Vladimir Cagnolari : Faire découvrir les anonymes

L'animateur de l'émission " l'Afrique enchantée " sur France inter mène un projet qui vise établir un panorama musical de Yaoundé.




Vous êtes au Cameroun dans le cadre du projet "le Cameroun enchanté " dont la sélection prend fin demain le 7 novembre; pouvez-vous nous le présenter ?
Le " Cameroun enchanté " est un projet qui veut présenter la diversité musicale du Cameroun à travers la ville de Yaoundé. Au terme de ce projet, le Ccf de Yaoundé produira une compilation qui n'est pas destinée à être vendue. Elle sera diffusée dans des radios à l'extérieur. L'organisme "francophonie diffusion" qui s'occupe notamment de fournir en musique des radios dont le nombre varie entre 150 et 200. Ces radios là reçoivent soit des émissions, soit des musiques. Ça permet de faire connaître les artistes à l'extérieur. Le principal objet de cette promotion c'est de faire découvrir ailleurs différentes musiques de Yaoundé.

Pourquoi parlez-vous des musiques de Yaoundé ?
Parce que le Cameroun est un pays tellement grand et hétérogène que nous avons pensé réduire un peu sur Yaoundé tout en sachant qu'ici, on rencontrerait beaucoup de musiques. Présenter les musiques de Yaoundé permettrait de présenter le maximum de rythmes. L'idée dans cette forêt de musique, c'est de prendre d'abord ces choses qui sont emblématiques de cette région en commençant par le bikutsi et l'assiko dans leurs formes anciennes et contemporaines.

Les autres musiques dites urbaines ne vous intéressent-elles pas dans ce projet?
Globalement ce sont toutes les musiques qui nous intéressent. Je trouve par exemple que sur le bikutsi, ce serait intéressant de savoir d'où cette musique vient, comment on est passé du balafon à la guitare. Ce sont des choses qu'il est toujours important de rappeler quand on veut vendre un produit à l'extérieur. Après le bikutsi et l'assiko, il y aura aussi le hip-hop parce que c'est quelque chose que les jeunes écoutent pas mal ici. Et puis après, je pense que l'on aura une autre catégorie qui en est une sans l'être : on va prendre des chansonniers, des chanteurs à textes mais aussi justement quelques exemples de musiques qui viennent d'autres régions et qui, à force d'influences, ont connu d'autres tours ici à Yaoundé.

Combien d'artistes recherchez-vous pour mettre sur pied cette compilation ?
Ça dépend de la durée des morceaux. L'important c'est que globalement on aura entre 14 et 17 plages en gros.

Comment se fait la rencontre avec les artistes ?
Il n'y a pas eu d'annonce sinon ça aurait été un déferlement difficile à gérer bien que ça aurait été intéressant. J'ai pu discuter avec des gens du centre culturel français de Yaoundé et certains interlocuteurs qui connaissent bien l'univers musical de Yaoundé. On a croisé tous ces avis et on s'est vite rendu compte qu'il y avait des noms qui reviennent. C'est ce qui nous a permis de savoir qui est qui.

Le projet est-il uniquement réservé aux artistes confirmés ou est-il plus ouvert ?
Les rencontres dont je parlais plus haut nous ont permis de ressortir quelques artistes qui chantaient dans des cabarets et qui n'étaient pas forcément connus. Si on ne prenait que des gens qui ont une certaine notoriété, on prendrait le risque de rester sur certains styles uniquement. En ouvrant, ça nous permettrait de faire intervenir d'autres catégories musicales dans cette compilation. Ce sera un mélange des deux. Dans les chansonniers on aurait pu mettre quelqu'un comme Donny Elwood mais on s'est dit qu'il est connu au plan national et à l'extérieur. D'autre part, il y a des gens qui sont des stars au Cameroun mais comme ils n'ont pas un pied à l'extérieur, ils ne sont pas particulièrement connus des autres publics et ce sont les personnes les plus intéressantes pour ce projet là.

Vous animez certes une émission axée sur l'Afrique mais, connaissez-vous les musiques camerounaises, africaines ?
Je ne suis pas un expert des musiques camerounaises. Je reconnais avoir côtoyé depuis quelques années les musiques africaines mais là aussi c'est un puits sans fond. Ceci dit, comme j'ai une bonne curiosité je pense pour ça, j'essaie de m'y intéresser à fond de rencontrer les bonnes personnes et d'écouter le plus de choses possibles. Après, tous les choix, même avec des critères ont toujours une part de subjectivité donc, c'est d'ailleurs pour ça que les artistes qui ne seront pas sélectionnés ne doivent pas se dire qu'ils ont perdu le projet du siècle.

Le projet a-t-il déjà été mené ailleurs ?
Le directeur du Ccf Hubert Maheux et moi avons expérimenté ce projet à Lubumbashi en Rdc. L'idée était de faire connaître sur la carte des musiques cette ville là et il y avait beaucoup de choses différentes. Ça allait du hip-hop aux musiques tradi-modernes. C'était vaste. J'avais fait une compilation deux ans avant à Kinshasa mais cette fois-là pour Rfi. Et nous avons pensé qu'il serait intéressant de refaire le projet à Yaoundé car à l'extérieur, la carte musicale de cette ville est moins connue que Douala. On parle davantage de Makossa que de Bikutsi.

Que deviendra cette compilation une fois terminée?
Pour l'instant je suis venu faire la récolte, je vais rédiger un livret avec des informations sur les artistes. Les artistes qui ont été sélectionnés auront un exemplaire qui leur servira de carte de visite lorsqu'ils en auront besoin.

Propos recueillis par Dorine Ekwè

mboasawa

3713 Blog posts

Comments