A quoi renvoie le concept "Des nuits Sawa" ?
Ce concept naît de la volonté de revaloriser la culture du peuple Sawa, qui s'étend de Manfé à Campo. Il y a en effet beaucoup de choses de nos us et coutumes que nous avons oubliées, nos enfants et nous-mêmes les aînés. "Les Nuits Sawa" donnent ainsi l'occasion aux jeunes et vieux qui ont, par exemple, oublié leurs jeux d'enfance, entre autres, de venir les redécouvrir. Etant donné que la culture est le socle d'un peuple, nous avons cru bon d'initier ce concept, dont la première édition se tient sur les berges du Wouri (Base Elf) depuis lundi 22 mars et s'achèvera ce dimanche 28 mars 2010.
Qui est à l'origine de cette initiative ?
"Les Nuits Sawa" est une initiative de l'association "Mélodies d'Antan", dont je suis le promoteur ; et qui existe depuis 2008 et regroupe jeunes et vieux. Nous nous fixons pour objectif de revaloriser notre culture, bien entendu. Néanmoins, au-delà de cela, nous allons nous approcher des organisations non gouvernementales en France, en Allemagne, etc., pour solliciter leur appui dans la valorisation de la médecine traditionnelle, la viabilisation de certains de nos villages… Nous pensons également à l'appui aux nécessiteux, etc.
Vous parliez de certains us et coutumes que le peuple Sawa a oubliés. A quoi faites-vous référence ?
Nous avons les jeux d'enfance que j'ai évoqués plus haut. Nos parents n'ayant pas de moyens financiers pour nous acheter des jouets venus d'ailleurs, nous en fabriquions avons les matériaux à notre disposition, à savoir le bambou de Chine, etc. D'autre part, certaines de nos femmes ne savent pas mijoter nos mets traditionnels, les bonnes vieilles recettes de nos mères, certainement parce qu'elles n'ont pas été éduquées dans ce sens. On note aussi que les contes de chez nous ont été rangés aux oubliettes. "Les Nuits Sawa" revisitent également cet aspect de nos traditions. Nous aurions dû démarrer lundi le 22 mars comme prévu. Mais nous avons accusé un léger retard dû au meeting tenu par le Rassemblement Démocratique du peuple camerounais (Rdpc) sur le site de nos manifestations. D'autre part, notre partenaire Aes-Sonel a reçu notre courrier de partenariat un peu tard, ce qui a freiné l'aménagement du site du festival. Les stands ont ainsi pris du temps à être construits. Qu'à cela ne tienne, le programme des activités prévoit des expositions vente et des concerts de musique. La journée de vendredi est, par exemple, très chargée. Plusieurs de mes amis artistes musiciens viendront se produire ; notamment, Misse Ngoh, Joe Masso, Prince Eyango, entre autres. On prévoit également des concerts scolaires. Nous avons sélectionnés une trentaine d'orchestres scolaires. La journée de Samedi démarre avec une course de pirogue suivie de danses traditionnelles. Dans la soirée, nous ferons une soirée de gala chez le chef Eugène Ekeke.
Le site des berges du Wouri a-t-il une signification particulière pour vous ?
Evidemment, vous savez le Sawa, c'est l'eau. C'est par cet élément que s'identifie notre peuple. Par ailleurs, c'est un site qui nous inspire ; il y a comme une communion avec nos ancêtres, à côté de l'eau.
Avez-vous obtenue l'adhésion de toutes les autorités traditionnelles Sawa afin de donner plus d'envergure à cette initiative ?
Lorsque le prince René Bell a donné son accord, tous les autres devraient suivre. Toutefois, il était question pour nous d'associer tous les chefs traditionnels, partant de Manfé, à Ekondotiti, Mundemba, etc. Mais nous n'avons malheureusement pas pu mettre la main sur ces autorités afin d'obtenir leur bénédiction et leurs encouragements. Car il est plus difficile de faire un enfant. Mais le bébé est né. Il est question de le faire grandir. Au fil du temps, nous allons nous servir de nos erreurs pour avancer et corriger le tir.
Propos recueillis par Monique Ngo Mayag
mboasawa
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