au Cameroun.
Au bout du compte, avec «la causette» et «Ma Yanga Dze», deux titres qui abordent deux autres aspects de la condition humaine, «Ppte», est une expression de la peur du lendemain. Celle qui pousse à dire qu’on ne vit pas que d’eau, d’amour et de pain. Mais d’argent. Notamment dans cette société dont c’est la seule valeur. Mais aussi de se prendre en main. De creuser son sillon pour une réussite qui s’inscrit à travers le Mbala, dans un «esprit dit jazzophile» pour une livraison qui a connu l’apport de Hippolyte Nkengue et Diop comme conseillers artistiques et Blackwood comme producteur.

Léger Ntiga


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